Chapitre 17 (1/2) :

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L'amitié ne connaît ni feinte ni déguisement, tout y est sincère, tout part du cœur.


Point de Vue Victoire — 06 février 2078

Je chuchotai au brun qu'il faudrait courir vite et oublier la douleur quelque temps, sinon on était morts. Il acquiesça en silence, le regard dur. Je ne pouvais pas déchiffrer ses pensées derrière son visage contracté à cet instant, mais elles étaient sûrement tournées vers ses proches, si proche il avait.

À vrai dire, ma famille me manquait aussi, même si j'avais appris que mes parents n'étaient pas mes parents biologiques par Lolita, et que depuis tout ce temps, ils m'avaient menti sur tout. Je ne leur en voulais pas. Georges et Anita Brian. Finalement, des inconnus pour moi.

Était-ce leur véritable identité ou juste une couverture qu'ils avaient tenue durant quatorze ans ? Je ne le saurais probablement jamais. Ce qui avait été sûr, c'est que j'avais eu un petit frère et je l'aimais comme si c'était mon frère de sang. Je l'aimais plus que tout et je me battrai pour le retrouver.

Je serrai la main d'Eydan, il me la serra davantage en retour et la « porte » s'ouvrit enfin. Un agent armé passa la tête et Victor l'égorgea, je me retins de vomir et détournai la tête. Quelques minutes plus tard, quatre cadavres jonchaient le sol de l'abri de fortune et nous courions avec la mort aux trousses. Je jetai un regard vers l'arrière et vis d'autres soldats rejoindre Victor, ils ne semblèrent pas nous voir pour autant. Si je courais l'aider, c'est mon autre ami que je condamnais, sans espoir que j'y survive aussi. Je serrai les dents et choisis l'égoïsme.

Mon bras passé sous ses aisselles, Eydan prenait appui sur moi, j'avais mal et les larmes me montaient, mais je tins bon. Je le devais à Victor. Si un jour je le revoyais, je voudrais qu'il sache que j'avais réussi. Je ne voulais pas qu'il soit déçu. Je ne faiblis pas, annihilant la douleur, tellement elle était présente. J'étais concentrée sur nos deux respirations.

Cette constante me permettait de ne pas dériver de mon objectif. Il fallait que je sauve mon drôle de malade. Je souhaitais aussi avoir le temps d'apprendre à le connaître. Je n'escomptais pas qu'une énième personne quitte ce monde à cause de moi. Soudain, je le sentis s'effondrer. Je fis ce que je pus pour qu'il ne s'écrase pas brutalement.

Je regardai aux alentours, pas un seul bruit ne vint troubler le silence de cette petite prairie dans laquelle nous avions débouché, après le sous-bois. On était diablement à découvert et je ne pouvais pas le laisser là. Je m'accroupis, passai ses bras de chaque côté de mes épaules et me relevai. Je dus m'y reprendre à une bonne quinzaine de fois avant d'y parvenir sans vaciller et tomber.

Lorsque je l'eus bien calé, je marchai tout droit, où mes pas me menaient. Je ne cessai de répéter à mon ami que j'étais là, que je ne le laisserai pas tomber, il me répondait par monosyllabes, mais ça me rassurait quand même. Tant qu'il était conscient, tout irait pour le mieux.

Des heures passèrent et le soleil, pourtant haut dans le ciel, ne parvint pas à me réchauffer. J'étais seulement dans mon uniforme, mouillé de surcroit de par mon lavage improvisé quelque temps plus tôt, et le froid de février venait de s'insinuer en moi jusqu'à l'os. Je commençai à grelotter et claquai des dents.

— A-arrête t-toi... Il faut re-reprendre d-des forces, me souffla mon compagnon, si bas que je crus l'avoir rêvé.

— Plus tard... Je dois te trouver un abri... Après, on dormira et j'irai chercher à manger.

— T'es têtue un-m...Victoire...

Il m'avait appelé par mon prénom... J'étais aux anges. En plus, cette façon de le prononcer... Bref, nous continuâmes notre chemin à travers les bois environnants, longeant ce qui semblait être le commencement d'un champ à l'abandon, rempli de ronces et de broussailles. Je me demandais même si nous n'étions pas dans une réserve naturelle. Pourquoi Dpékan aurait fait construire ce centre en plein milieu de... Ah, oui, pour la discrétion ! En donnant une autorisation en bonne et due forme pour pénétrer ce genre d'endroit, il avait trouvé le moyen pour cacher ses plans et surtout que personne ne sache qu'il y aurait des centaines de prisonniers dedans. Effrayant, je devais l'admettre, d'avoir prévu jusqu'aux détails les plus subtils et sordides.

Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant