Partie 2 - Chapitre 17

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– Pardon ? dis-je, les yeux écarquillés et abasourdie par cette phrase sortie de but en blanc.

– Vous m'avez très bien comprise, Andréa. Je veux que vous m'aidiez à assassiner la régisseuse.

– La régisseuse, la tuer ? Il n'a jamais été question de ça, à la base ! répliquai-je.

– À la base, oui, il ne s'agissait pas de ça ; mais je vous l'ai dit, les choses ont changé et le temps nous manque, terriblement.

– Et toi Ruth, l'interpelai-je, tu n'as rien à dire ?! Ça ne te choque pas ? Toi qui voulais arrêter ce massacre, et ce sont tes mots, je ne l'invente pas ! là, on parle de tuer quelqu'un et tu ne bronches pas ?

– Écoute au moins ce qu'elle a à nous dire, bafouilla-t-il timidement. Et on avisera après...

– Je ne m'attendais pas à dire ça un jour... continua Asenath sur un ton hautain, les paupières battantes, et lèvres pincées. Mais votre ami à raison. Vous devrez au moins m'écouter.

– Et comment voulez-vous qu'on fasse ça ? Que je fasse ça ? Je... je suis incapable de faire ça, moi, tuer quelqu'un ?

– Roh pauvre petite bête... souffla-t-elle avec un demi-sourire. Il n'y a pas plus facile que d'ôter une vie, sachez-le. En tout cas, ce n'est pas ce que je vous demanderai de faire, j'ai bien compris votre incapacité à agir. Non, ce que je vous demande, c'est de l'isoler, qu'elle baisse sa garde, et je me chargerai du reste.

– Mais pourquoi ? Pourquoi elle ?

Asenath prit une longue bouffée d'air ; et après avoir regardé Ruth, elle commença :

– Reprenons depuis le début... J'ai fait mes recherches, et j'ai des débuts de réponses ; vous êtes tombés ici, par accident, parce que vous avez emprunté une ancienne porte que devait être close à jamais. Je ne sais pas pourquoi, ni pour quelle raison elle a été ouverte, mais je sais qui l'a fait, la régisseuse. Et vraisemblablement, quelque chose ne s'est pas passé comme elle le souhaitait, parce que la porte est restée ouverte bien trop longtemps, ce qui vous a permis de la passer. Et ce n'est pas la seule porte qui est ouverte, une autre, au sein même du château l'est également ; elle ne mène pas dans votre monde, si vous vous posez la question.

– Où alors ?

– Je ne sais pas, malheureusement, du moins pas encore ; mais ces portes devraient rester fermées, ce qu'elle a fait là est un crime, passable d'une peine de mort. Ces portes sont sacrées, et les utiliser pour des fins personnelles est blasphématoire.

– Et pourquoi je devais vous ramener son cahier ?

– Parce qu'il doit y avoir, dans ce cahier, toutes les clefs qui nous manquent pour comprendre tous ses faits et gestes.

– Et ça nous sert à quoi de la tuer ? Est-ce que c'est vraiment nécessaire ? Et si on la livrait aux autorités compétentes, seulement ? C'est suffisant, non ?

Asenath prit une grande inspiration et tapant du poing sur mon lit :

– Si la régisseuse tombe, la reine aussi ! Ces deux-là manigancent des sombres machinations avec ces portes, et quand le scandale éclatera au grand jour, Valderague reviendra à qui de droit !

Je déglutis :

– Très bien... alors quand est-ce que vous comptez... l'assassiner ?

– Aujourd'hui, il y a l'exécution, donc pas aujourd'hui ; demain, il sera trop tôt... alors...

Elle laissa un blanc en suspension, puis :

– Après-demain donc, vous n'aurez qu'une seule journée pour avoir toute sa confiance, promenez-vous avec elle dans les jardins, écartez ses gardes, conduisez là dans quelques recoins sombres, et je serai pas loin derrière vous, pour l'acte final !

Royal lagoon (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant