• Les interdictions sont des règles que chaque humain désire braver,
parfois sans penser aux conséquences •~ ♠︎ ~
...DAN...
Garé devant les larges fenêtres du restaurant français dans lequel on m'a donné rendez-vous, je patiente sous la bruine qui rend les pavés glissants.
Ça fait plus de quatre fois que je vois des passants manquer se fracasser la gueule par terre à cause de ce temps de merde qui ne s'améliorera que lorsque le printemps viendra chasser l'hiver.
Pour le moment, cette ville est maussade et sinistre mais d'une certaine manière, je trouve cela plutôt agréable.
Ici, les habitants sont tellement habitués à ce que la pluie et le froid accompagnent leur vie qu'ils sortent peu importe la température si bien qu'il y a autant de gens dehors que si nous étions en été, en pleine saison.
Mais j'ai toujours détesté le soleil, la canicule.
Le froid est mordant, plus subtile et vicieux, tellement plus agréable.
Ça vous fait sentir plus vivant.
C'est pour ça que j'attends à l'extérieur du van, adossé au coffre, un seul t-shirt manches courtes pour lutter contre l'air glacial.
En revanche, je suis obligé de porter une casquette et d'observer la rue par-dessous ma visière car les médias se vantent désormais de connaître mon visage.
Je fais défiler les informations du jour sur l'application d'un journal et souris à chaque fois que je vois mon portrait robot s'afficher.
Le dessinateur est plutôt bon, il ne m'a pas trop raté. Mais le meilleur que je tire de ce dessin, ce n'est pas le talent du policier mais bien la mémoire de Léora Lane.
Visiblement, mon visage est resté gravé dans son esprit.
Je sors mes écouteurs, en jetant quelques coups d'œil autour de moi après avoir regardé l'heure qu'indique mon portable.
Je grommelle dans ma barbe en me rendant compte que la ponctualité ne fait toujours pas partie de ses qualités. Le message disait pourtant clairement 7h, je me suis réveillé plus tôt pour être à l'heure et ne pas les mettre plus en colère qu'ils ne le sont certainement déjà et ils s'octroient le droit de venir en retard.
Je tique, un peu agacé avant d'être happé par la voix du journaliste quand je mets en route la radio.
Sans étonnement, ça parle de moi.
Ça parle de moi de partout, de toute façon.
C'est plutôt gratifiant.
« Grâce à une source dont nous tairons le nom, la police a réussi à établir un portrait-robot du tueur qui sévit en ce moment dans notre ville. Le Virtuose a désormais un visage tout aussi particulier que ses crimes. »
Je ricane tout seul, m'attirant le regard surpris d'une femme qui passe devant moi. Je baisse immédiatement la tête, rabattant ma visière devant mon visage.
Je suis... particulier.
Intéressant terme pour me décrire. J'apprécie.
C'est bien la première fois que l'on me caractérise de cette façon.
Petit, j'étais un gamin violent, hors de contrôle, une espèce de tyran puis je suis devenu une sorte de monstre dans mon village quand j'ai passé les quinze ans parce que je n'avais plus la candeur de l'enfance greffée au visage.
VOUS LISEZ
Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉ
БоевикBrûlée. Traumatisée. Dégoûtée. Voilà les mots que Leora Lane utiliserait pour se qualifier. Depuis l'incendie qui lui a ravi ses parents ainsi que sa confiance en elle, Léo se contente de suivre les aléas de son existence sans prendre de réelle déc...