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PDV Elias

La portière de ma voiture claqua alors que je m'engageais sur le chemin de terre qui menait aux cellules de la meute. Le silence pesait sur cette partie du territoire de la meute privée et la mort rôdait dans chaque molécule d'air qui entourait cet endroit.

Pourtant, seuls les plus âgés ou ceux qui avaient gagné le droit de savoir ce qui se trouvait ici savaient que le sang éclaboussait les murs de bien des manières. Mais ça n'empêchait pas les plus jeunes de se tenir à l'écart, chacun d'eux se sentait à l'étroit au milieu de cette atmosphère oppressante.

Les pièces avaient beau être récurées avec tous les produits imaginables, il suffisait d'inspirer une seule fois pour déceler dans le vent cette senteur métallique.

Si d'autres auraient plissé le nez tout en faisant demi-tour, je pris un grand plaisir à inspirer la chose que je désirai le plus il y a quelques mois. Le sang. Je puisais dans ce besoin pour tenter, en vain, d'oublier la personne qui avait surpassé ma soif de violence.

Une louve que je n'avais plus sous les yeux.

Mes tentatives pour l'éloigner de mon esprit échouaient l'une après l'autre à mon plus grand malheur, me rappelant sans cesse qu'elle était sans doute en grand danger. Alors je forçais les souvenirs où ma Lia apparaissait forte et indépendante pour me rappeler qu'elle n'avait guère besoin de moi comme elle n'avait besoin de personne d'autre.

Mais un poids pesait malgré tous mes efforts sur ma poitrine, accompagné d'un mauvais pressentiment qui me refilait un mal de tête.

Mon loup grognait en moi encore plus qu'à son habitude. Lui, aussi bien que moi, savait que ce que Kélia affrontait aujourd'hui sortait de tout ce à quoi elle avait fait face depuis que je la connaissais.

En plus d'affronter le danger et la folie en personne, elle allait à la rencontre de la peur qui l'avait menée à sangloter sur mon épaule. Je repoussais cette image qui ne me rassurait en rien. Si ses souvenirs avaient rouvert sa blessure, que lui arrivera-t-il lorsqu'elle regardera dans les yeux celui qui l'avait tant fait souffrir ? Aura-t-elle seulement la force de bouger, de se défendre ?

Je grognai tandis que je l'imaginais sans défense, figée d'effroi alors que Rush en profitait pour la mettre à terre, la priver de ses droits et de ses espoirs.

Ploc. Ploc.

Étourdi, je clignai des yeux à plusieurs reprises avant de repérer la source du bruit qui m'avait sorti de mes sombres pensées. Mes yeux se baissèrent sur le sol où je vis briller une petite flaque rouge. Je sentis ensuite un liquide glisser sur ma main droite fermée en poing, une goutte de sang y traçait calmement son chemin. Lorsque je laissais apparaître ma paume, celle-ci me laissa observer quatre croissants de lune teintés de rouge.

Comme un con, j'avais enfoncé si fort mes ongles dans ma peau que je m'étais ouvert.

Je passai ma main intacte dans mes cheveux noirs tout en reprenant ma marche arrêtée par la colère qui m'avait envahi. La cellule fut me fit face une poignée de secondes plus tard. Un petit rectangle de pierre salie par le temps dont un côté formait une pente qui allait se terrer dans le sol.

La partie extérieure était assez grande pour contenir deux personnes de mon gabarit. Une porte, en pierre elle aussi, servait d'entrée et s'ouvrait sur un escalier qui donnait l'impression de plonger tout droit dans les ténèbres. 

Il était temps de rendre visite à mon prisonnier.

Depuis la fois où Bryan m'avait annoncé sa capture, les occupations et mon intérêt pour ma louve avaient occupé toutes les heures dont je disposais. Mais maintenant que ma principale distraction se mettait en danger, je pouvais aller me défouler.

The Secret Wolf [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant