Chapitre 23 (2/2)

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Une séparation procure parfois plus de bien-être que le fait de rester.

Point de Vue Hugo — 14 février

— Il va nous manquer...

— Elle était si gentille...

— C'était une bonne personne...

Voilà ce qu'on entendait chuchoter à tire-larigot devant les corps qui s'alignaient un à un dans la clairière qu'on avait choisie pour déposer les corps. Faire des allers-retours était risqué, mais il fallait rendre hommage à nos morts et le petit groupe de personnes que nous étions désormais était unanime. Il fallait leur trouver un bel endroit et ce fut le cas.

Lorsque l'assaut fut lancé, tout le monde fut paniqué et l'anarchie totale s'opéra. Les plus chanceux comme moi, étaient restés calmes et maîtres d'eux-mêmes en trouvant un plan d'attaque en embuscade qui consistait à courir le plus vite possible dans le sous-bois pour faire un détour et les attaquer par derrière. Ça avait payé, mais beaucoup des nôtres avait passé l'arme à gauche.

Je m'étais plutôt bien sorti avec une épaule déboîtée, un bras endolori et une plaie ouverte au mollet. Ça faisait mal, mais au moins je n'étais pas mort. Malgré tout, une partie de moi agonisait à petit feu. On n'avait pas retrouvé Victoire et j'avais peur qu'on ait pu lui faire du mal. Mon cœur se serrait. À chaque nouveau corps, j'angoissais, puis j'étais un peu plus détendu quand je ne reconnaissais pas Victoire, mais cela repartait de plus belle la seconde suivante, car elle était encore introuvable.

J'espérai qu'on la retrouve. Au moins son corps. On avait attendu une semaine pour s'en occuper et des charognards avaient commencé à dévorer les cadavres en décomposition. L'odeur était horrible et tenace. On avait tous un tissu autour de la bouche pour éviter de respirer cet effluve nauséabond. Je regardai mes camarades qui effectuaient leur tâche sans parler et sans broncher.

Même blessés, on se gardait bien de s'arrêter, car il fallait le faire avant que le gouvernement ne veuille reprendre ses victimes et nous régler notre compte. Nous échangions un regard avec Angela quand Xena vint à moi. Elle sourit timidement, comme pour compatir et me réconforter. Mon cœur s'accélérera, qu'allait-elle me dire ?

— On a perdu William également...

— On a perdu près de deux cents personnes ! Qu'est-ce que ça peut faire un de plus où un de moins ?

— Ce n'était pas ton ami ?

— Si, mais m**de, sa vie ne vaut pas plus qu'une autre, explosai-je, fou de chagrin. À quel moment ils se sont dit : « Tiens et si on arrêtait l'électricité pour bien décimer la population mondiale histoire de bien faire chialer les survivants ?!!! » Non, mais m**de ! En six mois j'ai perdu mes parents, mon identité, ma dignité, ma liberté, ma vie et deux fois ma sœur ! J'en ai ma claque ! Ils veulent quoi à la fin ?!!!

— Gagner, fit une voix derrière moi. Ça ne sert à rien de crier... Garde ta colère pour les descendre ces c**nards... On va leur faire la fête, tu vas voir...

— Qu'est-ce que t'en sais qu'on va les tuer, Eydan ? On s'est fait laminer ! T'es juste frustré parce que ma sœur t'a pas pardonné et qu'elle ne le fera plus jamais !

Il eut un choc comme s'il se prenait une balle, il fit un pas en arrière, faillant tomber, se tenant à sa béquille, et me regarda, le visage décomposé.

— V-Victoire est morte ?

— Rien n'est sûr, Eydan, le rassura son amie.

— En attendant, on a pas son corps, fit Malo, également appelé Ram par Victoire, en arrivant, ayant entendu la conversation.

Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant