Chapitre 7 (1/2)

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Dans chaque ami, il y a la moitié d'un traître.


Point de vue Paul - 23 octobre 2077

— Daniel !! m'insurgeai-je. Je t'ai dem....

— Tais-toi Paul ! Elle va crever sinon. C'est pas les infirmières d'un lycée qui vont la sauver d'une asphyxie par du sang ! Il va sûrement falloir qu'ils l'opèrent !

— Mais....

Tout était perdu pour moi... Ils ne la soigneraient pas. Pire ! Ils la laisseraient mourir. Des larmes finirent par dégringoler sur mes joues, tandis que je suivais mon grand frère qui courait avec la fille que j'aimais dans ses bras.

— Elle crache du sang ! s'exclama-t-il à l'accueil.

La secrétaire appela en criant, sûrement après un interne.

En effet, une jeune femme, chignon serré, blouse bleue, arriva, presque en panique. Elle nous fit signe de venir avec elle.
Nous nous précipitâmes, alors que d'autres internes me prenaient Victoire des bras de mon grand frère pour la mettre sur un brancard. Ils se dirigèrent vers une chambre.

— Je peux avoir sa carte d'identité et sa carte vitale ? On va faire ses étiquettes.

Mon cœur s'emballa. Ils sauraient qui elle est. Je commençai légèrement à suffoquer. Mon frère me pressa doucement l'épaule et me murmura d'aller dans le coffre, de soulever la trappe et de lui ramener le dossier bleu. Je m'exécutai, tel un automate. J'avais sûrement perdu une partie de mon esprit, mais je fis ce qu'il me demandait.

J'allais garer la voiture aussi, pour ne pas qu'elle gêne le passage des pompiers et des ambulances. En enlevant le contact, une pierre tomba dans mon estomac.
Je n'allais plus jamais revoir Victoire. À ce moment, je ne pensais pas que cela allait se finir ainsi, mais j'avais raison dans le fait que c'était la dernière fois que je pouvais la serrer dans mes bras.

Je pris alors mes jambes à mon cou, serrant le dossier et les clefs avant de rejoindre Daniel en haletant. Il prit le dossier avec un air satisfait et le tendit au médecin qui était venu entre-temps. Il le parcourut et acquiesça, faisant signe à l'interne de compléter la fin des documents tandis qu'il examinait Victoire. Ensuite, il nous fit sortir en nous disant qu'ils la gardaient en observation.

Je m'assis sur un des sièges installés en face de la chambre, complètement groggy. Mon aîné fit de même et m'enlaça en me disant à voix basse de ne pas m'inquiéter, qu'elle serait forte et qu'elle survivrait à ça. J'accusai le coup, douloureusement, laissant ma tête s'échouer sur son épaule qui s'humidifiait de larmes.

— Paul, tu as confiance en moi ?

— Bien... S-sûr, fis-je noué.

— Le dossier bleu, murmura-t-il, est un dossier sur Vanessa Mylost. Tu sais bien, c'est notre cousine italienne et muette qui est venue chez nous pour quelques jours, hein ? Elle a quelques soucis avec les drogues, c'est pour ça qu'elle a sûrement de la morphine dans le sang. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle est venue prendre du repos ici. Et cela explique aussi son état d'épave : elle a chuté dans un fossé et elle a commencé à cracher du sang... On est venu en urgence... Tu comprends ou je dois répéter ?

Je me tendis. Mon frère venait de sauver son identité ! Il venait de la sauver d'une remise en captivité ! Je le serrai plus encore contre moi et ne cessai de répéter des mercis, mais une question me tarauda. Comment avait-il eut le temps pour préparer ça ? Il m'expliqua qu'il avait su, avant moi, le projet que notre père et ses collègues avaient et il savait que j'aimais profondément Victoire. Il avait pris les devants, au cas où, et aujourd'hui, cela avait payé.

Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant