Chapitre 28 (1/2)

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Les choses les plus attendues arrivent souvent par surprise.


Point de Vue Hugo — 15 mars 2081

— Eydan ?! Eydan !

— Eydan ?!! Ta grand-mère t'appelle ! répétai-je.

Il ne répondit pas et ne descendit pas. Je dis à Nicole que je montais dans sa chambre et que j'allai le chercher. Elle acquiesça en sortant un plat du four. Je gravis les escaliers et je me dirigeai vers la chambre d'Eydan. Sa porte était ouverte et il était assis sur son lit, tenant son téléphone entre les mains, dos à moi. L'électricité était déjà revenue et cette maison ne faisait pas l'exception.

On se cachait encore tous les deux. Même si les mises à prix avaient été suspendues, provisoirement, nous nous méfions, nous savions que ça n'allait pas durer, nous attendions les ordres d'Angela. Elle voulait, à l'aide des taupes du gouvernement, faire une émeute et renverser Dpékan, mais pas tout de suite. Comme Nicole était une femme sans histoire, elle ne se faisait pas visiter par les forces de l'ordre, donc on pouvait aisément vivre ici. Lors des rares contrôles qu'elle avait pu recevoir chez elle, nous nous qui nous cachions dans un sous-sol, parfaitement invisible à l'œil nu.

C'est là également où s'organisaient les réunions des résistants. Il était accessible par les sous-sols et par une trappe dans la maison de Nicole. Cette maison était une aubaine. Elle l'avait acheté dès qu'elle avait eu des nouvelles de son petit-fils pour s'occuper de lui. Elle avait fini par le retrouver en remontant sa trace au sein des résistants. Elle avait recoupé chaque description, note laissée ou conversation échangée, pour parvenir jusqu'à notre groupe. Elle n'avait pas mis longtemps, grâce à son travail acharné et à sa bonne étoile, comme elle aimait le souligner. En effet, elle sentait que son petit fils était là, quelque part, en vie. C'était ce qui l'avait motivée dans ses investigations. Je souris, elle avait du cran.

Grâce à elle et à sa demeure, chaque mercredi, on se réunissait pour distribuer les vivres que nous envoyaient Lolita et d'autres taupes dans le gouvernement qui usaient de leurs privilèges pour nous mettre à l'abri du besoin. On partageait aussi les vêtements, les armes, les nécessaires de soin et pas mal d'autres choses.

Je m'approchai d'Eydan qui semblait perdu dans ses pensées. Je tentai de regarder par-dessus son épaule et je vis qu'il regardait une photo de Xena qui dormait sur une table, sûrement en plein cours. Cela me fit sourire, puis réagir. On était le quinze mars, jour anniversaire de la mort de Xena, cela faisait déjà un an qu'elle avait disparu.

— Eydan ?

— Fous-moi la paix !

— Nicole te demande en bas...

— Ça fait un an...

— Je sais, Eydan...

— Elle n'aurait pas dû mourir !

— Je sais... Personne n'aurait dû mourir, mais c'est ainsi...

— J'aurais dû l'arrêter...

— Même si tu avais essayé, tu n'aurais pas pu... Elle était déterminée à libérer Sarah...

— Même... J'aurais dû insister, l'empêcher de tenter ça toute seule, lui demander d'attendre une faille qu'aurait détectée le groupe !

— Arrête de t'en vouloir, je t'en prie...

— Comment ? C'était la dernière personne que je connaissais d'avant la GEE... La dernière qui me raccrochait à mon passé...

— Je comprends... Tu sais, je n'ai plus personne de proche d'avant la GEE non plus... Depuis que Victoire est morte, j'ai oublié tout ce qu'il y avait avant, comme si, pour m'empêcher de souffrir, mon esprit supprimait les souvenirs qui m'y rattachaient...

Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant