| CHAPITRE 12 |

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• Le monde est trop bruyant pour que je me mette, moi aussi, à parler pour ne rien dire •

~ ♦︎ ~

...SERGUEÏ...


— Tu as décidé de me tuer aujourd'hui ?

Je n'écoute pas les plaintes sans intérêt de mon opposant et envoie mon poing dans son épaule pour le déséquilibrer. Sans grande surprise, à cause de la fatigue musculaire due à notre entrainement intensif matinal, Rayle titube et se protège immédiatement en croisant ses bras devant lui. Je souris et lui balaye les jambes, provoquant immédiatement sa chute sur le sol dur de l'appartement. Il gémit et lâche un grognement presque animal en laissant son corps tomber à la renverse. Couché par terre, il semble presque mort. La seule chose qui le différencie d'un cadavre est son torse en sueur qui se soulève avec une rapidité satisfaisante. Je baisse mes poings et entreprends de détendre mes muscles pour m'éviter de douloureuses courbatures le lendemain, sans me préoccuper de l'épave échouée en plein milieu de la pièce. J'étire ma nuque, mes bras et mes jambes avant d'aller attraper une bouteille d'eau dans le frigo et d'en boire le contenu sans me hâter.

J'entends vaguement Rayle marmonner ce que je suppose être des insultes, ce qui ne m'étonne pas trop venant de ce dernier alors tout en buvant consciencieusement, je me saisis du bocal à injures et le pose à côté de sa tête, en prenant soin de faire tinter les pièces.

— J'ai rien dit ! S'exclame-t-il en se redressant d'un coup.

Je m'assois sur l'un des fauteuils et le fixe, très peu convaincu. Il fronce les sourcils et me fusille du regard, à deux doigts de me montrer son majeur. Rayle est prévisible malgré son impétuosité irascible. Je sais très bien qu'en cet instant, il est en train de me maudire pour l'avoir fait quitter son lit afin qu'il s'entraine avec moi. Il doit certainement haïr Bogdan en ce moment même : à cause de l'absence de mon ami d'enfance, il se retrouve seul avec moi et l'obligation de remplacer ce dernier. J'ai l'habitude de me maintenir en forme avec Bogdan qui est un bien plus grand adversaire que Rayle même si ce denier se débrouille quand même bien.

Il ne ferait pas partie de notre groupe, si ce n'était pas le cas.

Avec notre mission qui n'implique pas de trop grands efforts physiques, il faut bien que je fasse quelque chose pour garder mes réflexes et mes techniques de combats inchangées et parfaites. On ne sait jamais. Des fois qu'on serait attaqué par des voleurs un peu trop téméraires.

— T'as fini ? Je peux aller me recoucher maintenant ?

Si j'avais été à la place du patron, la capacité de Rayle à râler m'aurait dissuadé de l'employer. Il me fatigue l'esprit et se plaint toujours à voix haute, parasitant souvent mes pensées. Et avec les nouveaux ordres de Sasha et du patron, j'ai vraiment besoin de cogiter pour anticiper ce que nous allons devoir faire. Le fait qu'il pousse Bogdan à se rendre m'a pris de court bien que cela soit en fin de compte plutôt logique et astucieux. Je trouve quand même cela risqué étant donné que tout se fait à une vitesse très peu habituelle et que j'ai dû me familiariser très vite avec tous les détails par rapport l'affaire qui concerne mon meilleur ami. Je ne doute pas de mes capacités en tant qu'avocat ponctuel mais je ne dois pas me tromper : faire en sorte que le juge accepte d'interner Bogdan n'est pas une mince affaire.

Même si les pots de vin de la mafia vont certainement aider.

Après tout, ce procés n'est que de la poudre aux yeux pour les gens lambdas qui ont besoin de croire en la Justice. Je bois une autre gorgée au moment où, de son plein grés, Rayle lâche :

Cruelle Virtuosité | T1, T2 & T3 | TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant