| CHAPITRE 27 |

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• À quand notre fin heureuse, bordel ? À quand ? •

~ ♥︎ ~

...RAYLE...


Je ne sais plus prier.

Je ne sais pas pourquoi ce constat m'angoisse mais j'ai le ventre qui se serre dans tous les sens à mesure que j'essaye de me souvenir d'un « Je vous salue Marie » ou d'un « Notre Père » que je connaissais auparavant par coeur mais les paroles se mélangent et je me retrouve incapable de prier Dieu, parce que ça sonne terriblement faux dans ma bouche. Je crois avoir perdu le droit de m'adresser à lui depuis longtemps mais quand même ! Je ne suis pas foutu de me rappeler ces putains de paroles pleines d'espoir et d'amour qui me servaient presque de berceuse quand j'étais gosse.

Du coup, je flippe.

Je flippe ma race, oui !

Mais j'essaye de ne pas le montrer à Sasha qui semble se méfier de moi. Avant que Matveï ne m'emmène vers elle, j'ai été fouillé et presque dépouillé de tout ce qui aurait pu m'apaiser. Ce connard m'a pris mes clopes et mon briquet ! Comme si j'allais me servir de ça comme d'une arme contre la Russe. Je ne savais pas qu'une cigarette pouvait être à ce point menaçante. Je souffle, agacé, la jambe nerveuse.

— Ça ne va pas, Rayle ?

Je lève les yeux sur Ivan qui me fait face et qui me regarde avec un air vicieux que je n'ai jamais apprécié. Pour l'instant, aucun d'entre eux ne s'est rendu compte que je jouais un rôle. Ils ont tous gobé mon histoire de peur et de trahison. Ça n'a pas semblé les surprendre plus que ça, d'ailleurs. À croire que j'ai vraiment une sale réputation dans la mafia : un vrai égoïste. Mais pour le coup, même si j'ai été assez vexé de constater ça, ça joue en notre faveur.

Pour une fois.

— Ça va super. J'espère juste que je peux compter sur vous pour me protéger de Sergeï.

— Pourquoi ? T'as peur de lui ?

— On parle du fils du Lynx et du filleul du patron, je réponds. Bien sûr que j'en ai peur.

Ivan se met à rire tandis que je jette un coup d'oeil à la porte de la salle de bain derrière laquelle Sasha a disparu depuis dix minutes. Ils avaient bien changé d'endroit mais à mon plus grand étonnement, ils se trouvaient plus proches qu'on ne le pensait. Je ne sais pas exactement où ils sont puisqu'ils m'ont bandé les yeux par précaution lors du trajet jusqu'à cette immense maison au domaine immense qu'ils doivent sûrement squatter au dépens de la volonté d'une riche famille américaine. Ils ne sont pas non plus idiots. Enfin... presque. Ils n'ont rien dit concernant Lucas alors j'ose espérer qu'ils ne savent rien du tout de sa présence dans les alentours. Je ne suis même pas certain que ce dernier ait réussi à nous suivre.

C'est la première fois que j'ai très envie de voir cet abruti. Voir sa tête aura le don de me calmer, à défaut d'avoir une cigarette.

— T'aurais pas quelque chose à fumer ? je finis par demander.

Ivan arque un sourcil en se reculant dans le dossier de sa chaise. Ses gros bras croisés, il me considère avec moquerie alors que je m'imagine mentalement lui retirer son air suffisant du visage.

— T'es une vraie tapette, lâche-t-il tout à coup.

Sans le contrôler, j'ai des sueurs froides. Je sais très bien qu'il a utilisé ce mot comme une expression mais une alarme sonne quand même dans mon corps. Les seules personnes au courant du fait que je sois gay sont les As, Vassili et Sasha. Auprès de tous les autres hommes au service du patron, je suis un hétéro pur et dur, je suis même un vrai coureur de jupons et j'ai travaillé dur pour avoir cette réputation-bouclier afin de me protéger de ce qu'on pourrait m'infliger à cause de ce que je suis réellement. Je sais très bien ce que Ivan et pas mal de mafieux pensent des homosexuels et j'ai été témoin de ce que les gens comme moi pouvaient être victimes.

Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant