~7~

4K 308 85
                                    

J'ouvris les yeux sur mon plafond, la tête lourde, bien que posée sur mon oreiller. Je basculais sur mon flanc gauche afin de faire face à ma fenêtre laissée grande ouverte la veille.

Mon regard restait rivé sur un point invisible sans vraiment y faire attention. Je repensais à ma discussion avec Elias, il y a deux jours. Comment une personne pouvait se montrer aussi irritable et sûre de soi avec une parfaite inconnue ? Son petit rictus et ses yeux tournaient en boucle dans mon esprit et me foutaient la gerbe. Bien sûr, t'es crédible, ma pauvre.

Je remontais ma couette sur mon épaule pour m'enfouir telle une enfant dedans, si on me proposait entre rester ici pour le reste de ma vie et aider cet Alpha, je pourrai même l'envoyer en enfer pour être certaine qu'il ne me dérangerait pas durant mon paisible sommeil.

Malheureusement, je n'avais pas le temps de penser à cet être complètement inquiétant et dangereux. Klaus m'avait proposé de sortir avec lui cet après-midi pour se détendre et j'étais totalement en retard. Je laissais le travail pour le lendemain, en l'occurrence ; aller essayer de récupérer des informations chez Elias. Il n'y avait pratiquement aucune chance que cela aboutirait à de réels résultats, mais qui ne tentait rien n'avait rien.

Je roulais sur le dos pour étirer mon corps sur toute sa longueur avec un petit gémissement de satisfaction, mes membres s'emmêlant avec la couverture. Je me débattis avec pendant quelques secondes avant de me retrouver debout, les pieds sur le doux tapis qui couvrait le sol. Je gigotais les orteils dessus, ça chatouillait pas mal.

Je filais dans la salle de bain attenante pour me doucher puis je descendis drapée d'un peignoir pour aller me remplir l'estomac qui sortait les trompettes depuis que je m'étais levée.

Je traînais un peu en repartant dans ma chambre, chantonnant des paroles de chansons pas vraiment acquises et mâchant mon petit donut au nutella, le rendu n'était pas des plus beaux.

Mon choix se porta sur un jean taille haute bleu déchiré au niveau de genoux et d'un haut col bateau blanc. Je ne touchai pas à mes cheveux et les laissai sécher naturellement avec la chaleur. Un petit trait d'eye-liner et tout était bon.

Une suite de klaxons se fit entendre subitement dehors, je penchai la tête à ma fenêtre et aperçu l'Audi de Klaus devant chez moi.

Un mégaphone jouait en cet instant dans mes oreilles, amplifiant tout les sons qui avaient le malheur de se poser à son entrée pour devenir une ribambelle de lettres et de mots qui m'était impossible d'aligner, glissant en moi pour s'écrouler dans mon crane avant de s'évanouir.

Lorsque je ne dormais pas assez durant une trop longue période, en l'occurrence deux mois, mon corps devenait plus sensible d'heure en heure à son environnement.

Dans ces moments là, je ne me contrôlais plus, or je me devais d'avoir le contrôle sur mon esprit. Et ce moment se déroulait à l'instant, me propulsant dans une transe ayant pour seul mot de description ; panique.

Mes tympans explosaient, mes tempes pulsaient, mon crâne brûlait et mes yeux me piquaient jusqu'à faire couler ce liquide salé qui caressa ma joue pour mourir sur mes lèvres.

Mes membres tremblaient et mes os vibraient sous les nombreuses impulsions que mon corps entier leur envoyait. Ma poitrine hurlait sa douleur à travers mes halètements et mes ongles traversaient mes paumes alors que ma peau se déchirait pour laisser glisser son nectar rougeâtre.

En un cri étouffé, mes genoux cognèrent le sol alors que mon cœur affaibli frappait avec folie mes côtes. Je plissai les yeux, des frissons détruisaient mon épiderme et des sueurs froides me parcouraient le dos.

Je souffrais, tout était trop puissant, les sons, les sensations, les odeurs. Trop, trop, trop.

