Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉ

| CHAPITRE 9 |

• Dans les tréfonds de l'âme, se cache notre véritable visage qui ne veut que se libérer de la morale •

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...DAN...

Je me regarde une dernière fois dans la glace du pare-soleil pour voir si je suis aussi fidèle que possible au magnifique portrait robot que je vois de partout en ce moment. Il ne faudrait quand même pas que je déçoive les policiers, n'est-ce pas ?

Je remets le pare-soleil en place et sors de la voiture que j'ai dérobée ce matin pour marquer le coup. Sous la proposition de Rayle qui aime pas mal les voitures, j'ai volé une vieille cabriolet à un bourge du Wellside. Facile comme bonjour ! Et puis, ce n'était pas désagréable de faire le tour de la ville dans cette bagnole. Mais fini l'amusement enfantin, place au divertissement pour adulte. Je souris en ajustant mon blouson en cuir et en abattant la capuche du sweat que j'ai volé à Lucas, même si ce n'est pas totalement ma taille, sur ma tête puis je me dirige vers les portes du Département de Police, écouteurs dans les oreilles.

Je n'aurai jamais pensé que me livrer aux flics me rendrait aussi heureux. C'est plutôt comique. J'ai passé toute mon adolescence à les emmerder du mieux que je le pouvais, à les fuir pour les faire courir et perdre les kilos qu'ils avaient en trop à cause de l'absence de régime cuisant. Et voilà que je vais entrer de mon propre grès dans leur repère. Incroyable ! Qu'est-ce que diraient les flics de mon bled en me voyant faire un truc pareil ?

Je pousse la porte en écoutant tranquillement une belle chanson sur la liberté pour être encore plus dans la contradiction et avance avec un pas serein entre les flics qui s'activent sous mon regard moqueur. Je finis par m'arrêter au milieu des bureaux, prêt à entamer un nouvel acte de la grande pièce de théâtre mise en scène par la Sem'ya de l'autre côté de l'Atlantique. Je balaye les environs des yeux en commençant enfin à attirer l'attention puis repère ma cible en train de donner des ordres à certains inspecteurs de police, plus concentré que jamais. Mon rictus s'agrandit alors que je sors de ma poche l'objet ultime de mon déguisement puis je me dirige tout droit vers le grand Commissaire Kit Cowan après avoir laissé tomber ma capuche.

— Bravo, Commissaire ! je m'exclame ce qui interpelle tout le monde et surtout l'intéressé qui se tourne dans ma direction. Cher Virtuose, vous êtes en état d'arrestation. Je l'ai bien dit, Cowan ?

Je brandis mes mains menottées devant moi et penche la tête, insolent. En une minute, je me retrouve visé par un bon nombre de flingues mais je n'en suis pas effrayé pour autant. Ce n'est pas comme si c'était la première fois que je voyais le dangereux canon d'une arme pointé sur mon beau visage. J'arque un sourcil et souris au Commissaire qui se jette sur moi en même temps qu'une femme qui n'a pas l'air très commode.

— Je vous laisse vous octroyer tout le mérite de mon arrestation. Vous pouvez vous féliciter, Commissaire.

Il me foudroie du regard et quelques minutes plus tard, je me retrouve dans cette pièce si familière. Aucune originalité. Vraiment, toutes les salles d'interrogatoire ou de dégrisement se ressemblent. Ils pourraient quand même mettre un peu d'ambiance, pourquoi pas une musique d'attente pendant qu'ils se mettent tous d'accord sur la manière à employer pour me faire parler, me faire avouer mes crimes ! Et quels crimes ! J'ai beaucoup à dire, beaucoup à confesser, peut-être même que la présence d'un petit prêtre serait nécessaire pour tranquilliser les esprits des pauvres âmes qui vont vouloir écouter mes récits. Je n'ai pas pour habitude de lésiner sur les détails.

Après tout, c'est bien pour cela que le patron m'utilise : pour faire une grande et longue diversion afin qu'aucun de ces policiers ne s'attardent sur ce qui nous intéresse vraiment.