• Le courage, c'est dire, à ceux qu'on aime, ce qu'on a sur le coeur •
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...LEO...
— Hej, Oscar ! (Bonjour, Oscar !)
Je suis Natali en me faisant toute petite, Fiasko me suivant docilement, lié à ma main par sa laisse et hoche simplement la tête à l'adresse d'un homme qui se tient derrière le bar et qui nettoie les verres. Il a l'air surpris de nous voir entrer dans le club à cette heure de la journée, ce qui peut se comprendre car il n'est que 15h de l'après-midi et le Red High Heel n'ouvre qu'à 22h30. C'est la première fois que je viens ici depuis que Natali m'a proposé de m'apprendre à danser ou tout simplement à me lâcher sans qu'il n'y ait personne d'autre que moi-même pour me juger.
Enfin... visiblement, il y a le barman.
Ce dernier parle d'ailleurs à Natali en suédois sans faire cas de moi pour le moment, qui suis en train de balayer l'immense salle des yeux. Elle n'a rien à voir avec le souvenir que j'en ai. En journée, sans tous les artifices lumineux et le monde, on dirait une salle de spectacle triste, sans vie, sans émotions, tout ce qu'il y a de plus banal. Je regarde les barres qui s'élèvent au milieu des estrades, contre lesquelles les danseuses se tordent, glissent et jouent de leur corps.
Et je vais faire ça ?
Je serre les dents. J'ai franchement l'impression que je vais me ridiculiser.
Comment diable arrivent-elles à s'accrocher à une surface aussi lisse ?
— Léokadia ?
Pas encore habituée à être appelée par ce prénom que je n'avais plus entendu depuis longtemps, je ne réagis pas jusqu'à ce que Natali pose sa main sur mon épaule. Je sursaute et sors de ma contemplation. Les deux yeux bleus de Natali me regardent avec un certain attendrissement qui me ferait presque grimacer. Je ne sais pas s'il s'agit d'une déformation maternelle mais j'ai l'impression d'être une enfant dont elle doit prendre soin à ses yeux. C'est assez déstabilisant de voir qu'une femme presque inconnue se préoccupe de moi plus que ne l'a fait ma mère de son vivant. Rien ne l'oblige à faire ça et pourtant, elle prend de son temps pour m'aider à régler ce problème de honte, de confiance en soi, de crispation mentale qui m'empêche d'être totalement moi-même.
— Tu me chanterais quelque chose avant de commencer ?
Surprise par sa demande, je cligne plusieurs fois des yeux avant d'accepter. Ma voix n'est pas du tout échauffée alors, je dépose mon sac par terre et fais quelques brefs exercices pour réveiller mes cordes vocales afin de ne pas trop les agresser en chantant par la suite. Normalement, je fais ça pendant une demi-heure mais Natali a l'air assez pressé de m'entendre alors je ne prends que dix minutes pour préparer ma voix et au moment où je reviens vers elle pour faire ma petite prestation, l'estomac contracté par le trac, je me rends compte que le dénommé Oscar me scrute depuis le bar.
— Hum, il va rester là ?
— Tu as déjà chanté devant plus de gens, non ? Ne fais pas attention à lui, fait Natali d'un geste de la main puis elle ajoute : monte sur l'estrade, tiens.
— Quoi, vraiment ?
Elle acquiesce avec un sourire alors que je grimace en regardant l'estrade derrière moi. Bon. Ça ne va pas me tuer, n'est-ce pas ? Au French Touch, j'ai déjà chanté devant plus de trente personnes et aujourd'hui, je n'ai que deux spectateurs si on ne compte pas Fiasko. Je grimpe alors sur l'estrade près de l'une des barres de pole dance et sans avoir la moindre bande son, je commence à interpréter la chanson que j'aimerai chanter, si représentation dans ce club il y a. J'y pense depuis un moment. J'adore cette chanson mais elle est compliquée. Cependant, j'ai l'impression forte et intense que les paroles expriment exactement ce que je ressens pour Bogdan et je me dis que ce serait le bon moment, avant que les hostilités ne débutent, de lui partager, grâce à l'art qui me convient et qui me fait me sentir en confiance, mes sentiments.
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Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉ
AcciónBrûlée. Traumatisée. Dégoûtée. Voilà les mots que Leora Lane utiliserait pour se qualifier. Depuis l'incendie qui lui a ravi ses parents ainsi que sa confiance en elle, Léo se contente de suivre les aléas de son existence sans prendre de réelle déc...