| CHAPITRE 23 |

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• Au Menu : tensions, désaccords et peut-être coups de feu s'il y a des gourmands •

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...RAYLE...


J'ai l'impression d'expérimenter mon propre chemin de croix. J'ai l'impression que toutes les étapes que nous vivons me mèneront directement à la mort, comme Jésus savait qu'il allait souffrir puis mourir à la fin de la montée au calvaire, en portant lui-même sa croix.

Je regarde l'arme que j'ai dans la main et sens mon coeur se serrer. Peut-être suis-je moi aussi en train de porter ce qui sera à l'origine de ma mort ?

Super, Rayle, tes pensées sont d'un déprimant.

Je lève les yeux au ciel à mon propre commentaire interne et à mon pessimisme naturel et coince mon flingue dans ma ceinture avant d'enfiler ce qui va parfaire mon déguisement. Pas moyen que Vassili et les Russes me reconnaissent habillés comme je le suis. Je n'ai ni mon perfecto, ni mon khôl caractéristique autour de yeux, pas de rouge à lèvres non plus.

On dirait un putain de mort préparé par un thanatopracteur.

Je suis habillé comme le serait un homme à la botte de Natale Mancuso, c'est-à-dire dans l'un des accoutrements que je préfère : un beau costume d'hommes d'affaires sur les épaules. Je n'ai pas de cravates, ma chemise s'ouvre sur mon torse, laissant entrevoir des bijoux bling-bling et je porte une paire de lunettes aviateur qui cache mes yeux sombres de zombie en manque de cervelle humaine.

Et comble de tout, je suis blond comme les blés.

Si je meurs dans cette tenue, je ne serai pas vraiment en colère.

Je serai beau, séduisant et classe pour un macchabée.

L'angoisse me prend aux tripes. Aujourd'hui, je suis seul. Je vais revoir notre patron sans que Bogdan ou Lucas ne soient à mes côtés pour partager la haine que je voue à ce putain d'aveugle de mes deux. J'aurai très envie de lui tirer une balle en plein entre ses deux yeux mais je devrais me contenir parce que ça ne fait pas partie du plan et que je n'ai pas envie de tout niquer. Comme d'habitude.

Aujourd'hui, je suis italien jusque dans mes orteils. Aucun problème pour ma part, la Sem'ya m'a appris beaucoup de choses, dont les langues, l'italien en faisant partie. Alors je n'aurai aucune difficulté à me faire passer pour un mafioso aux côtés de Natale Mancuso pendant le rendez-vous au restaurant Lozhki iz serebra (Cuillères en argent).

Mais je stresse. Parce que j'ai toujours fait mes missions avec Bogdan, Lucas... et Sergueï. Cette fois-ci, ces deux-là jouent en duo pour aller éliminer Sasha et Ivan et leurs fidèles tandis que je me la joue solo avec les mafiosi.

Tout ça pour venger notre ami.

— Tu te fais beau pour Orlov ?

Je sursaute et me tourne vers Natale qui se tient dans l'encadrement de la porte de la salle de bain. Je grimace. Absolument pas. Ça ne me viendrait même pas à l'esprit.

— Prêt ? On y va.

Le parrain de la pègre américaine fait demi-tour et je lui emboite le pas. Nous descendons au rez-de-chaussée de la bâtisse dans laquelle nous nous sommes établis hier vers midi, lorsque nous sommes arrivés aux alentours de Saint-Petersbourg. C'est l'une des résidences de Dmitri qui, lui, est resté aux côtés de Vassili comme un bon bras droit loyal et fidèle. Risible. Nous sommes beaucoup, en réalité et je me surprends à penser que nous avons peut-être une chance de gagner.

Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant