Partie 2 - Chapitre 15

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Je m'étais réveillée tout en douceur ce matin-là, dans un grand lit et une chambre spacieuse. Et les timides rayons de soleil matinaux faisaient déjà danser de la poussière d'or par les moucharabiehs de ma fenêtre. Je vis un ciel dégagé, bleu, infini à travers les multitudes de formes géométriques de ces dernières ; la journée allait être chaude, la saison se rapprochait d'une sorte d'été, sans la canicule, ni les orages. Et alors, j'étais restée, en silence et un petit instant, à contempler ce nouveau paysage, à me demander l'heure qu'il était, moi qui n'avais plus aucune notion du temps depuis que j'étais ici, dans ce monde.

– Oh... vous êtes réveillée, déjà ?

Je m'étais retournée, très-doucement, encore prise dans mes pensées et le regard toujours fixé dans le vide. Puis, petit à petit, faisant le point sur la personne qui me parlait, je distinguai Hazel ; Hazel qui était assise devant ma coiffeuse, me regardant à travers le miroir, la face ravie, et le sourire aux lèvres. Elle était simplement vêtue d'un rien, toute nue, dans la lueur du jour, le corps à demi-caché par la pénombre, le dos cambré, la gorge en avant. Et elle se nouait ses mèches avec une précaution absolue tout en tâchant de me dévorer des yeux.

– Oui, murmurai-je en lui rendant son sourire.

Alors, elle se leva, ramassa un voile à dentelles, avant de se couvrir les épaules avec. Elle venait de finir ses tresses savantes, se regarda dans le miroir pour ajuster les derniers détails, et se tourna vers moi.

– Il faut vous préparer, et il faut que je m'habille, ajouta-t-elle avec une pointe de déception. Les servantes, ou bien la régisseuse elle-même, pourraient arriver à tout moment maintenant.

Elle cacha sa poitrine sous le tissu fin, toute timide soudainement. Elle avait baissé la tête, et se mordit la lèvre inférieure. Puis, après une hésitation :

– Je n'en reviens pas que nous ayons... toutes les deux...

– Coucher ensemble ? demandai-je en cherchant ses prunelles qui fuyaient au loin.

Elle répondit oui de la tête, doucement, comme si quelqu'un pouvait, à travers les murs du château, entendre cette réponse qu'elle ne prononça pas.

– J'espère que d'autres occasions se présenteront, dis-je faussement nonchalante.

– J'espère aussi, souffla-t-elle dans un murmure.

Et après un jeu de regard d'amoureuse timide, Hazel finit par s'équiper de sa tenue. Elle avait des mouvements rapides et précis, et j'étais même convaincue qu'elle aurait pu enfiler le tout avec les yeux fermés. Quant à moi, j'avais simplement les draps de mon lit sur les épaules, et je la regardais s'habiller, me demandant maintenant ce qu'allait être la suite des événements... le retour à la réalité se fit sans que je ne le demande, et une inquiétude commençait à me gagner ; qu'allais-je faire avec Ruth ? Comment allais-je subtiliser le cahier de la régisseuse ?

Les événements d'ailleurs, après ce moment de répits, s'enchaînèrent de nouveau ; et mon cœur rata un saut quand quelqu'un vint frapper à ma porte, avant de tourner, sans succès, la poignée de cette dernière. Elle frappa de nouveau, et j'eus reconnu la voix tamisée de la régisseuse à de l'autre côté du battant :

– Je vous demande d'ouvrir cette porte, Andréa.

Elle ne semblait pas être fâchée, mais juste impatiente. Alors, dans la précipitation, oubliant que j'étais encore blessée d'une jambe, je m'étais levée, sans grand succès non plus. C'était finalement Hazel qui ouvrit la porte ; et la régisseuse entra d'un pas rapide.

Elle était vêtue de son habituelle robe noire, sa seconde peau, balaya la pièce d'un regard vif, puis me dit, après un souffle bref, et sans même prêter attention à Hazel :

Royal lagoon (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant