Je ne pouvais quitter la femme en armure des yeux, elle était si imposante, si magistrale. Comme lors de notre première rencontre, son charme et son aura de mystère m'intriguaient au plus haut point. Sa magnificence était proportionnelle à sa timidité et à sa pudeur aussi ; elles étaient de celles qui sont belles sans le savoir, naturellement belles et inconscientes des ravages qu'elles pouvaient causer aux communs des mortels.
Et, j'en voulais à son armure, j'en voulais à cette cuirasse massive de me priver de ce corps qui affolait tant mon imagination, qui alimentait tous mes fantasmes et mes envies.
Je n'étais plus qu'à quelques pas d'Hazel. Je m'avançais à travers les timides rayons de soleil qui transperçaient la pièce de part en part. Et une poussière dorée dansait à mon passage, caressait mon corps humide et dénudé. La tiédeur de la pièce m'avait saisi et une myriade de frissons, en écho, parcourait ma peau de loin en loin.
Ma chevelure s'était collée à mes épaules et, encore toute lourde de l'eau du bain et du savon, elle tirait quelque peu ma tête en arrière. Et je sentais ma respiration soulever ma poitrine à chacun de mes pas, les flammes me monter aux joues, et cette humidité naissante dans mon bas-ventre.
Hazel quant à elle, ne pouvait plus garder son impassibilité de marbre. Les mains derrière le dos, la tête sur le côté, elle était réellement gênée de me voir ainsi ; et moi, d'une cruauté que j'ignorais posséder, m'amusait de la situation.
Cependant, j'aperçus que, le temps d'un clignement, d'une demie seconde, les commissures de ses lèvres s'étiraient discrètement ; ses joues, à elle aussi, avaient rougi. Derrière ses taches de rousseur, sa peau se colorait d'une teinte doucement rose, et ses cils battaient plus que d'habitude ; à plusieurs reprises, Hazel avait dégluti.
– Hazel... dis-je dans un souffle.
Puis, finissant ma marche féline et enjôleuse, et d'une voix plus assurée :
– Oui, je voulais te parler, Hazel.
La femme en armure me fuyait toujours des yeux, et quand j'essayais t'intercepter son regard, le sien, s'en allait encore plus loin. Et ce jeu de chat et la souris m'amusait, beaucoup.
Je posais alors ma main sur son torse, sur cette tête de lion qui était gravée sur son armure. Rugissante et puissante, à l'image de celle qui la portait, qui pourtant, à ce moment-là, semblait trembler d'une timidité de grand enfant. Je tressaillis quelque peu au contact du métal froid, mais mes mains, très-chaudes, avaient déjà embué l'alliage doré qui, d'un voile blanchâtre, palissait autour de ma paume.
– Regarde-moi, continuai-je d'une voix plus insistante.
Ma phrase avait sonné comme un ordre, et cette soudaine domination m'électrisa. Et même si je ne voulais pas la dominer, du moins au début, cette graine, cette idée perverse s'était plantée dans mon esprit ; et je la sentais s'enraciner au plus profond de mes pensées. J'avais une folle envie de briser, de réduire en cendre son vœux de chasteté. Je voulais l'embrasser. Ses lèvres pulpeuses, timidement rose, ne demandaient qu'à être chéries. Et, l'idée qu'aucune personne n'avait encore goûté à ces merveilles m'emplissait d'une passion telle que ma tête en tournait.
Et j'étais tellement subjuguée par sa bouche, par ses traits finement ronds, que je n'avais pas vu qu'elle me regardait droit dans les yeux. Ses lacs d'émeraudes, où flottait des feuilles de miel et de bronze, d'une clarté rare et d'une limpidité insolite, me pénétrèrent l'âme ; et, au plus profond de ses prunelles, dans cette étrange obscurité des pupilles, dilatées comme dans une nuit noire, je devinais ses sentiments.
Celles qu'elle gardait enfouies au fond d'elle, et, je reconnus, les mêmes troubles qui m'habitaient, les mêmes peurs et envies de l'inconnue que j'avais.
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Royal lagoon (GxG)
FantasyÀ l'annonce de la découverte d'un nouveau trou bleu, un groupe de jeunes explorateurs se rendent dans le triangle des Bermudes pour tenter de percer son mystère. Chacun a ses raisons d'y aller : la soif de gloire, de richesse ou de reconnaissance...