La régisseuse n'était pas vêtue tout entièrement de noir, cette fois-là ; et c'était pour ça que mes yeux l'avaient examiné la première. Elle portait une sorte de chemisier blanc cassé qui, dévoilant les courbes voluptueuses de sa gorge, descendait le long de ses côtes, pareille à une fine cascade d'eau calme, seyant à merveille la générosité de sa poitrine ; toute sa chair semblait surgir de cette fente béante, cette façade nue, qu'aucun sous-vêtement, ou autre subterfuge, ne retenait.
Ce haut joignait, à mi-chemin de son ventre, dans une fusion brusque et nettement marqué par un raccord de fil d'or, un corset noir, tirant quelque peu sur le bordeaux ; il finissait sa course en un court pan de tissu, doucement posé entre ses cuisses, qui offrait à l'imagination la soif du regard. Et ses bras et ses jambes, de toute leur longueur exquise, se laissaient deviner sous des bas et des gants d'une toison serrée et ocre pâle.
– Bon... Bon... bonsoir, balbutiai-je.
– Bonsoir, répondit la régisseuse.
Elle avait dans ses yeux un tout autre regard ; un regard qu'elle ne m'avait jamais adressé. Elle était une toute autre personne, et plus rien de dangereux ni de calculateur s'animaient au fond de ses prunelles. Ses joues s'étaient même teintées d'un petit rose discret ; et les coins de ses yeux, les commissures de ses lèvres, dans un mouvement synchrone, s'étirèrent en un sourire franc.
– Assieds toi, Andréa, me dit ensuite la reine d'une voix douce, le sourire aux lèvres.
Elle m'avait invité à me poser à côté d'elle d'une petite tape sur le tapis, mais, elle m'avait surtout tutoyé.
La reine avait changé de tenue ; et à l'instar de la régisseuse, elle était tout aussi ravissante, voire plus encore.
Sa chevelure n'était plus attachée dans ses multitudes de tresses fantaisistes ; sa tête, nue de couronne, portait ses cheveux légèrement en pagaille avec une fierté certaine. Sa physionomie princière, de grande déesse à la peau discrètement halée, entourée par cette masse d'or effilée que la lumière sublimait d'une chaleur gaie, avait une aura divine. Une aura de tentation absolue, de cette beauté ineffable qui vous saisit et qui vous transperce de part en part ; de cette beauté défendue qu'aucune dévote ne peut ignorer.
Et c'était comme si le soleil finissait sa course pour donner à la reine ses derniers rayons, pour qu'elle puisse briller à son tour.
Sa fine robe commençait au ras de son cou, l'épousait parfaitement, et descendait le long de son corps sans discontinuer, sans se plier une seule fois telle une deuxième peau ; elle la couvrait simplement, d'une seule traite, comme un coup de pinceau vertical, laissant paraître, de chaque côté, sans une once de honte, ni de gêne, ses formes. Ses formes qui m'enjôlaient et qui me charmaient plus que de raison. Et comme si ce n'était pas assez, comme tout cela n'était pas suffisant, je voyais poindre ce détail si discret, mais si voyant à la fois ; ces deux petites pointes timides au milieu de sa poitrine.
La bête grivoise s'éveillait en moi pendant que, tant bien que mal, je m'étais assise près de la reine, haletante, comme prise dans un étau, essoufflée par une course de mes sens, par les frissons qui me parcouraient de loin en loin. Je me sentais privilégiée d'être avec ces femmes sublimes. Je me sentais écrasée face à leur halo d'érotisme, comprimée par cette atmosphère de luxure absolue. C'était tout un chamboulement qui s'opérait en moi ; et la chimie de mes hormones bouillonnait à plein régime.
– Tu as apprécié ton bain ? me demanda la reine.
– Oui, dis-je dans un murmure.
– Pripa te convient ?
– Oui, répétai-je.
– Tu n'es pas très bavarde, remarqua-t-elle avec un léger sourire.
Puis, après un silence, la régisseuse continua sur le même ton :
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Royal lagoon (GxG)
FantasyÀ l'annonce de la découverte d'un nouveau trou bleu, un groupe de jeunes explorateurs se rendent dans le triangle des Bermudes pour tenter de percer son mystère. Chacun a ses raisons d'y aller : la soif de gloire, de richesse ou de reconnaissance...