Partie 2 - Chapitre 14

664 67 1
                                    

Hazel, dont les joues se couvraient d'un rose pâle, se tenait les bras tendus de part et d'autre de ma tête. Et c'était la première fois de toute ma vie qu'une femme, qu'une femme aussi belle, se tenait ainsi au-dessus de moi, juste au-dessus de moi. C'était aussi la première fois, je crois bien, que je ressentais, en plus d'une proximité physique, une proximité spirituelle. Et l'on se parlait sans prononcer de mot, se souriait sans bouger les lèvres, se comprenait par un simple jeu de regard, de battement de cils.

Ses cheveux tombèrent en cascade bouclée tout autour de mon visage, et les quelques mouvements imperceptibles qu'elle eut, les bougeaient dans des petites secousses à peine saisissables ; et seules les raies de lumière des torches scintillaient à travers sa chevelure dense.

Elle avait sur son visage ce ravissement des premiers jours, cette douce excitation, cette soif d'exploration des sens et des sentiments ; elle était grisée, je suppose, parce que moi si, grisée par ce voile d'incertitude qui se dissipe à chaque pas et à chaque émotion que l'on offre à son partenaire, à sa moitié ; et l'on sait que par-delà ce voile, par-delà de ce chemin que l'on traverse à deux, main dans la main, corps contre corps, se trouve, à force de baiser, de caresses, de tendresses, et d'affections, l'amour. Et le mot n'est pas trop fort, rien est assez fort que ce sentiment de toute-puissance.

Et c'était si simple et si compliqué à la fois. J'étais naïve de penser que ce genre de chose ne se passait que dans les fictions.

Je parcourais Hazel de mes mains. J'explorais son corps cambré sur le mien. Je remontais, lentement, au rythme de mes caresses, le pli de ses genoux, de ses cuisses, de ses fesses, de ses de ses reins, de son dos ; son dos que je griffais avec une précaution infinie pour descendre de nouveau au niveau de ses fesses, musclées, tendres, moelleuses ; et dans ce plaisir taquin de provoquer le désir sans jamais le donner totalement, j'effleurais seulement l'orée de son intimité. Je sentais mes doigts pincer doucement son agréable fessier et Hazel frissonnait à chacune de mes chatouillements. Nos poitrines se collèrent l'une contre l'autre, de temps en temps, et la chaleur de sa peau se partageait avec la mienne, nos souffles, et nos battements de cœur aussi.

J'avais alors décidé d'arrêter d'explorer son corps, par peur de tout découvrir trop vite. Mais pour autant, je n'avais pas fini de m'amuser, de lui faire plaisir. Je plongeai ma tête, tout en fixant mon regard dans le sien, au milieu de sa gorge relâchée ; j'exerçai une douce pression avec mes deux mains, et pinçai ses tétons quand ils tombaient par mégarde sur la voie de mes caresses. Hazel émit de petits cris plaintifs, très-mignons, de ceux que l'on retient par peur et par honte de ressentir trop de plaisir charnel. Elle se mordait les lèvres, et me regardait, non sans mal, les paupières entr'ouvertes, de ses yeux embués d'excitation.

Et son souffle s'accélérait dans cette fulgurance attendue et recherchée, et je sentais son bassin rouler davantage sur mon bas-ventre. Elle se laissait guider par ses instincts, ses envies ; et je voyais ses yeux se perdre dans le vide ; alors, avant qu'elle eût joui, je m'étais arrêtée, satisfaite, mais pas encore rassasiée pour finir tout de suite.

– Tu es si cruelle, me souffla-t-elle avec un demi-sourire aux lèvres, de sa respiration haletante et emplie de tendresse et de perversion.

Puis, elle m'embrassa à pleine bouche, langoureusement. Elle était maintenant accoudée de part et d'autre de mon visage, et ses mains se perdaient dans ma chevelure, juste au-dessus de mon crâne.

C'était bien, très-bien même, mais il me fallait plus maintenant. Et je savais ce que je voulais. Je voulais aller en bas, rien que pour elle, mais aussi pour moi.

Comme mes mouvements étaient limités, je la guidai alors vers le haut, de mes deux mains sous ses aisselles. Elle eut compris et se laissa prendre ; doucement, avançant à quatre pattes juste au-dessus de moi, tachant de ne pas effleurer ma jambe blessée. Et après ses seins, c'était son ventre qui passa à quelques centimètres de mon visage ; j'y avais déposé une ligne de baisers, suivant le mouvement de sa montée ; puis, l'objet de mes désirs, de mes fantasmes.

Hazel avait les cuisses écartées ; son bas-ventre était tout près de mon visage ; et je sentais toute sa chaleur, son humidité ; elle était de celles aux lèvres pulpeuses, généreuses, rondes et qui ne demandaient qu'à être léchées. Et légèrement entr'ouvertes, il y coulait déjà, en un discret filet transparent et visqueux, le suc de son fruit ; son fruit tout gonflé de sang et coloré d'un rose d'excitation. Alors, j'avais passé mes deux mains derrière ses cuisses, et une fois la prise bien fermes sur ses joues d'en bas, j'avais collé son bassin contre mon visage.

Et de gros baisers en caresses buccales, de timides léchouilles en suçons appliqués, écartant de ma langue ses grandes et petites lèvres, je me promenais, de son bouton de joie à l'aller – source infinie de plaisir féminin – jusqu'à l'entrée de son intimité au retour, m'autorisant quelque peu, de temps en temps, à la pénétrer. Toujours de mes mains fermement agrippé à son séant, j'accompagnais le mouvement circulaire de ses reins ; et si mon visage était une toile, son sexe en serait le pinceau. Je me délectais sans gêne, ni retenue, de toute cette mouille qu'elle m'offrait, et elle montait petit à petit jusqu'à l'extase.

Je sentais son souffle et son mouvement s'accélérer, et ses petits cris de joie devenaient de plus en plus bruyant, jusqu'à ce que, dans un spam soudain et incontrôlable, elle se tétanisa de jouissance, et s'agrippa à mes cheveux comme à une touffe d'herbe folle ; je ne m'étais pas arrêté dans ma besogne pour autant. Sa voix s'était bloquée au fond de sa gorge, et dans un éclat qu'elle ne pouvait plus retenir, elle la laissa exploser et cria à s'en déchirer les poumons.

Elle avait juré, me semblait-il, dans cette même langue que parlait la reine, cette langue que je ne comprenais pas. Puis, un bref instant après cet intense préliminaire, Hazel se détacha lentement de ma bouche, créant un filet de bave et autre substance d'amour liquide. Elle vint, après s'être essuyée comme elle le pouvait, s'allonger à mes côtés. Le souffle coupé et le visage empli d'un ravissement absolu, elle n'avait pas les mots :

– C'était... c'était... balbutia-t-elle, haletante.

– C'était très bien, dis-je en me lovant contre son flanc.

J'avais posé ma main sur son torse, entre ses seins, c'était doux et accueillant ; et elle se levait au rythme de sa respiration qui ralentissait doucement. Je me sentais bien, très-bien. Je caressai sa peau, fis des ronds avec mes doigts, lui provoquai des frissons.

– Et vous alors, me dit-elle soudainement.

– Et moi ? répétai-je, faussement étonnée, sachant pertinemment ce qu'elle voulait dire par là.

– J'aimerai bien, moi aussi, vous... vous... vous faire...

– Me faire jouir ? fini-je par dire, avec un grand sourire aux lèvres.

Hazel acquiesça de la tête, toute rouge, et trop timide encore pour prononcer le mot. Je m'amusais, il est vrai, de sa timidité, de sa peur de prononcer des mots interdit, alors :

– Je veux que tu me le dises, soufflai-je à son oreille.

Elle frémissait, puis après une courte hésitation :

– Je veux vous faire crier comme vous m'avez fait crier, Andréa...

– Très bien, dis-je en lui prenant sa main et en la dirigeant vers mon entrejambe. Je ne peux pas, pour le moment, faire des galipettes, alors nous nous contenterons de choses... plus sommaires.

Et elle me massa le bouton de ma rosette, étalant la cyprine qui coulait à flots de mes lèvres ; j'avais envie de plus, mais mes blessures, encore fraîches, m'empêchaient de faire autrement. Hazel se débrouillait pas trop mal, et savait même ce qu'elle faisait ; peut-être qu'elle avait déjà essayé, avant de faire son vœu, les vertus du plaisir solitaire ?

J'avais les yeux clos et m'étais abandonnée à ses doigts ; ses doigts qui glissaient de bas en haut, de haut en bas ; et au pinacle de mon extase, pendant qu'Hazel m'offrait des baisers sur ma bouche, je sentis un de ses doigts me pénétrer, puis deux. Et là, tout était fini. Je n'étais plus qu'un amas vivant d'émotions en pagaille, frappée de loin en loin par des frissons incontrôlables, par des spasmes et des tremblements de joie.

Elle avait terminé en déposant un baiser fugace sur mon front et rendit mon câlin. Nous restâmes, quelques secondes, dans le vide, dans le silence, à profiter de l'instant. La nuit était complètement tombée, et moi de sommeil ; et le vent chuchotait son bruissement discret et diffus à travers la grande fenêtre. Tout Valderague semblait dormir paisiblement.

Je m'étais assoupie dans les grands bras musclés et réconfortants d'Hazel.

Oui, je m'y sentais bien.

Royal lagoon (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant