Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]

Chapitre 3-2

Rachelle se présenta comme à son habitude avec un air des plus hautains. Son visage, un tant soit peu joli à ce moment, m'exaspérait terriblement. Elle semblait jubiler intérieurement de me voir n'être plus que l'ombre de moi-même. Son serre-tête en velours violet me fit presque lever les yeux au ciel.

— Du lait d'amande avec une touche de chocolat, commanda cette harpie avec un regard méprisant.

Les autres pestes passèrent leur commande sur un ton tout aussi désagréable. Pendant que je m'empressais de leur préparer leurs boissons, afin qu'elles déguerpissent au plus vite d'ici, la petite rousse positionnée à côté de Rachelle s'adressa à cette dernière à haute voix :

— Alors ? Tu nous avais promis de nous raconter ta soirée et ta nuit avec Faïz !

À entendant ces paroles, ce ne fut pas sans mal que je réussis à rattraper le gobelet qui faillit m'échapper des mains. De petits ricanements fusèrent dans tous les sens devant ma maladresse. Ce groupe de bohèmes à la con parut satisfait de la bombe que leur amie venait de jeter. À ce moment, je sentis le sol se dérober sous mes pieds et une brûlure envahit petit à petit chaque artère de mon corps. C'était hors de question que je laisse apparaître ne serait-ce qu'une once de fragilité à l'écoute de cette réflexion, ce n'était ni le lieu et encore moins le moment de me donner en spectacle avec ces pies-grièches. Si elle et Faïz s'étaient retrouvés et avaient décidé de continuer leur romance, ce ne serait sûrement pas moi qui viendrais faire un esclandre. Rachelle pouvait le garder, peu m'importait de connaître la nature de leur relation.

— Suivant ! criai-je une fois leur commande servie.

Rachelle marqua un temps d'arrêt avant de récupérer sa boisson. Cette dernière s'adressa à moi avec un sourire sinistre :

— Tu sais bien, Zoé, que ça n'aurait jamais marché entre vous. Il aura fallu qu'un malheur s'abatte sur sa famille pour que Faïz prenne conscience des personnes qui lui étaient chères.

— Nous allons manquer de tasses pour le service en salle, intervint précipitamment David en me tenant par les épaules.

Son intrusion arriva au bon moment, car la rage intérieure qui m'animait menaçait d'exploser. Rachelle pouvait parler de Faïz aussi longtemps qu'il lui plairait, mais pas de Victoria. Je refusai qu'elle se serve d'elle comme prétexte pour m'atteindre. Sans un mot, je filai dans la réserve d'un pas rapide en jetant mon tablier au sol. À l'intérieur de la pièce exiguë, j'appuyai ma tête contre des cartons de briques de lait posés sur une étagère et laissai couler en silence un océan de larmes.

J'avais l'impression d'avoir quitté le manoir de la Septième Terre il y avait bien longtemps, comme si me retrouver là, me ramenait à un autre temps. La nuit noire avec une lune quasi inexistante plongeait l'endroit dans un décor irréel et pesant. J'observai de loin le haut de la bâtisse sortant de terre et hésitai un instant à marcher jusqu'à celle-ci. Soudain, mon téléphone sonna, c'était encore un appel d'Asarys. Je savais qu'elle s'inquiétait pour moi, connaissant David, mon accrochage avec Rachelle lui avait déjà été rapporté. Je raccrochai et rangeai l'appareil dans mon blouson sans prendre la peine de répondre à mon amie, puis je finis par me décider à parcourir la clairière pour pénétrer dans la demeure.