| CHAPITRE 25 |

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• Les démons des autres réveillent les nôtres •

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...ROSE...


MONTE BEOUL - 2007 |

Le sourire aux lèvres, je descends de la bécane de Jonas et retire le casque qu'il m'a prêté avant de me passer une main dans les cheveux pour me recoiffer. J'avoue que je joue un peu aux femmes fatales simplement pour le faire craquer et vu le regard qu'il me lance depuis plusieurs semaines, je sais que je l'attire.

— Merci de m'avoir ramenée, je souris en lui rendant son casque.

— Pas de problème.

Je m'apprête à le quitter avec un simple signe de main mais il m'attrape par la taille et me ramène vers lui, sa moto reposant sur sa béquille dans son dos. Un éclat de malice brille dans mes yeux alors que je me retrouve coincée contre son torse et je ne peux que ressentir de la fierté quand cette homme de quatre ans mon aîné vient s'emparer de mes lèvres avec avidité. Malheureusement, c'est tout ce que je ressens : de la fierté et de l'orgueil d'avoir réussi à séduire quelqu'un d'aussi populaire et de plus vieux que moi. Comme je le craignais, aucun homme, pas même le plus beau, ne parvient à me faire ressentir les frissons du désir. Alors quand je me détache de lui, je simule, je fais semblant d'avoir été transportée par son baiser en pensant silencieusement que si mon père découvre que je suis attirée par les filles, je risque de me faire humilier et battre à mort.

Mais peut-être que ce ne serait pas une si mauvaise chose... ça le ferait changer un peu de victime...

Car malgré tout ce que je fais pour protéger ma soeur de la haine de notre père et du désespoir de notre mère, Léo est toujours la cible des sautes d'humeur de notre patriarche. Tout ça parce que ce n'est pas une fille normale, tout ça parce qu'il l'a trouvée faible dès sa naissance, tout ça parce qu'il voulait un garçon et que sa femme n'est parvenue qu'à lui donner une pauvre morveuse sans intérêt.

On se croirait revenu au Moyen-Âge.

— Je viens te chercher demain matin, me dit Jonas.

J'aimerai bien lui dire qu'il peut s'épargner cette peine mais je me dis que me servir de Jonas comme couverture et contenter mon père peut être une bonne idée. Alors je hoche la tête et toujours fidèle à mon rôle, je viens embrasser Jonas une nouvelle fois avant de lui mordre avec sensualité la lèvre, ce qui le fait grogner. Je crois qu'il est à deux doigts de me kidnapper... je pense qu'il aurait fini par me proposer de rester plus longtemps avec lui si la porte de ma maison n'avait pas claqué dans mon dos.

Je me détache de lui et me retourne pour voir trois hommes baraqués, type caucasien, recouverts de tatouages, habillés plus ou moins de manière décontractée mais ça ne suffit pour me tromper. Ce sont des membres de la Sem'ya, de la mafia pour laquelle mon père travaille depuis très longtemps et je les ai déjà vus un nombre incalculables de fois. Mais ils n'ont pas pour habitude de se réunir directement chez moi, ce qui me paraît incroyablement louche. Ce n'est qu'à ce moment-là que je vois leur voiture de sport garée sur le bas-côté.

Si j'avais plus observé les lieux, j'aurai empêché Jonas de me ramener.

— C'est qui ces mecs ? me demande ce dernier.

Un seul coup d'oeil dans sa direction me suffit à comprendre qu'il est totalement flippé. Taras, Feliks et Obran ne peuvent susciter que ce genre d'émotion : la peur. Tout chez eux hurle leur appartenance à une organisation criminelle. Leurs regards se posent sur ma personne et contrairement à Jonas, je ne bronche pas. Taras hoche la tête à mon intention avant de disparaître dans leur bagnole, Feliks m'offre son habituel sourire salace en me mimant une fellation sans aucune classe tandis que Obran m'ignore complètement, toujours aussi peu avenant. Je les regarde rentrer dans leur voiture puis quitter notre propriété, sans répondre à la question de Jonas pour le moment. C'est seulement quand ils sont assez loin que je dis :

Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant