Chapitre 2 (2/2)

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Le courage s'accroit par l'audace, la peur par l'hésitation.


Point de vue Victoire - Jeudi 24 juin 2077

Je me levai tranquillement, me préparant comme à mon habitude. Je soupirai, la journée allait être conséquente. Je devais faire 8h-18h avec une heure pour manger : ça piquait. Non seulement parce que j'étais déjà épuisée, mais aussi que je n'aimais pas ces journées trop longues. Or, en cette fin d'année, j'y étais habituée, en plus, il ne restait pas beaucoup de temps avant la fin des cours. Seulement quelques jours qui allait sûrement être allégé par les professeurs. Je bâillai, m'habillai, déjeunai et descendis à l'arrêt de bus, veillant à traverser prudemment la route, dans un matin plutôt frais pour la saison.

Une fois au lycée, je ne vis pas les heures défiler. La matinée me dispensa essentiellement des cours de langues : anglais, espagnol et français. Chronologiquement, une heure, une heure et deux heures. Puis, l'après-midi, les sciences : SVT, physique-chimie et maths. Une heure trente, idem pour la physique et deux pour la dernière.

Le soir, ou du moins la soirée tiède d'été, s'annonça vite et je me couchai tôt, comme à mon habitude. Pourtant, je ne pus m'endormir rapidement comme la veille. J'avais la tête pleine de mes interrogations pour Paul, pour notre dirigeant ou même pour l'ancien bras droit. De plus, la peur de tomber sur Flavien au lycée m'angoissait, désormais. Je ne savais pas vraiment de quoi il était capable. J'avais cette appréhension. Je voulais en parler au CPE, mais le risque que pouvait courir Lolita ou son père me bâillonnait. Situation qui m'horrifiait, car j'en savais l'injustice.

Et, il y avait également le stress qu'avait Lolita, elle-même, pour son père. Stress que j'absorbais telle une éponge. Je ne m'en sortais plus, cela me fatiguait, mais paradoxalement je ne trouvais pas le sommeil. Je tournais pendant des heures dans mon lit avant de m'endormir pour de bon.

Aujourd'hui, je me réveillai sur une vérité : cela faisait désormais trois jours que Paul était parti faire son stage, ou qu'il était à l'hôpital, –rayez la mention inutile. Trois jours où je n'eus ni messages, ni nouvelles, ni réponses. J'angoissais de ne pas le revoir et il commençait sérieusement à me manquer. Il ne m'avait pas dit combien de temps cela prendrait.

C'était morose que j'attaquais cette journée du vendredi, également chargée. Elle s'était déroulée sans anicroche, sauf l'incident du self, mais ce n'était pas si grave si Flavien avait lancé une rumeur sur moi, n'est-ce pas ? Ironie bonjour. Il disait à qui voulait l'entendre que mes parents œuvraient pour la résistance. Tout le monde savait que c'était faux, mais cela n'empêcha pas les chuchotements sur mon passage. Bref, je l'avais fini tant bien que mal et j'étais rentrée en bus, ayant l'occasion de repenser à mon blond platine, les idées brouillées par ce qui pouvait lui arriver.

Je désespérais devant mon téléphone et décidai de sortir pour prendre l'air, histoire de me vider la tête. Je pris une simple veste en jeans et des sortes de Converses vert d'eau. Je sortis de ma chambre et descendis l'escalier.

— Tu vas où Vicie ? demanda mon père depuis son bureau.

— Je vais juste faire un tour dans le pâté de maison, j'en ai pas vraiment pour longtemps.

— Tu as fini tes devoirs ?

— J'ai déjà fait ça en rentrant. Dis, je peux y aller ?

— Tu vas voir un garçon ? Pourquoi tu es pressée comme ça ? soupçonna-t-il.

— Non je ne vais pas voir de garçon... Je ne suis pas en couple, je te l'ai déjà dit.

Je ne lui avais pas dit pour moi et Paul, je vous avais déjà expliqué comment étaient mes parents. Je savais que mon père était très surprotecteur sur ça, ainsi que très mysogine. Du moins, assez pour vouloir que j'atteigne la majorité avant de trouver un compagnon. Et j'insiste sur compagnon, parce que j'imagine que le mot compagne lui ferait peur. Je ne dis pas que je voudrais me mettre avec une fille, mais je ne dis pas que l'éventualité est à écarter. Je suis comme tout le monde, je me cherche, mais je ne suis pas sûre d'aimer un sexe en particulier, je pense que c'est la personne qui me fera tomber amoureuse avant le reste. Bref, je me reconcentrai sur le regard noir de mon interlocuteur. Si je lui disais qu'on était ensemble depuis deux mois, il aurait fait une attaque, puis aurait ressuscité pour me passer le savon du siècle ! C'est pour ça que je me taisais à propos de nous. J'espérais juste que le père de Paul ne communiquait pas avec le mien. Impatiente, je dansais un pied sur l'autre.

Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant