Je ne voulais rien d'autre qu'en finir ; qu'en finir avec toute cette histoire. Je me rendis compte que depuis le début ce n'était que la malchance qui me guidait, et qui m'avait entraînée là-dedans contre mon gré. J'aurai dû m'en douter que quelqu'un comme moi n'avait pas droit à tout ça sans la moindre contrepartie, sans le moindre retour de bâton. D'abord le double six, ma survie à la plongée, ma rencontre avec Asenath, Hazel, la grande régisseuse de l'ombre, et la reine elle-même. Tous ces événements n'étaient qu'un enchaînement parfait de malchance, une belle et terrible descente en enfer, ponctuée de choix regrettables, de passion et de sang.
– Qu'est-ce qu'elle a donc celle-là, encore ?! intervint alors une voix amusée. Une voix stricte qui venait de l'entrée de ma chambre.
Et sur le moment, à travers les larmes qui troublaient ma vue, je ne sentais, et voyais qu'Hazel à mes côtés ; elle s'était assise tout près de moi, et me caressait le dos de sa délicate main, avec des attentions presque sororales. Sa présence, bien que réconfortante, ne m'aidait nullement ; et rien ne semblait pouvoir me sortir de cette mauvaise passe. Je voulais crier à m'arracher les poumons, à cracher du sang, mais c'était comme si ma cage thoracique refusait de se déployer...
Alors, la même voix, sur un ton plus insistant, et plus moqueur encore :
– Hé, petite, c'est pas comme ça que vous allez survivre, je me demande vraiment par quel miracle vous avez réussi à rester en vie jusqu'ici...
Je levai la tête, c'était Asenath. Et elle me regardait de haut, ses mains fermement accrochées à ses hanches. Elle avait un de ses sourires cruels. Un de ses sourires qui montraient toutes ses dents de serpents ; et tout son visage transpirait une certaine joie à me voir dans un état si faible, si misérable. Mais ça ne me touchait plus, ça ne pouvait plus me toucher, rien ni personne ne pouvait m'atteindre dans les profondeurs où je venais d'atterrir. Je n'en avais, en somme, plus rien à faire. Je ne ressentais, finalement, qu'une tristesse et d'une colère sourde, d'une colère trop noir déjà pour être assouvie, mais aussi d'un besoin d'apaisement par la mort. La mienne ? la sienne ? peu importait, il fallait que ça cesse.
– Soyez indulgente avec elle ! s'écria Ruth, en se baissant à mes côtés, lui aussi.
Puis, une main sur mon épaule, appliquant une faible caresse :
– Ça va aller, ma grande ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Alors, dans un rire nerveux, étouffé par quelques sanglots échappés de ma gorge, je lui dis :
– C'est la fin, Ruth... C'est la fin, voilà ce qu'il s'est passé...
– Comment ça, la fin ?! s'étonna Hazel, resserrant dans sa main mon autre épaule de libre. Vous voulez dire, la fin pour ces mécréants, ceux qui ont tenté de vous ôter la vie.
Et c'était terrible parce qu'au-delà de ce que je ressentais pour elle, une partie de moi, par je ne sais quel cheminement psychologique, voulait l'insulter, la gifler, la renvoyer loin, très-loin ; toute cette pureté et cette innocence, me sortaient par les yeux ; peut-être que je voulais la briser avant qu'elle ne découvre la vérité sur moi, parce qu'il est toujours plus facile de contrôler sa chute, que de la laisser arriver.
– Roh, taisez-vous, mon amie. siffla-t-elle entre ses dents à la garde. Et levez-vous d'ailleurs, nous avons à discuter, laissez-nous seuls, Hazel.
– Pardon ? s'étonna-t-elle.
Asenath se redressa, bien plus droite qu'à son habitude. Et ses cils avaient des soubresauts sous les coups d'une colère bouillonnante. Les dents serrées, les poings de même, elle regarda Hazel droit dans les yeux, avec des prunelles flamboyantes d'une foudre divine :
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Royal lagoon (GxG)
FantasíaÀ l'annonce de la découverte d'un nouveau trou bleu, un groupe de jeunes explorateurs se rendent dans le triangle des Bermudes pour tenter de percer son mystère. Chacun a ses raisons d'y aller : la soif de gloire, de richesse ou de reconnaissance...