Dark Faïz Tome 2 [ Terminé]

Chapitre 15-2

Dans le hall, Malika nous encouragea une dernière fois et nous rappela de suivre le plan à la lettre.

— Vous n'êtes pas seules, insista-t-elle en claquant trois fois des mains. Nous vous couvrons. Cette mission, nous la réussirons ensemble !

Sa voix se brisa sur la fin de sa phrase. Pour la première fois, sa carapace si abrupte se fissurait. Elle essayait tant bien que mal de cacher ses émotions en nous distribuant dans les mains nos arbalètes.

— Ce soir, nous fêterons notre victoire ici, tous ensemble, ajouta-t-elle avant de se diriger vers l'entrée de l'auberge, suivie de Barthey et de quelques membres du commando.

Dewei et le reste du groupe nous attendaient à l'extérieur, dans la cour où les voitures étaient prêtes à partir vers les lacs du Sun. Je cherchai Faïz, en vain. Était-il déjà sur place ? Barthey, de son regard bienveillant, nous remerciait, mes amies et moi. Au lieu de nous serrer la main comme à son habitude, celui-ci nous donna une chaleureuse accolade qui nous surprit sur l'instant.

Au moment de monter dans un des véhicules, j'entendis Faïz m'appeler.

— Attendez une minute, demandai-je aux filles avant de partir précipitamment à sa rencontre.

Faïz se figea, déstabilisé, le regard interdit devant l'uniforme et les accessoires que je portais pour les circonstances. Pourtant, ce dernier était tout aussi équipé que moi, voire plus. Sa surprise se mut instantanément en peur et je fus stupéfaite de constater, l'espace d'un instant, une si grande détresse contenue au fond de ses prunelles. Celui-ci plaça alors ses deux mains autour de mon visage et m'observa, silencieux, comme pour le graver dans sa mémoire.

— Je t'interdis de te mettre en danger ! déclara Faïz sur un ton menaçant, teinté d'une supplique dans la voix à peine voilée.

— Ce n'est pas mon but. Je suis effrayée, effrayée à l'idée de ne plus jamais te revoir, avouai-je, la voix tremblante en le fixant droit dans les yeux.

— Faïz ? intervint Barthey, gêné en se raclant la gorge. Je suis désolé, mais vous devez partir. L'équipe de Malika et toi monterez dans les deux premiers véhicules. Zoé et les autres suivront. Je reste ici avec le reste du groupe des forces armées.

Faïz acquiesça d'un signe de tête avant de plonger son regard dans mes yeux. Soudain, ses lèvres s'écrasèrent violemment sur les miennes. Son souffle parfumé sur ma peau en était presque douloureux, la souffrance me transperçait au plus profond de ma chair et de mes entrailles.

— Je t'aime, Zoé. Quoi qu'il puisse arriver, ne renonce jamais de vivre. Promets-le-moi !

Asarys et moi aidions Lexy à fixer sa bouteille d'oxygène sur le dos. Nous nous alignâmes ensuite au bord du lac qui, de jour, ne ressemblait plus à celui que nous avions découvert deux jours plus tôt. Même si nous savions que les équipes commandos n'étaient pas loin, cachées à la lisière du cimetière, tapies derrière l'épais brouillard, nous nous sentions bien seules, au milieu de ce vaste espace. Asarys nous tenait la main. À cet instant, nous voulions nous dire mille choses, nous souhaiter bonne chance, nous excuser pour des paroles blessantes qui ne paraissaient être plus que des broutilles insignifiantes, mais nous laissâmes finalement le silence le faire à notre place, car au final, c'était toujours lui qui gagnait.

— Groupe un ?

La voix de Dewei dans l'oreillette nous rappela à la dure réalité.

— Il va falloir plonger. N'oubliez pas d'allumer vos lampes.

Les filles et moi plaçâmes nos masques de plongée sur nos visages et le conduit du tuyau d'oxygène dans nos bouches, puis nous nous avançâmes lentement dans les eaux noires dont la température glaciale nous arracha une grimace.