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Les gouttes d'eau chaude qui parsemaient mon corps à intervalles réguliers me brûlaient la peau, me procurant une douleur exquise. Je posais ma tête sur le carrelage froid de ma douche.

Mon corps ne possédait plus aucune marque des balades de ma louve depuis un sacré bout de temps. Malgré tout, au milieu de la vapeur qui régnait dans la salle de bain, je restais immobile, je me sentais bien.

Aucune pensée ne tournoyait dans mon esprit, il était vide. Je relevais le haut de mon corps et exposai mon visage au jet d'eau. Ma main rabattit mes cheveux sur l'arrière de mon crâne avant de couper le robinet.

Je sortis de la cabine les gouttes clapotant sur le sol, si je n'avais pas été aussi calme ça m'aurait rapidement énervé. J'attrapais une grande serviette dans un placard et me dirigeai vers ma chambre tout en me séchant. J'enfilais un simple t-shirt large et un short en tissu en guise de pyjama.

Alors que mon derrière s'apprêtait à se lover contre le canapé, un coup à la porte se fit entendre. Je me figeai en reconnaissant la personne de l'autre côté de la porte. Elias était venu seul, peut-être accompagné pour le voyage, mais pas pour son détour par chez moi.

Je savais qu'il ne prendrait pas de temps, mais sur le coup, je fus surprise de sa vitesse à se mettre en action.

Je ne pouvais pas vraiment fuir, du moins ça ne m'apporterait rien. Mais je pouvais tout de même jouer l'innocente juste quelques secondes.

J'attendis encore un peu avant de me rapprocher de la porte, mes pieds foulaient doucement le sol.

- Qui est-ce ? Interrogeais-je.

- Je pense que tu sais très bien qui je suis, plus que tu ne le devrais, donc ouvre cette porte, ordonna-t-il. Sa voix était froide et aussi tranchante qu'une lame de rasoir, je pouvais d'ici reconnaître son parfum, ça sentait bon l'homme.

- Écoutez, vous ne m'avez pas dit votre prénom et je ne reconnais pas votre voix. Donc je ne pense pas que nous soyons assez proches pour que vous me parliez ainsi, encore moins pour me tutoyer, déclarais-je d'une voix que j'espérais claire.

Un grondement franchit la porte. Ah, il n'était pas d'humeur, pas un bon point ça. À mon avis, s'il dormait plus il se détendrait un peu le vieux.

- Je ne vais pas m'énerver ou te faire de mal, car si tu es bien la personne à laquelle je pense, je te dois quelques dettes. Mais ne me provoque pas, maintenant ouvre cette porte, ou je la défonce, dit-il avec une intonation particulièrement sombre.

Je levais les yeux au ciel, les Alphas étaient pires que de simples mâles et voulaient asseoir leur autorité partout où ils passaient, deuxième mauvais point.

J'ouvris la porte en grand et appuyais mon épaule contre elle. Je le dévisageais ouvertement, lui et sa carrure.

Ses larges épaules empêchaient la lumière du jour d'illuminer l'entrée, il avait l'allure du parfait tueur en série. Long manteau noir, gants en cuir, pantalon noir, chaussures noires ainsi qu'une chemise noire. Il était carrément sexy avec ce regard glacial.

Ses cheveux se mouvaient doucement grâce à la brise fraîche du matin, je vis ses mâchoires se contracter sûrement dû à l'agacement que je lui procurais. Je rebaissais les yeux sur son corps, ses pectoraux moulés par sa chemise et son bas qui marquait les contours de ses cuisses musclées.

Je remontais tranquillement le regard dans le sien.

- Non, je ne vous connais pas, jamais vu, je lui fis un petit sourire nonchalant.

Je voulus rabattre la porte, mais sa grande main imberbe s'y opposa brusquement, faisant claquer la porte contre le mur. Il fit craquer sa nuque avant de plonger sa main dans sa poche.

- Et tu le connais celui-là ? Sa bouche était ornée d'un petit rictus hautement séducteur alors qu'il me mettait le téléphone égaré sous le nez.

Je pinçais les lèvres intérieurement, connaissant d'avance l'issue de cette discussion, mais ça ne m'empêchait pas de faire l'ignorante. Je me redressais pour feindre d'examiner le portable. 

Grosse erreur. 

Je reçus en pleine poire une bouffée de son odeur ainsi qu'un fin effluve de bourbon haut de gamme, il avait dû prendre un verre avant de venir. Je déglutis difficilement, une boule de poils avait élu domicile dans ma gorge. Je me retins de me la racler devant lui et me relevais doucement pour ne pas lui montrer mon trouble.

- Oh ! Vous faites de la pub ? C'est vrai que ces engins dernier cri sont vraiment très pratiques de nos jours. Mais non merci, j'ai le mien et il est tout aussi bien, j'agitais mon cellulaire dans ma main pour illustrer mes propos.

Je n'entendis qu'un bruit de grincement de parquet avant de comprendre qu'il avait bougé, il était bien trop rapide. Une seconde plus tard, je me retrouvais plaquée contre le mur opposé à l'entrée, la main d'Elias autour de la gorge.

Il se pencha, ramenant son visage à la hauteur du mien.

- J'essaye de rester gentil et calme, mais là, tu me donnes plus envie de te droguer pour te transporter et donc ne plus t'entendre. Sois contente, si je le voulais, je te fourrerais dans ma voiture même consciente et tu ne pourrais rien y faire bien que tu sois une dominante, grinça-t-il en faisant courir son regard sur mon corps.

Était-il en train d'insinuer qu'avec ma petite taille, je ne savais pas me défendre ?

Je ne pus retenir l'expression de mon visage, un sourire moqueur et des yeux pétillants. S'il disait cela, c'est qu'il n'avait pas connaissance de mes capacités de déplacements. Il avait dû songer aux transporteurs pour cause de ma disparition chez lui, petits colliers à usage unique que créaient certains sorciers quand ils trouvaient que nos demandes avaient une raison valable. Au moins mon père n'avait pas tout dévoilé, premier bon point.

La main d'Elias relâcha ma gorge pour attraper mon menton, enfonçant ses doigts dans le creux de mes joues.

- Quelque chose te fait rire peut-être ? Tu devrais m'en faire part, que je rigole aussi.

- Rien de bien grave, mais puis-je savoir de quoi vous m'accusez ? Susurrais-je.

Ses yeux devinrent deux fentes impénétrables, je songeais au fait de me stopper pour ne pas me mettre en trop grosse difficulté avec lui.

- Tu es vraiment insupportable ! S'écria-t-il en relâchant sa prise sur moi. Tu ne peux pas nier quand ton visage est le copier-coller de celui de ton père, que tu vis comme une solitaire sans aucune déco sur tes murs ce qui me laisse penser que tu vis juste à temps partiel ici.

Il pencha la tête sur le côté pour approfondir ses recherches sur mon visage.

- En rajoutant, bien sûr, ton téléphone dans une salle accessible que par moi, mon Bêta et un chercheur, ajouta-t-il en se retournant, me présentant son dos imposant.

Je croisais les bras alors qu'il refermait la porte d'entrée restée ouverte. Il se débarrassa de son manteau qu'il balança sur un fauteuil, il croisa lui aussi ses bras sur son torse ce qui gonfla ses énormes biceps. Il dut noter mon changement d'attitude lorsque ma facette enfantine se rétracta.

- Bien, maintenant que tu te décides enfin à coopérer, on peut parler sérieusement toi et moi.

The Secret Wolf [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant