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- Je t'assure que personne n'est capable de cet affront, s'écria Klaus horrifié, c'est impossible !

- Et moi, je t'assure que c'est vrai,  ricanai-je en roulant des yeux.

Ça devait faire plus de trois heures que moi et Klaus étions attablés au bar, les serveuses déambulaient dans tous les sens à notre côté et le barman enchaînait les boissons à une vitesse déconcertante.

Les jeux de lumières décoraient la vaste pièce de ces mille et un rayon de lumière colorée et si vous n'étiez pas habitué à toutes ces sensations propres aux boites de nuit, alors vous en perdiez vite la tête.

Une masse noire de personne se déchaînait sur la piste, nous frôlant de leurs gestes imprécis et brutaux. Ou bien, c'étaient les jupes des femmes qui virevoltaient avec elles lorsqu'un bel homme les faisait tournoyer dans leurs bras qui nous caressaient la silhouette.

L'alcool était, à mon humble avis, le meilleur déclencheur de sociabilité. Aviez-vous déjà vu une personne saoule toute seule en soirée ? Je ne pensais pas. Mais les habitudes et les tics se réveillaient à l'aube en même temps que le soleil se dévoilait à nos yeux, tandis que nos esprits éméchés revenaient peu à peu à la surface.

- C'est un crime affreux que tu me confis là. Pauvre de moi qui pensait si bien te connaître et qui ne découvre qu'aujourd'hui, être entouré d'une personne malveillante.

En tant que grand comédien, Klaus me fit part de sa plus belle interprétation en posant sa main sur son cœur et faisant rouler de fausses larmes sur son visage. Cette dernière tache était facilement praticable avec nos yeux fatigués. La faute à cette obscurité entrecoupée de lasers multicolores qui agressait nos iris.

- Malveillante ? Carrément ? C'est dans mes droits de ne pas aimer les fraises et penser que c'est étrange et complètement injuste envers la communauté anti-fraise de penser ça.

J'étais bourrée et c'était loin d'être une bonne chose, mais mon esprit, qui baignait actuellement dans l'alcool, ne s'en préoccupait pas vraiment, voire pas du tout.

- Pas étrange ? Et comment feras-tu avec ton futur compagnon ? Le petit rituel avec les fraises aux chocolats qu'on se partage allongés sur un grand lit durant la nuit de noce.

- Je n'aurai jamais de compagnon ! Beurk, au placard à balai tout homme qui essaiera de me parler.

Je déblatérais ce qui me traversait l'esprit à tue-tête et je manquais de m'étouffer lorsque qu'un hoquet remonta dans ma gorge. Je me penchai sur le côté afin de toussoter avant d'ingurgiter une nouvelle gorgée de mon cocktail et de continuer dans ma lancée.

- Et on prendra des mangues... j'adore les mangues, hum mangue plus chocolat. J'ai jamais essayé, faut que j'essaye. Et toi, t'as déjà essayé ?

Klaus, qui avait posé son coude sur le bar, s'avachit entièrement dessus lorsque son bras glissa à cause de son manque d'équilibre. Équilibre grandement diminué par le taux de liquide dans son sang, et ce n'était pas de l'eau.

- Non, pas de mangues, en plus ça glisse dans les mains. Tu sais, j'en ai pris l'année dernière pour un rencard, alors à la fin j'ai voulu manger ce qui restait sur le noyau en la regardant dans les yeux, tu sais, pour être... sensuel, il soupira longuement alors qu'il avait l'air de se repasser la scène sous les yeux. Résultat, le noyau a glissé de mes mains et a sauté dans le décolleté de ma camarade de nuit, elle m'a giflé, la poitrine dégoulinante et salie par le jus de ce vilain fruit. Conclusion, pas de mangues pour un repas amoureux, donc on ne remplace pas la fraise, Kélia !

- Mais j'aime pas, c'est pas ma faute si juste la vue de ce truc me répugne. Tu te rends compte que c'est la seule chose autre qu'un visage qui a réussi à avoir des points noirs. Les fraises en ont une tonne, vert et jaune, ça dépend de son humeur, je pense.

The Secret Wolf [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant