| CHAPITRE 28 |

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• Houston, nous avons un dilemme •

~ ♥︎~

...RAYLE...


Légèrement ailleurs, je fais tourner les olives piquées par le cure-dent dans mon martini à la couleur limpide un moment avant d'amener ma coupe à mes lèvres afin de détendre mes combats internes. J'ai dû avoir l'air sincèrement pathétique l'autre jour. Pourquoi est-ce que je me suis confié de cette manière au juste ? C'était ridicule et je me suis senti extrêmement con lorsque Lucas s'est mis à me questionner lorsque nous nous sommes retrouvés au motel. Même si ça a eu l'air d'amadouer Léora Lane, je n'aurai jamais dû dire un truc pareil. Raconter cet épisode de ma vie avec autant de sincérité ne me ressemble pas du tout. Bien sûr, tous les As sont au courant de ce jour où je n'étais pas présent à la mort de ma soeur mais aucun d'entre eux ne savait à quel point ça pouvait me ronger. Oui, on nous a obligés dès la formation de notre groupe à dire tous nos traumatismes ou tes les évènements plus ou moins inhabituels qui ont marqué notre existence afin qu'on connaisse nos faiblesses respectives mais j'ai toujours fait en sorte de garder l'image que j'avais de moi-même pour moi.

A quoi ça servait qu'ils sachent que c'est contre moi que je suis en colère en permanence ?

Bon, il s'avère que j'ai aussi légèrement modifié ma version des faits pour que ça colle avec Léora. Je n'allais quand même pas dire que c'est un mafieux russe qui m'a trouvé dans une rue, ruisselant de sang et totalement à côté de la plaque. Vlad Iakimov, le frère de Sergueï m'a emmené dans l'appartement qu'il occupait à Toronto pour me soigner. Je ne suis jamais allé ni à l'hôpital ni au poste de police et j'ai su que ma soeur de neuf ans, atteinte d'un neuroblastome : une tumeur touchant au système nerveux diagnostiquée trop tard, était morte par l'intermédiaire de cet inconnu qui savait presque tout de ma vie sans que je ne sache pourquoi.

Je bois d'une seule lampée la fin de mon martini et regarde distraitement les olives qui restent dans le vide de mon verre, les dents serrées. Je n'ai pas du tout la tête à commettre un meurtre ce soir...

Quand peut-on avoir envie de commettre une telle atrocité, vous me direz...

Je n'ai envie de rien, ou juste de me morfondre, abattu par le souvenir de ma soeur qui aujourd'hui aurait quinze ans si ce putain de cancer ne l'avait pas attaquée sournoisement, sans prévenir. Je me suis toujours dit que la terre se serait mieux portée si j'avais été la victime de cette tumeur. Jamais ma soeur ne serait devenue ce que je suis aujourd'hui. Elle aurait certainement contribué à des choses plus positives, moins sombres, plus épanouissantes et moins déprimantes. C'est moi que la vie aurait dû choisir d'évincer de cette planète avant que je ne devienne moi-même une sorte de cancer pour n'importe quelle population, pour n'importe quel être humain qui croise mon chemin...

Mais la vie est injuste, je devrai le savoir depuis le temps.

— Un autre, s'il vous plait, je demande au serveur qui me sourit avec peine comme s'il savait ce qui me torture l'esprit depuis plus de six ans.

Une fois mon deuxième verre d'alcool devant moi, j'essaye de reprendre mes esprits. Je ne dois pas penser à ça. Je dois juste me concentrer sur la mission qui m'incombe. Je ferme les yeux, prends une grande inspiration avant de passer ma main dans mes cheveux roux afin de me recoiffer un tant soit peu. Si je suis à ce bar, dans un hotel de luxe, habillé comme un héritier de famille aristocrate, affublé d'une perruque de rouquin et de lentilles d'un vert sombre, c'est parce que notre dernière cible à exécuter va dans peu de temps entrer pour se détendre après une autre journée de campagne.

Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant