Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.

Chapitre 10 (2/2)

Les erreurs du passé sont les faiblesses de l'avenir.

Point de vue Victoire - ?? novembre 2077

Un jour, j'étais partie en voyage avec mes parents. Il y avait onze heures de voyage durant lesquelles je devais rester assise.

Ensuite, on a pas mal marché et cela n'a pas plu à mon genou. Après moultes examens : radios, IRM, EOS, scintigraphie osseuse (tout y était passé,) nous sûmes que j'avais fait un œdème osseux près de la patella. Seulement, ç'aurait pu s'arrêter là. Eh non ! J'avais depuis longtemps un syndrome d'Ehlers-Danlos – à vos souhaits, madame – qui signifiait un souci de collagène, une sorte de ciment du corps. Pour faire simple, os, tendons et autres vaisseaux sanguins se baladaient dans tous les sens, ce qui pouvait entraîner luxations, subluxations, entorses et autres crises de douleurs.

En plus de ça, je n'étais pas assez musclée ! Cependant, on ne l'apprit qu'après lesdits examens et des recherches approfondies sur tout un tas de sites spécialisés. Aussi j'avais un décalage du bassin, tout ça couplé avec des pieds plats, j'étais bonne pour la casse.

Je ris, mais stoppai net, car mes côtes étaient douloureuses, je levai ma main et la passai sur mon visage. Je serrai les dents pour éviter de crier et pour retenir mes larmes.

Soudain, en regardant le creux de ma paume, je vis une série de signes, je reconnus aussitôt le code que nous utilisions, autrefois, avec Paul. Ce fut comme un interrupteur, je commençai à me poser pas mal de questions. Comment ai-je pu en arriver là ? Le dernier souvenir que j'avais, c'était Paul qui me parlait, après ce fut le noir. Pourquoi étais-je à nouveau dans un hôpital ? Hôpital ! Non, je ne peux pas le croire qu'il m'avait abandonnée comme ça ! Qu'il avait pu me vendre à qui que ce pouvait être ! Dans une rage sourde, je me mis à le déchiffrer de mémoire :

« #1)75 :8'83 'c3#5 017) n +3 03!#3 @73 57 1# 43'9!!7 !9543 '9€3. 3'9753 'c3#5 543# 8/09451!5 €1!83) 5'1# 5497:3 7!3 !97:3))3 8€3!5853 V :1!3##1 /6)9#5, !9543 '97#8!3 851)83!!3, #-99533, 3! :1'1!'3# '-3z !97#. +973 )1, :8# )1 35 #745975 !c97;)83 01# @73 57 3# / »

Le crayon s'arrêtait là. Ne pas oublier que j'étais M ? M quoi ? Maniaque ? Malade ? Morte ? Il avait sûrement été surpris. En tout cas l'italien... Je ne le parlais pas ! Comment j'allais me débrouiller ? Je ne pus me poser la question plus longtemps, car un médecin rentra dans ma chambre d'hôpital.

Elle avait un certain charme avec sa peau couleur cacao, les fossettes au coin de ses joues et ses yeux rieurs. Ses lèvres se muèrent gracieusement et elle me salua.

— Je pense que tu ne me comprends pas, mais j'ai appris que tu étais muette aussi... Ne..

Muette ! C'était ça le M ! Je me souris intérieurement et me concentrai à nouveau sur le médecin.

— ... bien te soigner, poursuivit-elle. Je ne vais pas te faire mal... On n'a pas trouvé encore un interprète pour toi, mais ça ne saurait tarder... Surtout que je peux te sortir de là... Il suffit de hocher la tête pour me faire savoir si tu me comprends...

J'hésitais. Était-ce un piège ? Dans le doute, je penchai la tête sur le côté, feignant l'incompréhension et l'état comateux que j'avais eu quand on m'avait shootée – enfin ce dont je me souvenais – ma mémoire défaillait à ce moment-là.

Elle ne dit rien et s'en alla. Je me reposais sur mes oreillers, le sommeil me reprenant peu à peu. J'avais mal, mais j'avais tellement envie de dormir avant. Avant quoi ? Je divaguai. Paul me manquait.

Et les filles aussi. Lolita et les filles du pin vert, avec qui j'ai noué une amitié particulière depuis deux ans maintenant.

Je les avais connues un peu après Lolita, elles se rejoignaient toutes près d'un banc sous un sapin. Et une fois où ma meilleure amie était malade, je les avais vues, elles. Timide, je les regardais de loin, puis une d'entre elle s'avança et me prit par la taille. Xena. Xena Rio. Son nom claque encore sur ma langue. Ça avait un côté espagnol. Je me souvenais de son sourire, et de son rire, surtout.