| CHAPITRE 26 | 🔞

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⚠️ Attention ⚠️
Le contenu de ce chapitre pourrait choquer votre sensibilité à cause de la violence du personnage et de son trouble pathologique. Je préfère prévenir !

• Sur une échelle de 30 à 150 décibels, à quel point ont-ils mal ? •

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...DAN...

RUSSIE - 2010 |

Cigarette au bord des lèvres, j'erre dans les rues, dans le froid mordant, pensif. Je regarde une fois de plus ma montre pour vérifier l'heure et soupire en me rendant compte qu'il ne me reste que deux heures avant que je ne doive rentrer dans ce taudis miteux qui nous sert de foyer à ma mère et moi. J'ai toujours une envie horrible de gerber mais je n'ai pas le choix. Si je pouvais dormir dehors, comme un SDF, je crois que je le ferai mais loin de moi l'idée de me faire tabasser par des camés en quête de drogue ou des membres de gang qui voudraient que je rejoigne leur rang. Je coince ma clope entre mes doigts et expire ma fumée, écouteurs dans les oreilles, toujours accompagné par ce vieil iPod que Sergueï m'a un jour offert.

« Ça couvrira les bruits » m'avait-il simplement écrit sur un post-it collé à l'arrière de l'appareil. Mon meilleur ami est bien trop généreux. Trop d'ailleurs. Il continue de trainer avec l'épave ambulante que je suis, qui ne cesse de s'attirer des problèmes non pas par hasard, mais bien par volonté.

Sourire aux lèvres, je continue de marcher dans le quartier légèrement moins pourri que le mien de la ville, entre les immeubles dans lesquels habitent des gens pourvus d'un salaire exorbitant. Je lève à peine le nez pour les admirer. À quoi ça sert de contempler quelque chose qu'on aura jamais ? À rien. Et ce n'est pas ce que je veux. Je tire une énième fois sur ma clope en regardant brièvement les passants qui passent à mes côtés sans me voir ou bien en m'ignorant volontairement. Je n'ai pas la gueule d'un gamin à qui on peut faire confiance. Et d'ailleurs, il ne faut jamais me faire confiance. Je souris mesquinement en voyant une femme me jeter un coup d'oeil légèrement piteux. J'ai quinze ans et je fume, je crois bien que ça lui pose problème. Elle serait encore plus horrifiée en sachant que ça fait depuis un bail que cette chose nocive vit entre mes lèvres. Qu'elle aille faire la morale à ma mère, ce serait drôle. Une femme de la bonne société face à une prostituée qui laisse son fils vivre dans une minuscule salle de bain pendant qu'elle se fait baiser par des porcs, peut-être même par son propre mari.

Pavane, Op. 50 de Fauré dans les oreilles, j'avance jusqu'à l'école de musique de ce quartier. Je l'ai découverte par hasard, alors que je fuyais les flics après avoir vandalisé leur bagnole juste pour les faire chier. J'ai bien failli me faire arrêter à cause du son mélodieux et puissant qui sortait des fenêtres pourtant closes. Ça fait un moment que la musique classique m'obsède. Et surtout, c'est elle qui m'empêche de gerber les soirs où ma mère a des clients et que j'entends leurs gémissements répugnants, dénués du moindre charme, de la moindre élégance. Je n'y connaissais pas grand-chose mais Sergueï a participé à la création de ma culture musicale et de ma passion pour le piano. Je n'ai jamais appris à lire une partition et pourtant, je peux jouer un morceau facilement. Un jour, j'ai eu l'idée de rentrer par effraction dans des appartements qui possédaient des pianos pour pouvoir jouer.

Mais tout est gravé dans ma tête. Les notes sont toutes dessinées dans mon esprit et associées à mon piano imaginaire.

Je joue, seul dans la salle de bain, assis dans ce putain de bac de douche, avec la musique qui emplit mon ouïe. Et ça, ma mère ne le sait absolument pas. Elle est bien trop occupée à se faire baiser par des animaux pour s'en rendre compte. Je tire sur ma clope en m'adossant au mur de l'école, près de la salle dans laquelle joue un élève. Je retire mes écouteurs pour l'écouter jouer et dans le vide, je fais glisser mes doigts sur des touches d'air, yeux clos. Sergueï a un jour essayé de m'inviter chez lui, en me disant qu'il y avait un piano et que je pourrai le toucher mais j'avais bien trop honte de rentrer dans son palais que je l'ai envoyé chier.

Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant