Je m'étais laissée entraîner dans cette eau chaude, sans crainte ni résistance ; et une excitation étrange, nouvelle, émergea en moi. Il troublait quelque peu mon bas-ventre par des pétillements épars ; une sensation que je ne comprenais pas encore, mais qui ne m'était pas désagréable. Une bouffée de chaleur, soudaine et vivace, dû à la source chaude ou à cette situation – je ne le savais point – m'avait saisi tout le corps et l'une des femmes par la taille.
Elle m'immergea jusqu'aux épaules et le contacte doux de sa peau, tiède par rapport à l'eau, me grisa sur place. Je sentis son bassin s'appuyer d'une faible pression contre mes reins, et bientôt le reste de son corps se collait au mien, de son ventre jusqu'à ses épaules. J'ai pu sentir ses seins se plaquer contre mon dos. Ils étaient fermes, et ma perception avait sous-estimé grandement sa taille. Une fois de plus, j'eus le réflexe de me retirer, mais, d'une main agile et non moins directe, elle me ramena vers elle, plus fort encore que la première fois.
Ses mains glissaient le long de mes cuisses à contre-sens de mes frissons, et son ricanement malicieux, presque imperceptible, chatouillait mes oreilles. Elle effleura de ses lèvres humides la base de mon cou et une envie irrépressible embrasait les miennes de lui rendre son baiser.
L'autre femme avait ramené une sorte d'éponge, ainsi qu'un petit récipient qu'elle fit flotter à la surface de l'eau. Il contenait un liquide visqueux, d'une couleur rose pâle, et dont le parfum était fort agréable à humer ; un mélange de rose, de jasmin et un arrière fragrance de santal, et très vite cette senteur sensuelle et puissante enveloppait toute l'atmosphère.
J'étais comme prise entre ces deux femmes. Une derrière et l'autre devant. Et celle qui me faisait face passa l'éponge, imbibée de cette sorte de savon, sur ma peau. Elle frottait, d'une douceur extrême, chaque centimètre de mon torse, de mes seins, de mon ventre, de mes bras, de mes mains et de mon cou ; elle tâchait de garder ses yeux fixés sur les miens ; d'un bleu parfait, j'aurais pu m'y perdre aussi longtemps qu'avait duré ce bain.
Ma respiration s'accéléra et ma poitrine se soulevait au rythme grandissant de mes inspirations, de plus en plus sonore. J'osai enfin balader mes mains, à mon tour, sur le corps nu de cette femme. Et j'eus perçu, sous mes doigts timides, encore hésitants, un délicat soubresaut. Je laissai alors reposer mes deux mains sur ses hanches, charnues et fermes à la fois. Et j'eus clos mes yeux afin de profiter de cet agréable moment.
Les baisers donnés par son amie, de plus en plus fort, insistants et brûlants, m'excitaient, beaucoup. Je m'étais jamais posé la question auparavant, mais le fait est que ces femmes me procuraient plus d'envie et de plaisir qu'aucun n'homme m'avait donné, répondait à cette interrogation. Il semblerait que j'aime les filles. Première nouvelle. Et que les filles m'aiment. Deuxième nouvelle.
Alors, perdue dans cet instant de béatitude, oubliant tous mes problèmes, le visage d'Hazel surgit dans mon esprit, tel un éclaire pourfendant la noirceur d'un ciel orageux. Et un puissant frisson me parcourut le corps de part en part, de haut en bas, comme si je venais d'inspirer une bouffée d'air pure et revigorante. J'ouvris les yeux, d'un coup d'un seul. Celle qui se trouvait dans mon dos me caressait la poitrine d'une main, couvrant insatiablement mon cou de ses lèvres ; et l'autre main, celle que j'avais oubliée, était plongée entre mes cuisses.
Je saisi le visage de l'autre, et plaqua ses lèvres aux miens, d'un baiser vigoureux et sans gêne, je me permis de plonger ma langue dans sa bouche ; et nos souffles se mélangèrent, je m'étais complètement lâchée et libérée. Et quand l'air me manquait, je m'arrêtai, mais c'était elle, qui, aussi avide de passion que je ne l'étais, reprit le baiser interrompu.
Je sentais son bassin se frotter contre ma cuisse, dans un balancement maîtrisé, et son corps se coller contre le mien ; par cette étreinte charnelle et de nos gémissements respectifs, le silence religieux de la pièce fut vite balayé. Quelques fois, j'eus même étouffé, contre mon gré, des cris d'une jouissance pécheresse, qui pour la première fois de toute ma vie, me fit tourner la tête. J'étais comblée.
Et comme toutes bonnes choses ont une fin, cette expérience, qui m'avait ouvert de nouveaux horizons, n'avait pas échappée à cette règle absolue et intemporelle. Elles me sortirent de la piscine et me séchèrent à l'aide d'une serviette. Puis de la même manière qu'elle m'avait déshabillée, elle me couvrit délicatement d'un voile de soi avant de m'amener hors de cette salle.
Asenath et Hazel nous attendaient Ruth et moi. La première m'adressa un sourire en me voyant arriver, tandis que l'autre, resta de marbre, professionnelle. Et un instant plus tard, Ruth fit son entrée. Il m'avait fallu plusieurs secondes pour le reconnaître, c'était un tout autre homme.
Bien rasé et coiffé, il semblait avoir rajeuni d'une demi-douzaine d'années ; et portait fièrement son habit de soi, semblable au mien. D'un pas assuré, il me rejoignit, puis une fois arrivé dit, d'une voix rieuse :
– Si j'avais su qu'il me suffisait de chanter quelques chansons pour avoir un tel traitement, je l'aurais fait dès mon premier jour ! Croyez moi !
– Ne vous réjouissez pas trop vite, rétorqua Asenath avec un sourire indifférent, il vous reste encore à passer devant la reine.
– Après un moment pareil, je peux mourir tranquille, je vous assure !
– Ne parlez pas trop vite non plus, si mourir est votre souhait...
Hazel avait déjà fait un pas en avant ; et Ruth, de son air goguenard, continua :
– Je plaisante évidemment, je ne veux pas mourir tout de suite ! En vérité, j'espère jouir, une fois de plus – et plus si possible – de ce lieu. Et si jamais votre reine nous adopte, il va sans dire.
Je vis le regard d'Asenath changer, s'assombrir, comme si les paroles non mesurées de Ruth avaient froissé quelques mœurs dont nous ignorions encore l'existence. Je compris qu'il fallait faire taire ce bougre, sinon nos chances de survie allaient disparaître dans l'immédiat. Alors, prenant mon courage d'une main et Ruth de l'autre, je m'avançai :
– Ce qu'il veut dire, c'est qu'il apprécie, beaucoup, votre hospitalité et nous sommes ravi de passer devant votre reine. Et quelque soit son choix, favorable ou non, c'est un honneur pour nous.
Puis je lançai un regard noir à mon compagnon de fortune afin de le faire taire. Sa bouche entre ouverte, et j'avais supposé juste, allait déverser de nouveau, quelques mots stupides et phrases sans grandes réflexions. Ruth était un homme franc, direct et peu réfléchît. Un gaillard naturel, façonnait par le travail physique et la rudesse de son métier de pêcheur. Un très bon ailier quand il s'agissait de force brute, mais un piètre parleur en ce qui concernait la finesse sociale.
D'un accord tacite, conclu par nos regards, et pour nous sortir de là, je serais la tête et lui les bras.
Enfin, me tournant vers Asenath et Hazel, je dis, d'une assurance sans faille, les épaules et la tête hautes :
– Nous sommes prêts à donner à votre reine, la meilleure représentation qu'elle n'ait jamais eu.
VOUS LISEZ
Royal lagoon (GxG)
FantasyÀ l'annonce de la découverte d'un nouveau trou bleu, un groupe de jeunes explorateurs se rendent dans le triangle des Bermudes pour tenter de percer son mystère. Chacun a ses raisons d'y aller : la soif de gloire, de richesse ou de reconnaissance...