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Il s'installa sur le canapé, bras étendus sur le haut du dossier, cheville sur le genou de l'autre jambe, tête inclinée et regard inquisiteur. Il ressemblait à un PDG millionnaire avec un égo de la taille de son compte en banque. En fait, c'était exactement ce qu'il représentait.

Ses yeux me poussaient à venir m'asseoir en face de lui, ce que je ne tardai pas à faire après avoir mis en ordre mes pensées.

- Avant de commencer cette fameuse discussion, j'aimerais savoir l'étendue de ton savoir sur les Ogenelis, précisais-je en coinçant mes mains entre mes cuisses.

Pour ce qui était du « tu », je n'allais tout de même pas continuer à le vouvoyer alors que lui ne prenait pas la peine de s'adresser à moi en y mettant les formes. Alors je ne lui octroierais pas cette marque de respect s'il ne m'en donnait aucune en retour.

- Oh! Tu veux savoir si ton père, en plus d'avoir entraîné toute ta famille dans une mort loin de leur être digne, aurait aussi dévoilé des informations qui pourraient nuire à sa chère fille ici présente qui donne l'impression de ne plus savoir quoi faire ? S'enquit-il avec une très fine pointe de moquerie dans la voix, notez l'ironie.

Je le fusillais du regard et si mes yeux avaient été des pistolets à eau, monsieur l'alpha se serait noyé dans ma colère. Ce dernier ne donna guère de l'importance à mon mécontentement dirigé contre lui. Il décroisa ses jambes et se pencha en avant tout en posant ses coudes sur ses genoux, il posa ensuite son menton sur ses mains croisées avec un sourire presque mauvais aux lèvres.

- Veux-tu vraiment jouer au plus vilain avec moi Jimenez ? Je te rappelle juste que ce serait une très mauvaise idée pour toi et ton semblant de bonne humeur qui risquerait de voler en éclats si je décidai à mon tour de parler de certains sujets comment dire... sensibles. Je balançais cette phrase bourrée de sous-entendus avec moi aussi un sourire au coin des lèvres.

Elias se passa rapidement le pouce sur sa lèvre inférieure en me dévisageant puis haussa les épaules.

- Très bien après tout, il n'est pas nécessaire de rabattre de vieilles histoires sur la table. Pour ce qui est de ce que tu veux savoir, ce serait con de ma part de t'en faire part alors que tu détiens sûrement des centaines de dossiers sur moi et ma meute. Ce qui entre nous n'est pas très équitable. Déblatéra-t-il.

Un silence s'installa entre nous alors qu'on se fixait dans le blanc des yeux, de l'électricité dans l'air causée par son aura qu'il ne retenait pas. Je fronçais les sourcils en me repositionnant plus confortablement dans les coussins.

- Je ne compte pas faire la discussion, tu es venu chez moi au beau milieu de la matinée donc tu parles, lâchais-je alors qu'une bonne minute s'était écoulée.

- Peut-être que je suis venu aujourd'hui, mais tu es rentrée sans autorisation chez moi il y a une semaine, ce qui me laisse penser que tu n'en sais pas autant que tu le voudrais, contra-t-il sèchement.

- Oui, mais moi, je n'ai pas demandé à débuter un dialogue avec toi, et si tu penses que je ne sais rien, pourquoi tu es ici ?

- Pour deux raisons, la première étant de voir qui est la personne qui a fouillé chez moi et la deuxième de savoir si tu en connaissais plus que moi et te proposer un arrangement.

- Un... un arrangement ? Balbutiais-je en faisant les gros yeux.

- Oui, un arrangement, acquiesça-t-il en plissant des yeux.

Je ne pus empêcher mon éclat de rire de sortir et explosai littéralement sous le regard lassé et irrité d'Elias.

- Entre toi et moi, dis-je en nous désignant, et puis quoi encore ? Va raconter aux infos qui je suis, tant que tu y es !

