Partie 2 - Chapitre 12

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Je flottais. Je me sentais bien, si bien. C'était une première. Cette sensation de pureté absolue, complète, totale, m'avait envahie et j'étais comblée. Je ne ressentais plus rien d'autre à part elle ; elle et ses lèvres, son souffle, son parfum, le doux chatouillement que me procurait son toucher, rien d'autre ne pouvait me rendre plus heureuse encore. J'étais au milieu d'une plaine de béatitude, sur un nuage de plaisir, une montagne de bien-être. Les mains d'Hazel m'avaient pris la joue ; et du bout de ses doigts, elle me caressait doucement et m'effleurait la peau. Ça avait pour effet, par la magie du corps humain, de me procurer des pointes de plaisir juste au-dessus de mes reins.

Mais très-vite, la réalité m'avait rattrapée, et tout s'effaça d'un coup d'un seul ; j'étais de nouveau dans cette chambre vide et étriquée ; et certes, Hazel était au bout de mes lèvres, c'était parfait mais non moins dangereux. Je m'étais retiré en vitesse et à contre cœur ; le cœur battant et le souffle court.

– Désolée, dis-je. Ce n'est pas contre toi. J'en ai rêvé de ce baiser, moi aussi... C'est juste que quelqu'un pourrait nous surprendre et j'ai peur des conséquences...

Elle me sourit tendrement, me regarda dans les yeux et me répondit, toujours avec sa main sur ma joue :

– Je sais. Je suis tout à fait consciente des mille règles que je viens d'enfreindre.

Je déglutis, et elle se reprocha doucement de moi, me murmura au visage :

– Mais j'en ai plus rien à faire, je préfère encore vivre cachée, que de ne pas vivre du tout !

Et elle finit par se redresser et se lever de mon lit, me salua et se tourna pour partir :

– Je dois vous laisser, Andréa. Nous nous reverrons, bientôt.

– Hazel, non ! dis-je dans un souffle court, sans vraiment le vouloir.

Elle se tourna, un peu étonnée, et attendit que je parle. Et tandis que mon cœur battait à se rompre, je lui dis :

– Ce moment est trop parfait, Hazel. Et tous ces jours loin de toi ne peuvent pas être compensés par un simple baiser ; baiser que j'ai brisé comme une malpropre.

Alors, j'écartai mes draps d'un coup de main rapide, et au risque d'ouvrir mes blessures, j'avais pivoté de mon lit pour poser mes pieds au sol, et tenté de me lever. Hazel s'était presque jetée sur moi, pour me rattraper dans la chute que j'allais faire. Je chus dans ses bras, collée à son torse, blottie contre sa poitrine. Sa peau était si douce et accueillante ; et j'avais étouffé un rire cristallin dans sa chair. Hazel me releva et me posa sur mon lit.

– Vous n'êtes pas en état de marcher, Andréa.

– Peu importe, dis-je d'une moue désinvolte. J'en ai marre de cette chambre, je veux voir la nouvelle, et je veux y aller avec toi !

– Est-ce bien raisonnable ?

– Hazel... rétorquai avec un large sourire. Il n'y a plus de raison, entre toi et moi.

– Allons marcher, alors, et au pire des cas, je pourrais toujours vous porter dans mes bras.

– Ça c'est une solution qui me convient parfaitement, Hazel !

Elle m'aida à me lever, et c'était comme si j'avais perdu la faculté de poser un pied devant l'autre. Une sensation très-perturbante au début, parce que j'avais l'impression d'avoir des muscles atrophiés ; mais assez vite, après quelques pas, j'avais repris une marche convenable.

On eut quitté ma chambre au bout de cinq minutes, cinq minutes de rires, de chuchotements et d'encouragements ; j'étais comme une dame âgée que l'on sortait pour prendre l'air. Une situation bien étrange, mais, et d'une manière rassurante, était très-agréable ; Hazel me choyait, me soutenait, on se touchait, on était proche.

Royal lagoon (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant