The Secret Wolf [EN PAUSE]

~39~

PDV Kélia

 - Lia ?

Mon corps ne réagit pas à la voix grave du loup. Mon esprit était ailleurs, à une autre époque, dans un ancien tourment. Mes yeux restaient rivés à l'épaule sanguinolente du loup et ne pouvaient s'en détacher.

Des doigts chauds et fermes attrapèrent mon menton et y firent pression afin de me faire redresser la tête. Sans résultat. Mon visage avait beau être face à celui de l'homme, mon regard restait accroché à la morsure qui me rappelait une blessure de mon passé.

- Petite louve, siffla Elias, si tu ne me regardes pas dans cinq secondes, je t'assure que je ne resterai pas aussi gentil.

Aucune réaction de ma part, je ne pouvais qu'observer ce sang qui coulait, un sang qui portait à présent les marques d'une substance que j'avais déjà côtoyée. Des particules noirâtres y dansaient et je devais être sûre que c'était bien ce à quoi je pensais. Et si c'était le cas, je n'avais qu'à espérer que le poison ne soit pas plus dangereux qu'avant.

- Un, se mit à compter l'homme.

Un nœud dans ma gorge.

- Deux.

Une respiration laborieuse que je tentais de calmer.

- Trois.

Une goutte de sang qui frappa le sol.

- Quatre.

Une inspiration plus facile. Mes iris toujours posés sur l'épaule de loup.

- Et cinq.

Je croisai le regard orageux de l'Alpha.

- Bien, gronda-t-il, tu as quand même mis beaucoup de temps.

Ma salive glissa difficilement dans ma gorge et mes inquiétudes se bousculèrent à l'intérieur de ma tête. Une vérité qui éclata en moi.

La libération des cobayes n'avait pas été un accident, et elle n'avait pas non plus été dirigée par Victor. Non. Ça avait été un autre fou qui avait organisé cette attaque.

- Tu vas me dire ce qui te prend, maintenant ?

Le visage du loup était dur et froid, ses doigts encore sur ma peau me gardaient sur Terre. Une ancre. Voilà ce qu'était Elias en l'instant, mon ancrage dans le monde réel.

- Il me faut ton sang.

Il haussa un sourcil avant de sonder mon visage. Peut-être était-il à la recherche d'éléments qui montreraient que j'étais folle.

- Tu es un vampire, Lia.

Mon esprit était assez lucide pour entrevoir la stupidité de cette remarque et je roulai donc des yeux avant d'hésiter un dixième de seconde.

- Il me faut un échantillon, Elias.

- Pourquoi ?

- Pour l'étudier.

- Tu es nulle en tout ce qui touche la science, glissa-t-il.

- Pas pour ce que je veux faire.

Il attrapa ma main qui se dirigeait inconsciemment vers son épaule blessée.

- Non.

- Non quoi ? Demandai-je.

- Non, tu n'auras pas une seule goutte de mon sang.

En un mouvement gracieux, le corps du loup se retrouva à plus de deux mètres du mien.

- Elias ! Il me le faut, repris-je.