Puis tout mon corps se relâcha, mes muscles se décontractèrent, mes oreilles se mirent en sourdine, mes os reprirent le contrôle sur ses tremblements, mes yeux s'ouvrirent sur ma chambre et tout sembla se stopper, comme figer dans le temps. C'était à se demander si tout était réel, j'aurais remis en question ces dernières minutes si l'effroi et la douleur ne m'obstruaient pas les veines, si mes yeux n'étaient pas remplis de larmes, si mes mains n'étaient pas couvertes de mon propre sang, si je n'avais pas cette envie de mourir.

Ma vie n'avait pas toujours abrité ces moments de profond déchirement. Non, ma vie semblait si paisible avant que toute cette horreur de sang, de chaîne, d'enfermement et de tellement, tellement de hurlements me tombent dessus. Des hurlements qui n'appelaient qu'à disparaître et plonger dans ce long sommeil, si long qu'on ne voulait plus quitter ses bras protecteurs pour apaiser ce chagrin et ce mal si poignant.

Klaus me ramena à la réalité en lançant des pierres à ma vitre. Je me traînais jusqu'au lavabo pour me nettoyer les mains déjà cicatrisées et mon visage. Tant pis pour le trait d'eye-liner, je ferai sans.

Je me fixais dans le petit miroir, je secouai les épaules pour me donner une certaine contenance et souris à mon reflet, je grimaçais face à ma pitoyable mine. J'inspirais et expirais longuement avant de récupérer mon sac à main et de sortir.

- Tu sais, d'habitude j'ai carrément envie de te draguer, mais en tant qu'ami honnête, je me dois de te dire que tu fais flipper, commença-t-il.

Je craquais les articulations de mes doigts pour me détendre alors que je m'installais sur le siège en cuir.

- Je viens de me lever et j'ai mal dormi, et tu te doutes bien que j'ai vu mon visage avant de partir, donc pas besoin de commentaires.

- Il est quand même quinze heures, là. Mais je t'assure que tu fais vraiment peur, tu risquerais d'effrayer des gens avec cette tronche.

- La ferme.

- Sérieux, on dirait une cinglée qui s'est enfuie de son centre psychiatrique, m'ignora-t-il.

- Tu m'énerves, dis-je néanmoins avec l'ombre d'un sourire flottant sur mes lèvres.

Quelques secondes passèrent avant qu'il ne reprenne la parole.

- Pourquoi tu dors mal ? Surtout, comment tu peux mal dormir ? Tu sors jamais, t'acceptes mes sorties une fois sur dix et tu parles à personne d'autre que moi. Donc, tu es censée avoir toutes tes heures de sommeil à moins que tu ne pratiques des activités bizarres dans ton coin. 

Il me lança un coup d'œil après sa dernière phrase.

- Qu'est-ce que tu vas chercher encore ? Je ne fais rien de bizarre, Klaus, je pense juste à certaines choses. Tu sais avec tout ce qui passe ces derniers temps, je suis un peu préoccupée.

- Tu ne devrais pas t'inquiéter pour ça, il ne faut pas que tu abîmes ce si joli minois. L'Alpha va arranger tout ça comme il a l'habitude de le faire. Et si t'as besoin de quoi que ce soit, je suis là ne l'oublie pas.

Il m'offrit un sourire à faire fondre le plus dur des malades, sauf Elias bien sûr, celui-ci ne changerait jamais d'avis pour s'accommoder aux désirs d'un autre.

- Je sais et je ne t'en remercierai jamais assez. Et j'ai aussi conscience que tu as parfois un peu de mal avec mon caractère et ma façon de faire, mais saches que je tiens aussi à toi.

Un rire jaillit de sa gorge et je lui frappai le bras.

- En je ne sais combien d'années, tu ne m'as jamais dit un truc aussi mignon.

Je grognai dans ma barbe inexistante, voilà pourquoi je ne lui disais rien.

- Fais pas la tête, ma chérie. Allez sors, on est arrivés, on va enfin pouvoir aller boire comme des trous, s'écria-t-il en levant son bras en l'air.

C'était reparti pour un fabuleux mal de tête.

*****
Nouveau chapitre que j'ai pris du temps à écrire par manque d'inspiration mais je suis à l'heure.

Qu'est ce que vous pensez de l'histoire, des personnages et de l'intrigue qui se met doucement en place?

Bonne fin de journée ;)

The Secret Wolf [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant