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PDV Kélia

Des jours semblaient s'être écoulés. Mais je savais que seules quelques heures me séparaient du moment où Rush avait quitté la pièce, me laissant seule. Totalement seule.

Son absence me soulageait comme elle m'inquiétait. Que faisait-il ? Qu'était-il parti faire ? Des nombreuses idées qui firent accélérer mon rythme cardiaque traversèrent mes paupières maculées de sang. Je ne pus que plisser ces dernières avec le peu de force qu'il me restait.

Mon cœur était lourd. Aussi lourd que mon doigt était léger maintenant que la bague ne l'habillait plus. Mes pensées se dirigèrent sans attendre vers le loup qui devait maintenant avoir pris connaissance de ce qui m'était arrivé. Se faisait-il des scénarios de ce que je pouvais subir en l'instant, la poitrine aussi compressée que l'était la mienne ? Les questions fourmillaient dans ma tête, mais seul le souvenir des pupilles du mal me donnait la force de ne pas fondre en larmes.

Quand étais-je devenue aussi faible ? J'aurais dû l'entendre dans mon dos lorsque j'étais agenouillée dans la forêt, sentir son aura horripilante derrière moi, ne pas être aussi stupide pour prendre à pleines mains une corde provenant des mains de ce monstre.

Mais à quoi m'attendais-je ? À ce que j'arrive à lui faire face, sans doute, me prouver que ces centaines d'années m'avaient aidé à surpasser la peur qu'il m'inspirait. Mais Rush avait changé aussi, la noirceur faisait partie intégrante de son esprit au point de mutiler son fils pour m'atteindre.

Je pris une longue inspiration. C'était une erreur. Tout était une erreur. Vouloir rentrer en contact avec d'autres personnes pour ne plus ressentir la solitude. Me reposer sur les autres. Vouloir sentir la chaleur d'une autre. Elias. Elias était une erreur... et pourtant, la seule chose que je souhaitais en l'instant c'était la sensation de sa main sur ma nuque, la douceur de ses lèvres sur les miennes, la force de son torse contre ma poitrine, son souffle chaud frôlant mon oreille alors qu'il me taquinait de la plus sensuelle des manières.

Une larme glaciale glissa sur ma joue, se mélangeant au sang qui la couvrait. Je rouvris les yeux, voulus faire face à la vérité, je n'étais pas forte mais faible. Tellement, tellement faible.

Elias, je t'en prie.

Incapable de bouger un membre, je souhaitais ne jamais être partie seule.

Mon loup, viens me sauver.

Et je me détestais de penser ainsi. Ma seule force devrait me faire sortir d'ici, mais seule mon âme brisée en milliers de morceaux répondit à cette volonté de m'enfuir.

Le grincement d'une porte au loin me fit déglutir et j'échouais à ma tentative de tourner la tête pour entrevoir ce qui pouvait se passer au loin. Tout ce qui me parvenait était les pas de l'homme, bien que ça me répugne de le nommer de cette manière, et des roues métalliques qui glissaient sur le sol.

Rush passa à mes côtés afin de créer de la place sur ma gauche, sûrement pour pouvoir y placer ce qu'il avait ramené avec lui. Pendant qu'il se mouvait toujours avec une neutralité envers les actes qu'il commettait et qui le caractérisait, je me concentrais au mieux sur ce qui allait bientôt rester avec moi.

Et une respiration hachée m'atteint alors que la mienne se coupa. Je compris alors que le bruit qui avait suivi Rush en entrant était celui d'une table comme la mienne sur laquelle reposait une autre personne que je ne pouvais reconnaître à l'odeur.

Bordel, laissez-moi partir.

– Je t'avais dit que ce qui m'intéressait à présent était ta louve ? Ton corps en lui-même ne m'est plus aussi utile, bien qu'il soit de mon devoir de lui faire retrouver les marques que je lui avais apposées.

The Secret Wolf [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant