La grande régisseuse de l'ombre nous laissa seule à seule après un bref salut. La porte se referma sur le dos de Sigrid et la pièce se plongea doucement dans une pénombre rosée ; rosée par les minuscules flammèches des multiples bougies qui flambaient encore dans ma chambre. Je ne savais pas comment briser ce silence étrange, je n'osais pas faire le premier pas, prononcer le premier mot. Malgré son apparence inoffensive, chaste et fragile, Sigrid avait une aura puissante de luxure ; et de son pas lent et langoureux, elle s'avança vers le lit, dans un bruissement de tissus délicat.
Je déglutis.
Je voyais se dessiner, derrière le voile semi-transparent de sa robe de chambre, l'ombre de ses courbes. Et ma curiosité, à l'affût de tout et de rien, guidait mes yeux à la recherche d'une parcelle de chair que j'aurai pu, à son insu peut-être, zieuter. Mais je ne vis rien, seulement la pointe discrète de son sein gauche, celui qui n'était pas caché par la cascade dorée de sa chevelure. Ce détail, aussi petit qu'il était, extrapolé par mes pulsions nouvelles, éveillait en moi tout un tas de désirs qui ne demandait qu'à être assouvis.
Sigrid s'assit tout près de moi, trop près de moi et je sentais son parfum à chacune de mes respirations. Elle était aussi douce que celle qui la portait, un savant mélange de miel et de cannelle ; elle m'embaumait de cette odeur délicatement agréable et m'apprivoisait de son demi-sourire qui, devenant de plus en plus voyant, cachait une forte envie de jouer, de faire connaissance.
Je sentais mes joues s'empourprer et mon cœur rater un battement quand Sigrid posa sa main sur la mienne. Sa peau était chaude, drôlement chaude, de cette chaleur que l'on garde dans sa poche. Puis, elle mut son pouce dans une légère caresse, et déjà un frisson remontait le long de mon échine. Elle brisa le silence en premier, d'une voix suave et délicieuse :
– Vous voulez quoi, pour notre première nuit ensemble ?
Son vouvoiement avait fini de combler ce trop-plein de désir qui bouillonnait en moi depuis ma renaissance symbolique. Il était tel cette fameuse goutte d'eau qui fait déborder les vases, et le mien de vase avait explosé dans un feu d'artifice de vice, de luxure et d'envie ; et chaque morceau de verre, aiguisé par cette force inarrêtable, se plantait en moi et poussait en des pensées perverses qui bousculaient les restes de ma vie chaste et fade ; des pensées que je ne m'imaginais pas formuler un jour. Le champ des possibles n'était plus une route unique, mais une vaste plaine étendue à l'infini.
Mais ma bouche, contrairement à mes pensées, était encore trop timide pour dire ce que je voulais, les mots me manquaient. Après ce qui me semblait être une brève éternité, je chuchotai dans un souffle chaud, d'une voix balbutiante :
– Toi...
Sigrid comprit sans mal ce que je n'avais pas articulé. Elle commença par une longue et lente caresse sur tout mon bras ; et ses doigts fins, quelque peu charnus, d'une peau singulièrement rose, remontait ma peau toute frissonnante de cet effleurement fugace. Elle arrêta sa main au niveau de ma joue et y appliqua une faible pression, comme pour me rassurer de ce qui allait se passer et pour me mettre en confiance. La jeune femme se mordit la lèvre inférieure, avec un regard emplie de malice, avant de briser le contact fragile qui nous reliait.
De ses mains agiles, elle noua ses cheveux, cette touffe dense de filaments dorés au reflet de rose, en un chignon lâche ; et je vis son visage, teinté de cette lumière tamisée couleur chair, me sourire. Une vive chaleur remontait de mon bas-ventre jusqu'à ma cage thoracique, et mes mains frémissaient d'une impatience certaine ; je voulais, moi aussi, plonger mes doigts dans cette chevelure fauve.
Une fois terminée, elle dénoua la mince ficelle qui retenait son vêtement de nuit. Le tissu s'ouvrit d'abord au centre de sa poitrine, et déjà se dessinait au milieu de son torse le pli de ses seins, de ses rondeurs charnelles. Et dans une lenteur cruelle, qui amusait fortement Sigrid, sa robe descendait, s'arrêtant de temps en temps ; et l'espace d'un instant, d'une fraction de seconde, seuls ses tétons la retenaient, me privant de cette vision que j'attendais tant. Sigrid émit un rire amusé, puis écarta légèrement ses épaules pour se libérer de ce vêtement qui ne cachait plus rien.
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Royal lagoon (GxG)
FantasyÀ l'annonce de la découverte d'un nouveau trou bleu, un groupe de jeunes explorateurs se rendent dans le triangle des Bermudes pour tenter de percer son mystère. Chacun a ses raisons d'y aller : la soif de gloire, de richesse ou de reconnaissance...