Il se releva de son assise et s'approcha avec lenteur et fluidité de moi. Une fois que ses jambes frôlèrent les miennes, il s'inclina et vint déposer ses grandes mains de part et d'autre de ma tête. Son regard presque doré me révélait la présence de son loup à la surface. Quand l'animal prenait le dessus ses yeux perdaient toute trace de marron pour ne laisser que les braises brulantes dans ses iris.

- Me prends-tu pour un imbécile ? Je ne t'aime pas, je suis même très loin de t'apprécier, mais pas au point de nous mettre tous en danger, sa voix était remplie de grognements. On gagnera tous les deux dans cette affaire, je protège ma meute et mon territoire, et toi, tu te contentes de faire ce pour quoi t'es née pendant que je couvre tes arrières.

- Et comment tu procèdes exactement pour « couvrir mes arrières » ?

Je mimais les guillemets avec mes doigts alors que son souffle se déposait sur ma peau, heureusement pour moi son haleine était fraîche et mentholée, je n'avais pas à subir une torture due à sa proximité.

- Rien de plus simple, je mets un groupe de loups à la recherche de potentiels ennemis et je te joins les informations sur leur emplacement. Tu n'auras qu'à t'y rendre et me rapporter ce que tu as découvert, conclut-il posément.

Je poussai un hoquet de stupeur et écarquillais les yeux, cet homme ne manquait vraiment pas de toupet.

- Donc, si j'ai bien compris, je dois attendre que monseigneur daigne m'envoyer des directives et en plus les suivre à la lettre comme un petit toutou ? Je ne lui laissais pas le temps de répondre. Je crois que tu délires complètement, mon pauvre.

Je fus relevée brusquement par sa poigne de fer accrochée à mon bras. Il me rapprocha d'un coup sec de lui et je dus poser ma main sur son torse en granit pour ne pas trop laisser de peau en contact avec son corps.

- N'oublie pas qui je suis et que je n'aurais aucune peine à te laisser quelques petites cicatrices si c'est pour le bien de ma meute, compris ? M'interrogea-t-il tout en me secouant.

Je laissais ma louve ramper dans mes membres alors que je le repoussais avec force, ce qui le fit me lâcher.

- Je te déconseille fortement de me prendre pour une simple louve que tu peux commander, et me menacer ne pourra conduire qu'à de regrettables accidents. Bien que je ne fasse pas le poids contre toi, ça ne signifie pas que je ne mords pas.

Nous étions tous les deux au milieu de mon salon à deux mètres de distance, une forte tension se ressentait alors qu'on était en position de défense nous regardant en chiens de faïence.

Ses épaules finirent par se décontracter et l'expression que j'avais envie de frapper reprit place sur son visage.

- J'imagine que tu refuses mon offre, argua-t-il.

- Bien vu, Sherlock.

Il se retourna pour récupérer sa veste qu'il enfila en me scrutant.

- Sache juste que je ferais en sorte que tu ne puisses pas te rendre sur les lieux de bataille et dans ma demeure, tu sais que j'en ai les capacités et que se sera mis en place dès que je mettrai un pied en dehors d'ici.

Il essayait de me bloquer de partout cet idiot, et quand je ne pourrais plus rien faire avec ses gardes postés à chaque recoin, je devrais alors prendre contact avec lui et accepter son marché.

- Je n'ai pas besoin de ce que tu possèdes loup, je mentais clairement et je ne prendrai pas longtemps à le rappeler, quelques jours, voire quelques semaines seulement.

Il ricana, un son rauque et grisant, en secouant la tête, ses cheveux suivirent le rythme, il était canon. Si je pouvais juste voler son corps et l'accrocher quelque part dans ma chambre pour mon plaisir visuel, ce serait merveilleux, en enlevant bien sûr son sordide caractère.

- Si tu le dis, je ne veux pas briser tes rêves alors qu'on vient de se rencontrer, on va dire qu'on se revoit dans une semaine, ça te va ? 

Il se foutait ouvertement de moi.

- Sors de chez moi ! M'égosillais-je.

Un son de claquement de porte accompagné de rires étouffés se fit entendre en contre fond et je me laissais tomber en étoile de mer sur mon canapé.

Bordel.

The Secret Wolf [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant