| PROLOGUE |

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Un miroir sans tain, une table, une chaise, une porte et un suspect. Rien d'autre. Pour l'originalité de la mise en scène, on repassera. Ils auraient certainement dû trouver un autre moyen d'intimidation que l'heure qui tourne et cette salle vide pour que je parle. Ils savent pourtant que j'ai l'habitude de ce genre de petits divertissements. Je laisse échapper un soupir moqueur et me lève de ma chaise pour me réinstaller face à la vitre, les jambes de part et d'autre du dossier et les bras posés sur ce dernier. Je contemple mon reflet en sachant pertinemment que tous les petits flics curieux mis sur l'affaire me regardent comme si j'étais un animal de foire. Je souris et les salue.

Toujours être gentil avec les poulets. Ça les rend plus tendres et plus stupides.

La porte de ma pièce vide finit par s'ouvrir. Je ne bouge cependant pas. Les plus drôles sont de l'autre côté de cette vitre.

— Pouvez-vous vous asseoir correctement, s'il vous plaît ?

— Dîtes, ont-ils du popcorn ?

— Ne nous faites pas perdre du temps, M. Loukianov.

— Très bien, très bien. Je dis juste ça pour eux, déclaré-je en m'asseyant « correctement » face au Commissaire Cowan. Le spectacle serait bien plus agréable pour la pétasse du gouverneur avec un peu de popcorn.

Mon sourire narquois semble les rebuter. Je le garde plaqué sur le visage en posant mes mains sur la table, prêt pour la petite session d'interrogatoire inutile. Ils ne veulent pas perdre du temps et pourtant, je suis là. À croire que le Commissaire n'a pas vraiment envie de résoudre cette affaire. Je le fixe. Il est mal à l'aise. Même son petit assistant n'a pas l'air bien dans ses godasses mais à la différence du Commissaire qui garde une expression plutôt neutre, le jeune flic fronce les sourcils et me fait savoir silencieusement qu'il ne peut pas me blairer. J'arque un sourcil plutôt moqueur.

— Vous savez que vous pourriez mourir à cause d'un tel regard ? Ne l'offrez pas à quelqu'un de cruel, ça pourrait se retourner contre vous.

Immédiatement, il déglutit mais ne perd pas pour autant son masque de colère et de dégoût. Je ricane.

— Bon, vous vous dites innocent mais vous étiez sur le lieu du crime quand nous sommes arrivés et vos empreintes sont sur l'arme. Vous ne niez pas cela, n'est-ce pas ?

— Non, j'étais bien là-bas.

— Donc vous reconnaissez cet endroit et ce corps, votre victime ?

Il place des photos devant moi. Je ne leur jette même pas un coup d'œil, gardant mon regard vissé au visage fatigué et crispé du Commissaire qui s'agace lentement de mon absence de coopération. Je sais très bien ce qu'il y a sur ces clichés : le corps du Gouverneur Harley Atkins, percé plus de sept fois, étendu sur le sol de son luxueux tapis turc, entouré d'une auréole de sang. Je le sais parce que je l'ai vu aussi mais à la différence des flics, je sais que ce n'est pas moi, l'auteur de ce crime même si j'aurai très bien pu l'être. Et encore mieux, je connais l'identité du meurtrier.

Mais si je tiens à la vie, il vaut mieux pour moi que je garde le silence.

— Si ce n'est pas vous l'assassin, Bogdan, qui est-ce ? Plusieurs témoins vous ont vu rentrer dans le bureau du nouveau gouverneur trois heures avant le meurtre et vous n'êtes jamais ressorti.

— Vous savez ce que c'est qu'un piège, Commissaire ? je fais, toujours très malicieux. J'ai été piégé. Beaucoup de personnes avait des raisons de vouloir buter cet homme.

— Oui mais une seule personne est son fils qui l'a menacé de mort plusieurs fois.

Mon rictus s'agrandit alors que mon regard se déplace sur l'Inspecteur Ashford qui me scrute avec un air sérieux et plein de certitudes. Je penche ma tête sur le côté, reste silencieux et sans rien ajouter d'autres, je fouille mes poches et sors lentement mon écouteur droit pour le mettre dans mon oreille et enclencher ma musique. Mon attention toujours fixée au policier, je mets mon deuxième écouteur pour leur signifier que j'en ai plus rien à carrer de leurs suppositions à la con puis je viens m'enfoncer dans le dossier de ma chaise, les bras croisés sur le torse. Je commence à fredonner l'air de la chanson qui m'emplit les oreilles, pas besoin de dire les paroles, ils savent déjà ce que j'écoute : Bad Mother F*cker de Machine Gun Kelly. Me connaissant plutôt bien, les deux flics s'échangent un regard désespéré au moment où des voix nous parviennent de l'extérieur et un homme en costard fait son entrée.

— Vous auriez dû attendre mon arrivée pour commencer, grogne le nouvel arrivant tout en se plaçant à ma droite.

Il pose sa main sur mon épaule et je souris de plus belle, provocateur.

Si ces idiots étaient un tant soit peu attentifs, ils verraient que cet avocat n'en est pas un.

— Très bien, juste une question. Qui aurait pu écrire ce mot ?

Cette fois-ci, malgré la poigne du comédien sur mon épaule, je me penche et regarde le petit carré froissé que le Commissaire pose devant moi. Je suis surpris de reconnaître l'écriture très peu soignée de Leora. Il y est marqué : « Ne me tue pas, Dan ». Je relève les yeux et comme à mon habitude, je mens comme un arracheur de dent.

— Non. Pourquoi ?

— Vous aviez ce papier dans votre poche, rétorque le Commissaire.

Je sens la colère, un profond sentiment de trahison m'envahir mais je me retiens de montrer quoi que ce soit. J'ai très bien compris ce qu'elle voulait dire. Toute cette mascarade est son oeuvre. Pourquoi ? Je n'en ai pas la moindre idée. Je n'aurai jamais pensé qu'elle aurait commis une telle chose...

— Où est Léo ?

— Elle est toujours introuvable, me répond Sergeï avec une voix aussi basse que la mienne pour que les policiers, sortis de la pièce, ne nous entendent pas depuis la salle adjacente. Une fille docile qui valait la peine d'être sauvée, tu disais ?

— Ferme ta gueule.

Et moi qui pensais pouvoir tout contrôler.

Rien de tout ça ne serait arrivé si je n'avais jamais rencontré cette fille faussement innocente : Leora Lane...

— † — † —

On commence avec le meurtre d'un gouverneur...
Parfait pour une nouvelle histoire, vous ne trouvez pas ?

J'ai hâte que vous rencontriez tous les personnages afin de connaitre vos préférences ! Vous n'allez avoir aucun repos, je vous le garantis. J'espère que vous êtes prêts à suivre l'histoire Léora Lane et de tous ses joyeux lurons, ahah

J'ai décidé de publier le premier chapitre dans la foulée pour ne pas vous faire trop attendre 🥰
À tout de suite !

Ayélé 🌸

Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant