| CHAPITRE 20 |

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• Bogdan est comme les chats : il a neuf vies. Sinon comment expliquer qu'il soit toujours vivant aujourd'hui ? •

~ ♣️ ~

...LUCAS...


J'en étais sûr. Cette histoire est en train de très mal tourner. Je ne devrais même pas en être vraiment surpris puisqu'à chaque fois que nous sommes quelque part, des malheurs surviennent et pas le genre de petits malheurs dont on peut rire par la suite. Assis en tailleur sur le rebord, je fixe le vide en réfléchissant. Pas un possible suicide de ma part en perspective bien qu'on pourrait aisément le penser en me voyant sur le toit d'un immeuble de trois étages, installé sur le bord et prêt à tomber à la moindre surprise. Je devrais flipper de me trouver ici mais pour une raison que j'ignore, le vide me fascine. Ça fait longtemps que c'est le cas d'ailleurs. Je suis si haut, presque le maitre du monde. Bon peut-être pas parce que je ne suis pas non plus en haut de l'Empire State building mais quand même ! Je souris à cette pensée avant de souffler, consterné.

Je ne pensais pas que je serai aussi abattu après que Léo a découvert nos réelles identités. Quand elle a disparu, j'ai d'abord pensé qu'elle était parti de son plein grés, qu'elle a voulu échapper à ma vigilance... Si j'avais dit ça à Bogdan, je me serai sans doute fait frapper alors j'ai gardé cette hypothèse pour moi. Et quand nous nous sommes dit que cela devait être l'oeuvre de Matveï, j'ai été, d'une certaine manière, soulagé de l'apprendre. J'ai encore gardé ça pour moi parce que personne n'aurait compris et tout le monde aurait modifié mes propos. J'aimerais bien qu'elle me pardonne tout de suite, je n'aime pas être en froid avec les gens - c'est pourquoi je finis toujours par oublier les atrocités que Rayle peut me balancer au visage sans vraiment les penser - bien que je trouve son comportement tout à fait légitime. Après tout, je l'ai utilisée...

Bon, on arrête de dire des conneries, Lucas ! D'accord, elle doit toujours t'en vouloir mais tu ne dois pas rester bloqué sur ça car le plus important en ce moment, c'est de la retrouver et aider Bogdan à se sortir de la merde une fois de plus. Je ne pensais pas qu'il retournerait aussi vite au poste de police. À croire que c'est devenu son endroit préféré. Ça ne m'étonnerait que très peu si c'était vraiment le cas d'ailleurs.

— Bordel de merde, mais qu'est-ce que tu fous, Bouchet ?

Je me tourne et découvre Rayle sur le seuil de la porte qui mène au toit plat. Je lui souris, tout de même étonné qu'il m'ait trouvé et qu'il soit monté jusqu'ici pour me chercher, lui qui déteste faire des efforts pour rien et surtout... qui a le vertige.

— Je réfléchis.

— Tu ne réfléchis jamais, grogne-t-il. On te cherche de partout, abruti et c'est moi qui ai dû monter jusqu'ici alors descends de là et viens avec moi.

— Je me disais... J'espère que Léo me pardonnera et qu'on pourra redevenir amis quand on l'aura retrouvée...

— Putain...

Comme d'habitude, j'agace Rayle sans même le vouloir. Comprenant qu'il va finir par me hurler dessus parce que je ne me dépêche pas, je me lève mais jette quand même un coup d'oeil vers le sol. J'ai presque la sensation de me faire aspirer par le vide, c'est grisant. En revanche, Rayle ne semble pas penser la même chose car je l'entends s'approcher de l'endroit où je me trouve tout en me disant :

— Descends de ton perchoir, Bouchet.

Je me tourne et souris. J'ai un peu envie de l'embêter. C'est toujours aussi drôle de le taquiner. Je ne sais pas pourquoi ça m'amuse alors que je sais pertinemment que lorsque Rayle est énervé, il peut très vite être blessant et méchant. Pourtant, je plonge mes mains dans la poche de mon sweat et lève un pied pour le suspendre dans le vide.

Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant