Chapitre 26 (2/2)

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Si le coeur lâche , tout le reste s'effondre.


Point de Vue Lolita — 13 mars 2081

Je retirai immédiatement le casque, les yeux grands ouverts, la respiration haletante, la sueur me coulant sur les tempes, collant mes cheveux blonds sur mon visage, pâle, je tremblai. La première fois, j'avais arrêté la visualisation au moment où ce William avait dégoupillé sa grenade, ne voulant pas voir l'explosion qui aurait pu trouer mon cœur une nouvelle fois. Seulement, je ne regrettai pas d'avoir poursuivi, pour le coup...

Alors Victoire était la sœur de Victor ? Non ! C'était totalement impossible ! D'accord, elle avait été élevée par des agents de Dpékan, mais de là à ne pas lui ressembler et porter presque le même prénom, c'était un peu gros à accepter ! Il m'en fallait un peu plus pour que je juge d'une preuve suffisante. D'ailleurs, une autre question me venait, si cela était vrai : pourquoi il ne m'en avait jamais parlé ? Il savait pertinemment que Victoire était ma meilleure amie et que je cherchais à me venger... et il ne m'aurait pas dit un mot ? Non, il avait menti pour faire réagir le résistant seulement ! C'était la seule explication possible.

— Lolita ? Lolita ? m'appela une voix lointaine que je reconnus comme celle de Fulvia. Lolita, tu m'entends ? Bon sang ! Réveille-toi !

— Ça va, princesse... Je ne suis pas en sucre...

Je m'essuyai le front et elle m'aida à me relever. J'avais dû tomber, suiteau choc. J'étais vraiment chamboulée. Iolé me servit un verre d'eau et m'observa intensément pendant que je me rassis, m'affaissant contre le dossier de mon fauteuil, attendant sûrement que je lui dise ce qu'il s'était passé. Je bus mon verre lentement, je n'avais pas forcément envie de lui raconter tout ce que j'avais vu, ce que j'avais entendu et ce à quoi j'avais assisté.

Sérieusement, j'avais vu Victor tuer ! C'était glaçant. Certes, ce n'était pas la première fois, mais j'étais encore dans la stupeur la première fois, là, j'étais réellement lucide. Quand j'étais re-rentrée dans la salle où il était, son corps n'était plus qu'une loque carbonisée que je serrai en tremblant dans mes bras. Ensuite, on m'avait emmenée vers l'arrière pour me protéger tandis que les derniers survivants faisaient fuir les derniers résistants.

Des jours durant, j'avais été apathique, ne mangeant plus, ne dormant plus, ne voulant plus me replonger dans les visions horrifiques où je voyais Victor mourir encore et encore sous mes yeux impuissants. Dpékan lui-même avait attendu un mois avant de me reparler après que Daniel fut parti, puisque je ne sortais plus de ma chambre, dépassée par les évènements qui s'enchaînaient, abandonnée de toutes parts, passant mes journées à pleurer toutes les larmes de mon corps.

J'étais littéralement devenue un zombie, on m'avait arraché le cœur, on m'avait ôté la vie, on m'avait coupé le souffle. Je n'ai même pas pensé à attenter à ma vie pour abréger mes souffrances, tellement j'étais mal. Puis, un matin, je m'étais levée en me disant que Victor n'aurait pas voulu que je me morfonde ainsi et qu'il aurait voulu que je reste une battante comme je l'avais toujours été. Au moins pour respecter sa mémoire.

J'étais une femme à sang chaud, depuis toute petite, la moindre chose qui me titillait me faisait péter des câbles. Je me souviens que j'étais rentrée dans une colère noire après que ma petite sœur Justine ait cassé, sans le vouloir, la poterie que j'avais faite pour la fête des mères. J'avais hurlé et pleuré, faisant fuir ma sœur. Je ne lui avais pas parlé durant un mois, ou si peu. Pourtant j'aimais Justine plus que tout.

J'aurais tellement aimé l'avoir de nouveau à mes côtés. Ainsi que le reste de ma famille, avec laquelle j'étais immensément liée et proche. Depuis qu'elle était partie de chez nous avec Maman, elle me manquait atrocement. Je ne saurai jamais pourquoi Maman était partie, ni pourquoi elle avait pris ma jeune sœur avec elle. Ils me manquaient tous tant, avec mon père et mes autres ouailles, maintenant que j'étais une femme accomplie. J'avais un travail, un chez-moi et, – même si je n'avais pas encore fondé une famille, j'avais encore du temps devant moi et plus vraiment de personne avec qui en faire une, – j'aurais voulu qu'il me voit comme ça. Je pense qu'ils auraient été fiers. Bon, tous mes choix n'avaient pas été les meilleurs, mais je m'étais bien débrouillée, tout de même !

Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant