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PDV Kélia

C'était bien beau de donner des ordres à tout-va, mais rajouter des informations en plus ne faisait pas de mal. Elias devait le comprendre.

Je soufflai une énième fois. J'avais pris plus d'une heure à me relever et à aller me laver. Les mots tachés de sang tournaient sans cesse dans ma tête, me retirant toute envie de rester les yeux ouverts, de continuer de feindre une vie qui n'allait même plus où je le souhaitais.

Après tout, pour quelle raison devrais-je m'acharner sur ce rôle qui me pesait et que je n'assurais plus ? Je n'y arrivais pas, c'était juste impossible. Je me mentais à longueur de journée en me répétant que ce que je faisais valait la peine d'être fait.

Le monde basculait comme des millénaires en arrière, prêt à retomber dans une guerre sanglante. Et qu'est-ce que je changeais exactement ? Rien, rien, rien. Rien. Et ça me rendait folle. Je n'en dormais plus. Je perdais le contrôle d'absolument tout ce qui m'entourait.

Je perdais le contrôle de moi-même. Mes réactions à l'égard de l'Alpha en attestaient. Mon corps n'aurait jamais dû réagir au contact du loup, à sa voix. Ses paroles révoltantes auraient dû me repousser à tel point que mon désir pour lui aurait été insignifiant face à ma colère.

Mais, même ça, ça ne fonctionnait pas.

Mes crises se faisaient plus fréquentes, bien que légères par moments, elles me détruisaient petit à petit par ses rappels fréquents de la maladie qui me prenait pour cible. Et il y avait aussi les crises plus violentes, celles où mon libre-arbitre était inexistant, où la douleur était si forte que je ne souhaitais que souffler sur la bougie que représentait mon âme.

Parfois, l'idée de laisser le chaos s'abattre sur la terre ne comptait plus. Parfois, ne plus penser à rien était mon vœu le plus cher. Parfois, je ne désirais que trouver un repos éternel.

Mais ma conscience ne faisait que me relever, jour après jour, nuit après nuit. Elle faisait défiler devant mes yeux larmoyants les raisons de mon existence, le pour quoi je repoussais mes limites à chaque respiration.

Et il y avait ma louve. Ma moitié. Comment pourrais-je être assez égoïste pour la tuer juste parce que je n'en pouvais plus ?

Une perle d'eau salée roula sur ma joue et mourut sur mes lèvres gercées. Ma santé flanchait et ce n'était pas un contrecoup de mes crises, juste celui de ma tristesse. Je m'alimentais moins, je ne prenais plus soin de moi. Et j'en subissais les conséquences à chaque effort.

J'essuyai d'un geste lent la trace humide sur ma peau. Je n'avais pas le droit de m'apitoyer alors que par ma faute, des milliers de personnes souffraient sur cette Terre sans que personne ne le sache. Sans que je ne le sache.

Ma gorge était obstruée par un poids qui s'était alourdi à cause de ma récente découverte. Celle qui m'avait fait replonger dans cet état d'esprit dénué de joie. Rush était vivant. Et ça me faisait peur.

Je fis glisser la fermeture de mon sac d'un geste sec. Ce dernier contenait pas mal d'engins électroniques, notamment des caméras et des micros que je comptais déposer une fois dans l'entreprise de Victor.

Cela me fit penser à Bryan et ses recherches sur les produits que vendait Victorum. Il fallait que je pense à aller le voir afin de savoir si mon hypothèse concernant un potentiel espionnage de la part de Victor à travers sa marchandise s'était avérée vraie ou non.

Pour le moment, je devais me concentrer et visualiser avec précision l'endroit où je souhaitais me volatiliser. Les conduits d'aération de l'entreprise. Adalee m'avait déjà vu, bien qu'habiller en femme de ménage ce jour-là, mais je ne voulais prendre aucun risque. Alors j'allais devoir passer inaperçue.

The Secret Wolf [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant