Les compromis sont pour diriger un pays, et c'est avec les qu'on fait des compromis, pas avec les amis.
Point de vue Dpékan — 25 avril 2081
J'étais concentré sur de très grands contrats avec des sociétés étrangères très puissantes quand une voix fluette me dérangea. D'abord agacé, je fis un geste de la main comme pour déloger un moustique récalcitrant. Néanmoins, la voix insista tant que je me tournai vers le son. C'était ma petite caeli qui semblait un peu énervée, mais soulagée en même temps. Était-elle énervée à cause de moi ? Se permettrait-elle de le montrer ? J'en doutais. Depuis le début, elle me montrait un profond respect et restait à cheval sur les convenances. Si elle avait pu ressentir un courroux en mon envers, elle ne se serait pas permise de le montrer.
— Elle est sortie d'affaire, monsieur, m'informa Amélia.
Bien malgré moi, je fus apaisé. Ma captive avait survécu à son moment de folie. Ce ne serait sûrement pas le dernier et je devrais être vigilant, mais ça avait le mérite d'égayer ma journée un peu trop morose. Il était vrai qu'être le dirigeant d'un pays n'était clairement pas de tout repos, mais je m'y complaisais tout de même. Ces jeux de petits pouvoirs faisaient ressortir l'âme de gamin que j'avais en moi. Aussi, je voulais construire un avenir plus durable pour chacun. Mes prédécesseurs avaient stoppé le progrès, je l'avais fait perdurer et je l'avais même boosté !
Aujourd'hui, les énergies utilisées étaient quasiment toutes recyclables et notre impact environnemental était quasiment nul puisque les naissances et morts étaient régulées pour que la population se stabilise à un niveau que l'on pouvait gérer. Les immigrants également étaient comptés dans la manœuvre. Après tout, c'étaient eux qui construisaient nos habitations. Il fallait compter leur ration de nourriture.
Cela favorisait le marché noir, je le concevais, mais cela ne restait pas longtemps en place, grâce à mes aquas de la milice qui faisaient du bon travail et me ramenaient souvent les instigateurs de ces petits achalandages illégaux. Elles se vendaient d'ailleurs à prix d'or. Pourtant, on les offrait gratuitement, ces rations ! C'est sûrement pour cela que certains les vendaient, pour arrondir les fins de mois. Je soupirai intérieurement, las.
— Bien, fis-je en frappant dans mes mains. Veille à ce que ça ne se reproduise plus, elle a besoin de souffrir, mais pas de mourir. Le quota est bientôt atteint, j'ai encore besoin d'elle. Maintenant, sors et fais entrer la réunion suivante. J'arrive dans quelques minutes.
La petite caeli ne demanda pas son reste et partit en fermant la porte derrière elle. Je souris, elle avait un caractère spécial que j'aimais bien. Discrète, souriante, calme, douce. Tout l'opposé de ce qu'avait été Lola. Je soupirai à cette pensée. Cette petite avait été prometteuse jusqu'à ce que le fils Mylost vienne tout gâcher en lui retournant le cerveau. J'admettais, je l'avais fait le premier, mais je la pensais d'une loyauté infaillible et voilà qu'un beau parleur lui chantait deux, trois louanges, elle changeait de camp !
Finalement, je n'aurais jamais dû accepter ces épousailles, ça avait eu le don de les rapprocher malgré tout. Ou bien, cette relation amicale forte existait depuis plus longtemps que je le pensais et cette confiance envers l'autre était plus forte que celle envers moi. Pourtant, je savais être convaincant quand je le voulais, pourquoi cela avait échoué avec elle ? Que lui avait-il dit pour tout remettre en question ainsi ?
J'aurais dû réagir plus vite et l'enfermer au moment même où il avait prononcé ce discours qui était, je devais le reconnaître, véridique dans l'ensemble, mais qui montrait un visage peu glorieux de ma personne. Néanmoins, j'avais été tellement choqué que cela arrive et que – Daniel ? Oui, c'est ça, Daniel – le fasse avec autant d'aplomb et de ferveur, que cela m'avait laissé pantois. Lui qui était si docile et taiseux, car sa peur d'être déclassé une nouvelle fois le poussait à rester dans le rang. Certes, il avait déjà montré des signes de bravoure en aidant son frère dans son vœu de libérer Brian.
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Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.
Khoa học viễn tưởngEn 2027, voilà maintenant cinquante ans, les gouvernements de tous les états se sont unifiés. Ils dirigent ensemble une sorte de parlement, qui a décidé, à l'unanimité, que le progrès était néfaste pour notre société, et qu'il fallait donc l'abolir...