| CHAPITRE 9 |

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• Ce qui, en Europe, s'est passé, t'est enfin presque dévoilé •

~ ☀︎ ~

...LEO...


Jamais je n'aurai pensé mettre un pied dans un tel endroit un jour. De là où elle se trouve, Rose doit certainement être en train de me réprimander sur mes choix. Pour ma part, je ne peux détourner le regard des femmes qui dansent lascivement sur des estrades, avec une technique magnifique autour des barres de pole-danse. Même si la chaleur, les lumières qui illuminent les corps presque totalement dévêtus, les expressions des hommes et des femmes qui profitent des services du club et le nombre de clients présents malgré l'heure tardive me donnent la migraine, je n'ai pas envie de partir en courant comme je l'aurai d'abord pensé parce que mon attention est rivée à ces femmes. Pourquoi ? Parce qu'elles dansent comme si personne ne les regardait, comme si elles étaient seules. Elles donnent cette impression de confiance absolue en leur corps, en leur beauté, en leur unicité. Je sais très bien que leur prestation est dirigée aux clients qui les contemplent en buvant, les yeux souvent luisant de désir à peine caché mais j'ai la sensation qu'elles dansent toutes pour elles-mêmes et je me fais la réflexion que j'aimerais être capable d'afficher une telle confiance en moi.

Perdue dans la contemplation de ses femmes qui semblent à mon extrême opposé, je sursaute quand la voix doucereuse de l'une d'entre elles résonne à ma gauche.

— Välkommen (Bienvenue) au Red High Heel !

Je tourne la tête et vois le visage d'une stripteaseuse entre le Canadien et le Français. Impossible de donner un âge précis à cette femme dont le sourire est plus charmeur que bienveillant à cause du maquillage qui uniformise la couleur de sa peau, affine ses traits, fait ressortir le bleu lagon de ses iris pour le rendre plus hypnotique et de ses cheveux auburn qui ondulent avec grâce autour de son visage. Zéro cernes, presque pas de rides... En fait, je suis surprise de faire face à une femme qui ne doit pas avoir plus de trente-cinq ans. Moi qui pensais que Natali avait dans la cinquantaine, comme le parrain... je me suis trompée.

Son visage est parfait pour que sa vision soit agréable à tous. Mais il n'y a pas que son visage qui doit être agréable à la vue si j'en crois la tenue qu'elle porte sans honte. Seuls un soutien-gorge à dentelle, un string et des portes jarretelles noirs l'habillent accompagnés de très hauts talons aiguilles rouge sur lesquels elle est perchée.

Ça me fait penser à mon propre ensemble noir en dentelle que j'ai acheté et que je n'ai jamais porté, il y a de cela presque une éternité on dirait...

Le regard malicieux, la femme commence à parler en russe aux garçons si bien que je n'y comprends rien du tout. Etonnement, son comportement me paraît d'une fausseté dérangeante. On dirait que chacun de ses gestes, que son ton est calculé. Étant dans l'incompréhension la plus totale, je me contente de suivre docilement les As et la femme jusqu'à une table vide à laquelle nous nous asseyons tous, laissant cependant mon regard suivre les mouvements d'une métisse qui danse à ma droite. J'écoute très peu ce qu'ils racontent. Serai-je capable de me dévoiler ainsi, d'avoir autant confiance en moi un jour ?

Tout à coup, on m'inclut brutalement dans la discussion. Ou du moins, c'est ce que je comprends en remarquant que Natali me regarde de ses grands yeux bleus curieux et que les garçons ont également rivé leur attention sur moi. Embarrassée, je rougis et me mords l'intérieur des joues en cherchant de l'aide dans le regard de Bogdan. Je n'ai absolument pas écouté ce qui s'était dit et même si j'avais écouté, ça ne m'aurait pas plus aidé...

— Pardon, je ne parle pas russe, fais-je en anglais.

Les yeux de Natali s'illuminent et elle jette un coup d'oeil étrange à Dan.

Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant