| CHAPITRE 15 |

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• La pitié est un sentiment qui s'adapte à chaque individu •

~ ~

...ROSE...


Je suis inquiète.

Comme 99% du temps.

Et ça me bouffe toute mon énergie mais je fais en sorte de puiser dans mes ressources vitales, me rassérénant à l'aide de chocolat chaud avec de la chantilly ou de fruits que je mange entre mes différents services pour survivre à mes journées. Je n'ai pas compris pourquoi mais depuis quelques temps, on a changé mes horaires si bien que j'ai repris un rythme de vie normal, c'est à dire que je travaille le jour et dors la nuit et je ne peux qu'avouer que cela fait un bien fou d'être synchrone avec le monde. Vivre en décalé me coûtait énormément et je n'avais pas trop de temps à consacrer à ma soeur qui a bien besoin de moi en ces temps particuliers.

J'ai été heureuse de pouvoir manger avec elle il y a deux jours, le midi. C'était la première fois depuis longtemps et je ne m'étais pas rendue compte d'à quel point ça m'avait manqué. Et puis, ça m'a permis d'être sûre d'une chose : Léo ne va pas bien. Même si elle n'a de cesse de dire le contraire, je ne suis pas dupe et je la connais par coeur. Il n'est pas difficile pour moi de savoir exactement quand ma soeur est tourmentée bien qu'elle soit passée maitre dans l'art de camoufler ses sentiments depuis toute petite. Et ça s'est d'autant plus vu à cause du fait qu'à cause de ma maladresse surprenante, elle a croisé le Virtuose une nouvelle fois... Je m'en veux depuis. Comment ai-je pu oublier que c'était le jour de son arrivée à l'hôpital ?

Comment as-tu pu être aussi négligente, Rose ?

En claquant la portière de ma voiture, je fronce les sourcils, en m'agaçant contre moi-même. Je n'ai jamais été tête en l'air, je n'oublie jamais les faits importants et encore moins les événements qui pourraient avoir une quelconque incidence sur l'état de ma soeur. Et même si j'ai été très occupée ces derniers temps, rien ne justifie cette inadvertance que je ne referai plus.

D'un pas à la fois sûr et préoccupé, je me dirige vers le bâtiment principal. Mon cerveau est en surchauffe : je pense à bien trop de choses à la fois et je sais que je devrai parfois ralentir la multiplication de mes sujets de pensée mais un nombre faramineux de problèmes occupent mon esprit. Le plus gros est le fait que ma soeur ne veuille pas se confier à moi et me mente sciemment. Je ne veux pas la brusquer ni la forcer à me parler de ces ressentis mais être impuissante face à sa détresse me rend malade.

Encore plus depuis que j'ai appris par Rina que Léo a refait une crise dernièrement, et plutôt violente. Ma soeur ne m'en a même pas parlé... Je soupire et décide de mettre cette angoisse familiale de côté lorsque j'arrive devant le bureau du directeur pour affronter un autre problème. J'ai été convoquée par ce dernier hier : je ne sais pas s'il s'agit d'une bonne ou d'une mauvaise nouvelle mais la nervosité a commencé à s'insinuer dans mon être depuis l'appel que j'ai reçu de lui hier soir, alors que je venais à peine de rentrer chez moi.

Il m'a juste dit que je devais venir dans son bureau à 8h, avant de faire quoi que ce soit d'autres. Aucun autre détail.

Malgré les questionnements qui aggravent mon angoisse, je demeure parfaitement impassible et professionnelle au moment d'entrer dans le fameux bureau après avoir toqué à la porte.

— Bonjour, Rose.

— Bonjour. Vous vouliez me voir ?

— Oui, asseyez-vous.

Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant