| CHAPITRE 21 |

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• Il faut sauver le soldat Bogdan •

~ ♥︎ ~

...RAYLE...


Non, non, non, non, non !

J'écarquille les yeux en tournant sur moi-même, paniqué. Impossible ! Qu'est-ce que je fous ici, bordel ? Pas moyen que je me sois retrouvé dans un hôpital de mon plein grés. Le coeur battant, je me jette sur la porte de la chambre aseptisée, qui m'aveugle par sa blancheur maladive et m'oppresse par son manque cruel de vie et tente d'ouvrir le battant mais j'ai beau forcer sur la poignée, rien ne bouge. Je suis coincé dans cette foutue pièce qui me rend instantanément claustrophobe. Je me mets à hurler et insulter le personnel soignant qui n'est pas foutu de remarquer qu'une serrure est défectueuse lorsqu'une voix que je connais bien mais qui avait commencé à se dissiper de mes souvenirs résonne dans mon dos. Je me crispe. Je cesse tout mouvement et fixe le sol, les poings contre le battant, le coeur dans la gorge.

— Arrête de crier, Rayle, j'ai mal à la tête.

Je ferme les yeux. Impossible. Je déglutis avec difficulté, sans me retourner.

— Tu as peur ?

— Moi ? Peur ? Tu rigoles, j'espère, Cassie ?

Je lui fais face, avec une expression faussement méprisante. J'essaye de faire fi de son air maladif, de sa faiblesse plus que visible. Couchée dans son lit d'hôpital, ma soeur me regarde avec un léger sourire jusqu'à ce qu'elle lève les yeux au ciel suite à mon mensonge évident. Elle ressemble à une gamine de quinze ans et non de neuf. Elle se redresse en position assise puis sort sa main de dessous sa couverture pour caresser ce qui ressemble étrangement à un renard. Je ne me pose pas de question : mes parents achètent toujours tout et n'importe quoi pour elle. Il n'y a qu'à voir les piles de livres qui comblent l'un des coins de la pièce ou les peluches de toute sorte qui agrémentent l'absence de décoration. Mais tout ça me dérange autant que si la chambre avait été vide : elle en a fait son nouveau foyer.

— Tu sais, tu peux t'approcher. Je ne vais pas te mordre, rigole-t-elle, je ne suis pas comme lui.

Elle me montre le renard qui se met à bouger et me fait frôler la crise cardiaque. Ce n'est pas une putain de peluche ! Je regarde ma soeur, scandalisé tandis qu'elle rit de mon comportement avant de tapoter sa couverture pour m'inciter à me rapprocher. Méfiant, je m'avance et viens plutôt me poster devant la table sur laquelle ont été parfaitement disposés différents cadres. C'est certainement mon père qui est à l'origine de ce rangement symétrique. Par simple esprit de provocation, je change de place tous les cadres avant d'en garder un dans mes mains. C'est une photo de moi, en costume, recouvert de champagne suite à l'une de mes merveilleuses idées qui consistait à retirer des coupes à la base de la pyramide de verre. La claque je me suis prise ce jour-là m'a retourné la tête. Je souris.

— Pourquoi t'as cette photo ?

— Je voulais garder un souvenir de l'une de tes idioties.

— Pourquoi celle-là en particulier ?

— J'en sais rien. Peut-être parce que tu as l'air fier malgré le champagne qui coule dans tes yeux.

Je hausse des épaules et repose le cadre avant de me retourner, bras croisés. Cassie me dévisage de ses yeux bleus globuleux qui l'ont toujours différenciée de moi. Elle est l'ange, je suis le démon. Ça a toujours fonctionné comme ça.

— Alors ? De quoi tu as peur ?

— De rien, je marmonne.

Cassie me lance un regard blasé qui me fait grimacer. Si je suis passé maître dans l'art de mentir à mes parents, je suis un vrai amateur face à ma soeur qui sait exactement quand je mens et quand je dis la vérité. Mes parents s'en sont toujours servi pour savoir si j'étais honnête avec eux. Ou ils auraient aimé s'en servir mais heureusement, Cassie a presque toujours été de mon côté. Pourquoi ? J'en sais rien. En tant que petit diable, j'ai dû la pervertir un jour sans le vouloir.

Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant