Chapitre 28 (2/2)

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Point de Vue Hugo — 15 mars 2081

— Comment ça se fait que tu sois là ?

Eydan venait de briser le silence, séchant les dernières larmes de joie et de soulagement de son visage, desserrant sa mère pour la regarder. Malgré son piteux état, elle semblait très lumineuse, vu le regard qu'elle lançait à « son gars ». Elle paraissait heureuse de le voir en vie lui aussi. Je me sentais de trop ici, mais je voulais savoir comment elle s'était échappée pour trouver des éléments pour entrer dans la forteresse de Dpékan. Elle attendit quelques instants, semblant chercher ses mots.

— J'ai réussi à m'échapper avec quelques autres, les gardes ont baissé leur garde et on a eu énormément de chance que d'autres résistants aient mis des bombes contre les murs de nos cellules... Mais, je suis convaincue qu'on n'est juste plus une réelle menace pour eux, ils n'ont même pas cherché à nous rattraper...

— Il n'y a plus de mise à prix, l'interrompis-je. C'est pour nous leurrer. Pour qu'on fasse un faux pas et tous nous tuer.

— Tu es ?

— Hugo, le petit frère d'une ancienne amie d'Eydan.

— Ancienne ?

— Elle est morte, Maman, expliqua le brun.

— Je suis désolée...

— Ça fait trois ans, c'est bon, la rassura-t-il avec un drôle d'air.

Je ne savais pas ce que signifiait ce regard, mais il me cachait quelque chose.

— Mais alors ? Tu as vu Papa, ou Hélène ? Même Arthur ? poursuivit-il.

— Non, je n'ai pas été en contact avec eux. C'était pas mal le bazar dans cette sorte de prison...

— Un centre ? l'aidai-je.

— Je ne sais pas... Il n'y avait que des cellules...

— Alors, il n'y avait pas qu'un bâtiment ! fus-je surpris. Ça veut peut-être dire que le reste de ta famille peut avoir été enfermée ailleurs...

— En effet, mais comment tu t'es échappée ?

— On a juste attendu l'heure du midi quand les portes se sont ouvertes pour la ration. On a renversé le conducteur, en le tirant hors de l'habitacle et on a pris son véhicule, on a roulé tant qu'on a pu et on a fini le chemin après à pied.

— Mais comment tu as su qu'on était là ? Personne ne sait sauf les résistants !

— Justement, ce sont eux qui me l'ont dit. Ils ont vu l'état dans lequel j'étais et m'ont emmené avec eux, puis on a parlé et ils m'ont dit que je te trouverai là...

— Une brune aux yeux bruns ?

— Exact, plutôt jeune...

— C'est Angie... En parlant du loup, rajoutai-je en l'entendant toquer au parquet avec notre code secret.

Sept coups, un coup, deux coups et sept coups. Un code un peu complexe à base d'addition et de multiplication. Pour rendre hommage à William, on a pris son prénom. Le W étant la vingt-troisième lettre et que toquer vingt-trois fois était long, on avait additionné deux et trois donnant cinq. Puis le I, neuf coups. Pour les deux L, on a commencé par multiplier par deux comme il y a deux L, puis même opération que le W pour la lettre L, douze, un plus deux donnent trois soit trois coups. Donc cinq, six, deux, trois. Nous ouvrîmes le sous-sol et descendîmes les escaliers.

Nicole, quant à elle, discuta avec sa fille pendant qu'elle lui servait une boisson chaude obtenue au marché noir. Nous retrouvâmes Angela, Robin, Fulvia et Nathan, en descendant, mon ami et moi. Ils étaient attablés sur une carte de l'ancienne mairie rebâtie selon les goûts du b*tard qui nous dirigeait. Angela fixait la carte, le regard dans le vide, tandis que Nathan marmonnait à voix basse dans son coin et que Robin travaillait encore sur un projet dont il refusait de nous parler. Seule Fulvia paraissait plutôt enjouée, elle vint nous faire la bise et nous demander comment on allait.

Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant