Nous arrivâmes devant ma chambre, après une courte péripétie, à déambuler seules dans le château. Nous avions croisé tout au plus deux servantes. J'avais demandé à l'une d'elles de déposer mon dîner devant ma porte, et qu'on ne vienne pas me déranger. Nous étions dans un endroit assez reclus, loin des grands couloirs empruntés par toute une flopée de domestiques. Je ne savais pas si Sigrid connaissait l'emplacement de ma chambre, et à vrai dire, je redoutais un peu de la voir ; c'était sûrement dans les habitudes de fureter dans les lieux qui lui étaient interdits.
Hazel ouvrit la porte, et entra avant moi, pas par manque de galanterie, mais pour vérifier la sûreté des lieux me disait elle. J'étais alors resté derrière, à l'attendre et à la regarder examiner les quatre coins de ma chambre avec une absolue précaution. Sa main était fermant accrochée à sa dague, prête à dégainer au moindre bruit ; et ses pas, lents, fluides, calculés, ne faisaient aucun bruit, aucun son. Elle semblait se mouvoir sans toucher le sol, et sans même respirer. Après ce ballet hypnotisant, après avoir fait le tour de tous les recoins, elle se tourna vers moi et me tendit la main, avec un large sourire :
– Vous pouvez rentrer, il n'y a rien à craindre ici.
Je boitai alors vers Hazel, un rire aux lèvres et la jambe quelque peu endolorie.
Ma nouvelle chambre était bien plus spacieuse que l'ancienne. Tout en longueur, et avec une large et haute fenêtre au bout, où un moucharabieh sophistiqué laissait passer un courant d'air frais. On pouvait y voir la nuit tomber, et la pénombre drapait déjà la salle.
Il y avait un grand lit à baldaquin, aux rideaux blancs et translucides ; et à vue d'œil, on pouvait y loger au moins trois personnes, sans compter la multitude de coussins exotiques qui l'encombraient déjà. Les draps en soie, semblait-il, trainaient au sol tant ils étaient longs, et reposaient d'une manière désordonnée et rangée à la fois. Quelques commodes, chaises, poufs, et un fauteuil, ainsi qu'une table basse finissaient d'habiller le tout.
Il planait dans l'air cette même senteur, cette même luxure, qu'il y avait dans la chambre de la reine ; et j'étais en somme, très-satisfaite de ce nouveau chez-moi. J'avais l'impression d'être une grande gamine, trop excitée et gâtée par un cadeau trop cher et trop beau, reçu par un miracle inattendu.
Hazel m'amena à mon lit, et m'aida ensuite à m'y allonger. J'étais aux anges tant le matelas était confortable, rien à voir avec le dernier qui, dans ma mémoire maintenant, n'était composé que de briques. Je m'étais laissée enfoncer dans les coussins, et j'humai à pleins poumons la douce odeur du linge propre et de qualité. Puis, deux cliquetis en direction de la porte me firent me relever. Hazel avait fermé ladite porte à clef, et se dirigeait vers moi d'un pas lent, mais non moins assuré.
– Comme ça, me dit-elle une fois arrivée au pied du lit, personne ne nous surprendra.
– Oui, susurrai-je dans un murmure langoureux, je ne te veux rien qu'à moi, Hazel.
Elle s'assit sur mon lit, à moitié sur son séant, et une jambe pliée sous son autre cuisse. Ses pieds tremblotaient sous une douce excitation ; alors, elle se pencha en avant et se tint sur son bras tendu, l'épaule quelque peu désaxée. Et la tête penchée sur le côté, un sourire discret aux lèvres, elle me regarda longuement, de ses grands yeux aux pupilles dilatés ; et ce n'était certainement pas à cause du manque de lumière, car elle avait, au préalable, allumé quelques torches.
Son visage était tout proche du mien, trop proche sûrement ; et nos souffles se mélangèrent, nos sourires se cofondèrent. Quelques rires, parfois, s'échappaient de nos bouches et l'on gloussait derrière nos mains, comme deux grandes adolescentes, candides et perverses à la fois, et qui, pour la première fois de leur vie, exploraient un domaine interdit par la loi et par la foi, par toutes ces règles absurdes qu'il nous tardait de briser.
J'osai, enfin, parcourir ses joues de mes mains ; sa peau était aussi brûlante que la mienne. J'avais pourtant aucune hésitation, mais je ressentais le besoin d'y aller à petit pas, de goûter à ce plaisir par petite gorgée. On avait tout le temps du monde devant nous, et personne ne pouvait nous atteindre ici. J'eus touché ses pommettes, ses lèvres, son menton, le lobe de son oreille ; je papillonnais, çà et là, explorais cette toile tachée d'éphélides. Puis, son cou, sa gorge, ses épaules, son torse et ses...
Hazel m'avait embrassé. Une fois de plus. Mais ce n'était plus le baiser timide de la première fois, non. Cette fois-ci, elle se lâcha carrément, et guidée par ses sens, par sa passion, elle m'embrassa avec fougue, ses deux mains attrapant la tête ; mes bras ballants retombèrent sur ses cuisses, et un agréable frisson me traversa alors de loin en loin. Mon souffle s'accélérait et mes mains reprirent leur exploration. Je les avais alors glissées de son ventre à ses seins ; et Hazel avait tu un léger râle plaintif au fond de sa gorge. Sa poitrine était ferme, rebondie, généreuse, d'une douceur sans fin ; et je sentais à travers le voile de son habit ses tétons durcis par mes mains baladeuses.
Elle aussi se permit alors de me saisir les seins, mais étant plus forte que moi, plus excitée visiblement aussi, elle me plaqua sur le lit. Le mouvement, trop vif pour que je pusse me rattraper, réveilla les douleurs sourdes de mes blessures ; Hazel se retira aussitôt, mais resta au-dessus de moi, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, prise d'une peur de m'avoir brisée.
– Ça va aller, soufflai-je avec un sourire crispé.
– Vous êtes sûre ? demanda-t-elle quand même, le souffle haletant, les lèvres humides de salive.
Je lui dis oui de la tête, et commençai par défaire sa ceinture, avec mes yeux toujours fixés dans les siens. Hazel, très-docile, très-douce, se laissa faire. Je sentais sur sa peau des vagues de frissons, pendant que je glissais ses épaules hors de sa tenue. Et une sangle après l'autre, sa ceinture avait fini par lâcher, par libérer toute sa chaire emplie de luxure. Elle flottait devant mon visage, à la portée de mes lèvres, de ma langue, de ma bouche ; et ronde comme deux poires, à la courbure parfaite, à la senteur enivrante, à la douceur ineffable, elle m'appelait, s'animait à chaque souffle d'Hazel. Hazel qui, toujours au-dessus de moi, devenait toute rouge, rouge d'excitation, échauffée par ses sens, par ses envies trop longtemps ignorées.
Je commençai par des petites léchouilles, parcourrai le pourtour de ses mamelles de ma langue, les suçai de temps en temps, et les mordant même parfois. Sa gorge était si accueillante, si ferme et si douce à la fois, que j'aurais pu la goûter une éternité ; je l'avais pétri de mes mains et titillé de ma bouche. Hazel était comblée, et moi ravie de la rendre ainsi.
Hazel se pencha de plus en plus, cambrant son dos pour mieux m'offrir sa poitrine. Et pendant que je finissais de la déshabiller, à l'instinct et à l'aveugle, elle avait la bouche grande ouverte, les yeux clos, et soufflait d'une respiration bruyante, sans gêne, des râles de bonheur qu'elle ne tenait plus, qu'elle m'offrait pleinement.
Je m'étais alors arrêtée dans mon entreprise et me redressai, impatiente d'explorer de nouveaux lieux :
– Hazel... soufflai-je dans un murmure sensuel. J'ai tellement envie de toi, là tout de suite, maintenant...
– Moi aussi, me retorqua-t-elle sur le même ton.
Puis, après un silence et une petite gêne, elle continua, très-hésitante :
– C'est juste que... Je manque d'expérience, malheureusement... et je veux pleinement vous rendre heureuse, vous satisfaire... J'ai peur de faillir...
Elle était si mignonne, si fragile... Cette soudaine faiblesse, ce doute sur son visage de grande guerrière amazone, m'avait emplie d'une fièvre que je ne pouvais contenir. Je me sentais couler d'en bas, toute pétillante, prête à l'accompagner sur ce sentier des péchés charnels. Alors, d'une voix suave, je lui glissai à l'oreille :
– Ce n'est pas grave... laisse-moi te guider, Hazel. Je veux bien m'occuper de toi, dans ce cas.
VOUS LISEZ
Royal lagoon (GxG)
FantasyÀ l'annonce de la découverte d'un nouveau trou bleu, un groupe de jeunes explorateurs se rendent dans le triangle des Bermudes pour tenter de percer son mystère. Chacun a ses raisons d'y aller : la soif de gloire, de richesse ou de reconnaissance...