The Secret Wolf [EN PAUSE]

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PDV Kélia

Le regard fou, celui qui occupait toutes mes pensées et qui brillait jusqu'ici dans mon esprit par son absence resta immobile à l'entente de ma voix.

Étonnée que cette dernière lui soit seulement parvenue, je voulus tendre la main, à la recherche de sa chaleur, mais mon geste fébrile ne put l'atteindre, mon bras étant entravé par les sangles qui me retenaient à la table recouverte de sueur et de sang.

Elias dû en prendre conscience que lorsque j'eus tenté de bouger puisqu'il laissa tomber au sol sans aucune considération apparente l'organe sans doute encore chaud et qui se trouvait dans sa gueule la seconde précédente. Il s'approcha de moi à grands pas alors que son odeur prenait le pas sur l'air étouffant qui régnait dans la pièce froide, la truffe de l'animal poussa contre mes doigts une fois à ma hauteur, elle contrastait avec ma peau par la chaleur qu'elle dégageait.

En vain, il essaya de libérer mes membres à la seule force de ses dents et poussa quelques grognements quand la sangle ne se défit pas sous ses coups de crocs dépourvus de force par peur de me blesser.

Je n'eus pas le courage de faire face à l'élan de tristesse qui me traversa, de le laisser ainsi se démener et, puisant dans ce qu'il me restait d'énergie, j'attirai son regard sur mon visage en lui caressant le museau du bout des doigts. Par un seul contact visuel qui raviva le lien qui semblait nous unir, je lui fis comprendre qu'il était nécessaire que l'homme reprenne le dessus sur l'animal, le besoin de l'entendre me parler et me toucher devenant de plus en plus vif à l'intérieur de mon cœur.

Une bataille fit rage dans ses pupilles, l'animal ne concevait pas l'idée d'être incapable de me libérer, bien que ce soit exactement ce qu'il avait fait en tuant l'homme qui me terrifiait des jours durant et qui le ferait pendant les prochains mois, même mort.

Elias reprit cependant les choses en main alors que Bryan, que je n'avais pas vu jusqu'ici car mon attention se portait sur l'Alpha qui bousculait tous mes sentiments, mima le geste de marcher en ma direction et qui s'attira par la même occasion l'attention du loup avide de sang qu'il n'avait pas assez fait couler à son goût.

– Si tu ne peux la sortir d'ici, je vais devoir m'en occuper moi-même, Alpha, prévint le Bêta.

Le loup répondit à ce qu'il interprétait comme une provocation par un sourd grognement alors que de mon côté, je prenais peu à peu conscience de la présence d'autres personnes dans le bâtiment qui attendaient sûrement un signe pour venir, les paroles qu'ils s'échangeaient étant les seules choses que je peinais à entendre derrière la porte qu'avait dû fermer Bryan en douce.

Le silence s'abattit sur nous alors que l'on restait dans l'appréhension de ses prochains gestes. Des craquements finirent par se faire entendre, ceux d'os qui se déplaçaient tandis que les poils disparaissaient pour laisser place à la peau hâlée de l'homme aux yeux d'or. Il se redressa, prit de la hauteur et, presque avec précaution, son visage orienté vers son Bêta pivota dans ma direction. Je retins mon souffle, le cœur battant à toute vitesse dans ma cage thoracique prête à imploser.

Comme si une éternité s'était écoulée, mon souffle s'échappa soudainement de mon corps alors que mes yeux rencontrèrent ses pupilles noircies par la fureur et le désespoir dans lesquelles brillaient tout de même des étincelles dorées, celle de l'espoir et du désir.

Je déglutis et il combla les derniers centimètres qui nous séparaient, qui nous privaient de nos retrouvailles. Et quand ses doigts frôlèrent les miens, je sentis mon sang courir dans mes veines, ma poitrine s'alléger, mon esprit se vider. C'était comme revivre.

Le regard plongé dans le sien, je le vis s'écarquiller à son tour, nos sentiments l'un pour l'autre explosant autour de nous, nous tenant à l'écart de toutes autres sensations qui ne provenaient pas de nos âmes en fusion.

Sans briser notre échange, je sentis sa main vaguer sur la mienne et réveiller les papillons dans mon ventre, puis elle glissa sur mon épiderme qui frissonna à son passage. L'air remplissait mes poumons et les peurs se transformaient en poussière maintenant que sa chaleur incomparable m'enveloppait à nouveau.