~13~

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  - Je ne te permets pas, contrairement à toi, il n'y a pas qu'un seul territoire dont je dois m'occuper, et je suis seule, grognai-je.

- Bon, les amoureux, ce n'est pas le moment de se disputer, intervint Bryan alors qu'Elias avait refait un pas vers moi.

- La ferme, lui dit-on en une synchronisation parfaite.

Je fusillai Elias du regard, et c'est puérilement qu'il m'imita.

- Oh, ça parle en même temps en plus, vous voulez que je vous laisse seuls ? Proféra le loup en se mordant sensuellement la lèvre inférieure.

Je fermai les yeux d'exaspération, ne voyait-il pas que c'était tout sauf le moment de rigoler ?

Mais en y réfléchissant plus longuement, ça ne me choquait même pas. On vivait dans un monde qui avait été réduit au silence de la guerre, alors tous les survivants en étaient ressortis plus méfiants, ne se préoccupant que de leurs besoins et ceux de leurs proches. 

Elias et sa meute n'avaient pas échappé à la règle, elle en était même le parfait exemple. Tant que ça n'avait pas de répercussions sur sa meute, il ne ferait rien. Pire, si vous montrez un seul signe d'agressivité envers un de ces loups, il n'hésitera pas une seconde à vous enlever la vie.

Sans aucune pitié, aucune culpabilité.

Et c'était dangereux. Il pouvait rigoler avec vous et vous trancher la gorge la minute qui suivait pour avoir dépassé les limites qu'il avait imposé.

Si ces dernières années il avait été relativement calme, ces attaques ne pouvaient que refaire sortir cette facette meurtrière et avide de sang qu'il cachait sous des sourires moqueurs.

Il envoya son poing dans l'épaule de son Bêta qui explosa de rire. Un humain ignorant aurait été épouvanté par cette scène qui était d'un banale pour nous. La violence faisait majoritairement partie de la vie des loups.

- Si tu me demandes de quel endroit les victimes viennent, c'est qu'il y a un problème, Elias. N'es-tu pas censé savoir lorsque des loups disparaissent de tes terres ?

Alors qu'il rigolait bêtement à une futilité qu'avait sortie son loup, ses mâchoires se serrèrent à l'entente de ma voix. Il se repassa la main dans ses cheveux noirs, un tic que j'avais eu le plaisir d'observer durant toutes ces années.

- On a trouvé des corps, que dis-je, se reprit-il. Des bouts de chair éparpillés partout pour certaines attaques, cette merde jaune en a même enlevé l'odeur pour y laisser cette putain de puanteur de sang et d'os brûlés, cracha-t-il en collant presque son nez au mien.

Seulement quelques millimètres séparaient nos visages, mais ça n'empêchait pas sa senteur de venir me couvrir de ce parfum si brutal.

- Tu crois que je suis en rogne pourquoi, à ton avis ? Bien sûr que je sens tous ces foutus liens qui se détachent de la liink. Mais ce que je veux savoir c'est si mes loups sont maintenant en paix, ou encore en train de subir des choses qu'ils n'auraient pas dû vivre, souffla-t-il si bas que tout ce qui ressortait fut les grognements qu'il n'essayait même pas de ravaler.

Mais je ne reculai pas sous le timbre sombre de ses paroles. Voilà belle lurette que je ne me soumettais plus, depuis cette époque où ma peur de l'homme m'avait tant détruite que je n'osais plus regarder ma propre mère dans les yeux.

- Dans ce cas, pourquoi fais-tu, ou plutôt faites-vous, les idiots au lieu de commencer à agir ? Ma voix était douce contrairement à l'aura d'Elias qui prenait plus d'envergure à chaque mot prononcé de ma part.

- Tu as énormément de chance ma petite Lia, murmura-t-il en attrapant une mèche de mes cheveux et de l'enrouler autour de son doigt pour le soupeser.

The Secret Wolf [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant