Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉ

| CHAPITRE 2 |

• Les dissonances troublent les âmes •

~ ☀︎ ~

...LEO...

Quand nous arrivons dans l'appartement, nous nous dirigeons directement dans la salle du fond. Il y fait noir.

C'est normal il ne fait pas très beau et la nuit commence à tomber mais c'est aussi à cause des volets clos. Je tire les rideaux et laisse la lumière artificielle de la ville faire briller un peu les instruments et les chevalets.

Comme ma mère, je décide d'ouvrir la fenêtre, même si ça c'est rafraîchi. Les habitants ne vont pas dire non à un peu de musique. Il n'est pas si tard non plus alors je ne risque pas de déranger les gens.

Avant de faire quoi que ce soit, je fais toutes les démarches par rapport au vol de mon cher téléphone ; j'appelle mon opérateur pour bloquer la ligne, mon assurance ainsi que le commissariat pour porter plainte puis je change mes mots de passe comme le conseille un site internet.

C'est vraiment pas de veine...

Après avoir fait tout ça, je vais chercher un saladier que je remplis de chips puis attrape trois bières et un décapsuleur pour nous mettre un peu plus à l'aise avant de rejoindre les filles installées sur le canapé de la pièce de musique. Je pose le tout sur une petite table et m'assoie sur une chaise en attrapant ma guitare.

Tout en mangeant un peu, buvant et cherchant des chansons pour moi, Yoko nous raconte ses soirées et les rencontres qu'elle a faites récemment.

Nous parlons de ses rares conquêtes, des conneries de Rina et des projets musique et boulot que j'aurai potentiellement envie d'approfondir cette année.

Le temps passe très vite et à aucun moment nous nous ennuyons. Je dois même empêcher Rina de dévaliser le frigo et c'est moi, tout à coup responsable, qui arrête notre consommation de bières et de charcuteries.

Je me rends compte qu'on a vraiment besoin de peu pour prendre des fou-rires ensemble quand je regarde Rina qui imite son frère dans l'entrée de la pièce, en exagérant son côté bougon.

Mais j'éclate de rire lorsque cette dernière se prend violemment la porte qui s'ouvre d'un coup.

Elle lâche un hurlement et, fidèle à elle-même, fait la comédie jusqu'à la fin en geignant de douleur pour finir par terre, aux pieds de Rose qui la regarde comme si elle avait un grain.

Yoko se retient de rire, le poing collé à sa bouche tandis que je ne me gêne pas pour succomber à ma crise.

— Tu m'as tuée, marmonne Rina.

— Salut à toi, Rina, ricane ma sœur avant d'ajouter en jetant un coup d'œil aux cadavres de bouteilles, bien alignés par les soins de Yoko sur la table basse. Ce sont des bières qui vous ont rendu soûles comme ça ?

— Possible, je réponds en souriant.

À sa voix, Rina ouvre les yeux et se retrouve en une seconde sur ses deux pieds, à la limite de faire le salut militaire sous le regard jaugeur de Rose.

Tout à coup mal à l'aise, Rina se gratte la nuque et sourit maladroitement.

Rose a toujours eu cet effet sur mes amies : on dirait qu'elle sort tout droit d'un camp militaire tant elle dégage une autorité perturbante et un sérieux intimidant.

Ma sœur est un peu froide par moments mais en la connaissant un peu plus, elle ressemble plus à un nounours qu'autre chose. Elle n'est pas du tout la même personne quand elle joue les infirmières que lorsqu'elle est à la maison, comme si elle avait deux personnalités très différentes.