Partie 1 - Chapitre 29

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L'ingéniosité de ma tenue, une fois sur mes épaules, dépassait ce que je m'étais imaginé. C'était un vêtement composé de plusieurs couches de tissus, de tissus de couleurs variées ; un costume digne des plus grands couturiers de l'ancien temps. Ostentatoire et osé, il mettait en valeur mes courbes et mes formes, dévoilait des parties de mon corps, de ma peau, que d'habitude, je cachais.

Mon reflet dans le miroir semblait être une toute autre personne ; et il m'avait fallu plusieurs battements de cil pour me reconnaître. J'étais belle, séduisante, désirable... une sensation que je n'avais pas connue depuis des lustres.

– Vous êtes magnifique ! me glissa Sigrid à l'oreille d'une voix sensuelle.

La petite blonde s'était mise derrière moi ; sur les pointes des pieds, elle avait les deux mains posées sur mes épaules dénuées, les caressant quelque peu dans un mouvement lent et chatouillant.

– Je n'ai fait que mon travail, intervint Pripa, les mains croisées, derrière nous. Si madame n'a plus besoin de moi, je peux disposer.

– Oui ! s'écria Sigrid. Disposez Pripa, disposez ! Disposez bien et laissez nous tranquilles !

Mais la jeune servante ne bougea pas d'un pouce. À travers le miroir, elle me regardait et attendait mon ordre. Je lui fis un signe de la tête et elle me tira une révérence avant de nous laisser tous les deux, avec Sigrid.

– Roh celle-là, avait soufflé Sigrid une fois la servante hors de ma chambre. Qu'est-ce qu'elle peut être énervante quand elle s'y met ! Toujours serviable, à jeter des "madame" par-ci, des "madame" par-là.

– Je la trouve... atypique moi, dis-je sans me lâcher du regard. Plutôt drôle même.

– Drôle ? répéta-t-elle. Vous dites ça parce que vous ne la connaissez pas assez. Cette fille-là est une vraie pipelette quand elle s'y met.

– Oh ! J'ai cru comprendre ça...

– Assez parlé de Pripa ! Parlons de vous, de vous et de votre tenue, de ce corps qui m'appelle et qui...

Elle avait réussi l'exploit de glisser ses petites mains baladeuses sous les couches serrées de mes vêtements ; et je la sentais me palper les courbes de mon corps, sans gêne, ni retenue ; elle était toute agitée par vive envie de me déshabiller. Un frisson avait remonté mon échine, et je me redressais quelque peu sur mes jambes, chancelantes de cette intrusion espiègle. Et j'avais beau me débattre, j'avais beau essayer de me libérer, de me soustraire de ces mains perverses, que cette petite fourbe aux cheveux d'or ne me lâchait pas.

– Sigrid, dis-je dans un rire étouffé. Ce n'est pas le moment.

Tout en déposant des baisers humides sur mes épaules, et en me caressant le cou de son souffle chaud, elle me dit, d'une voix suave et enivrante :

– C'est toujours le moment...

Ce n'était pas l'envie qui me manquait à ce moment-là, bien au contraire, mais plutôt, la personne. Encore, la reine ne voulait plus quitter mes pensées ; elle était là, toute-puissante. Et son aura, son éminence, s'élevaient en moi en une bouffée de chaleur qui, dans un tourbillon de sensations, dans une fièvre entêtante, dans le battement frénétique de mon cœur, me fit tourner la tête dans une valse folle. Et ma jeune suivante me poussait dans cette élévation de mes sens ; mon pouls s'accélérait, mon souffle aussi.

– Sigrid, soufflai-je la bouche à demi-ouverte, les paupières closes et la tête légèrement penchée en arrière.

Mais ma douce complainte n'avait pas ralenti ses baisers ; ses baisers qui, devenant de plus en plus insistants, de plus en plus brûlants, couvraient ma peau d'une humidité charnelle ; et moi, je me laisser porter par cette fougue inarrêtable, par cette soif de chair.

Royal lagoon (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant