| CHAPITRE 17 |

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• L'innocence qu'on croyait morte ressurgit parfois dans de simples moments de vie •

~ ☀︎~

...LEO...


C'est un miracle. Je n'y crois toujours pas si bien que je continue d'afficher un sourire idiot en regardant les autres étudiants quitter l'amphithéâtre dans un brouhaha ambiant qui, avant, ne me servait que comme réveil.

J'ai réussi à suivre mes cours !

J'ai envie de chanter ma joie mais je me retiens et me contente de regarder la salle se vider petit à petit avant de ranger mes propres affaires dans ma besace. Je suis plutôt fière de moi : je ne me suis pas endormie une seule fois de toute la journée. J'ai pris des notes, comme toute étudiante normale et j'ai compris l'intégralité de ce que racontaient mes profs. J'ai même vaincu le sommeil pendant le cours de M. Winston, le somnifère ambulant. Je souris toujours. Décidément, je crois que ma semaine a bien commencé et que ma mauvaise passe - qui a duré un peu trop longtemps - est terminée. Finalement, le Droit n'est pas aussi ennuyant que ce que je pensais.

Je regarde ma montre et m'active un peu pour me rendre au lieu de rendez-vous donné par Léon samedi soir. Je dois le voir dans le parc pour passer un peu de temps avec lui et le filmer en train de faire des pirouettes suicidaires.

C'est une belle journée.

Mais alors que je passe la lanière de mon sac sur mon épaule, deux filles et un mec m'interceptent et m'empêchent de quitter mon siège. Je les interroge du regard, sans savoir ce qu'ils attendent de moi avec leur sourire et leur regard curieux et mets mon casque autour de mon cou, bien que l'envie de l'installer sur mes oreilles et déclencher ma musique pour leur montrer que je n'ai pas le temps de parler avec eux me titille.

— Je peux vous aider ?

— Léo, c'est ça ? Ça fait un moment qu'on voulait te parler, déclare l'une des filles.

J'arque un sourcil et la dévisage un moment. Je la reconnais ; elle fait partie de ma promo mais je ne lui ai jamais adressé la parole. L'idée de discuter avec elle ne m'a jamais effleuré l'esprit. Une seconde d'observation de plus et je comprends pourquoi je ne suis jamais allée à sa rencontre : cette fille est parfaite. Son maquillage, son visage, sa coiffure, ses tenues, même ses notes... tout, absolument tout est parfait chez elle et je me sens automatiquement méfiante parce que ce sont les gens d'apparence parfaite qui m'ont mené la vie dure pendant ma dernière année de lycée. Je tire sur mon écharpe pour cacher mon cou et une partie de mon visage et lui demande ce qu'elle veut d'une toute petite voix. C'est son amie brune qui me répond :

— Ça fait quoi d'être célèbre ?

— Pardon ?

— T'es la fille qui a rencontré le Virtuose et qui est toujours vivante ! Tout le monde te connait maintenant, ou presque. Ça fait quoi ?

— Je... je...

Déboussolée, je n'arrive pas à aligner trois mots. Mon regard passe de la brune à la fille parfaite puis au garçon qui attendent tous une réponse construite et surtout compréhensible mais je suis trop surprise pour leur répondre. Pourquoi me demandent-ils ça ? Je déglutis. Est-ce que je leur mens ou je leur avoue que j'aurai préféré rester anonyme jusqu'à ma mort ? Attirer l'attention est ma hantise et à cause du Virtuose, le monde a tourné tous ses projecteurs sur moi, m'éclairant de mille feux afin que tous puissent graver mon visage dans leur mémoire. Ils ont mis en avant une figurante au lieu de se focaliser sur les acteurs de ce monde, ceux qui appellent la célébrité et qui la choient.

Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant