Chapitre 34 (2/2)

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Il y a des règles, mais les gens trouvent toujours moyen de les contourner. Il en va de même pour les lois. Un vrai dirigeant doit le comprendre, et être prêt à tirer profit de chaque situation.


Point de Vue Victoire – 25 avril 2081

Lorsque je me réveillai, j'avais encore changé de salle, moins colorée ; teinté d'un gris pâli par les ans. Or, cette fois-ci, j'avais une fille qui se tenait à mes côtés, occupée sur ses notes plutôt qu'à me regarder. J'étais, dans un fauteuil, branchée de toutes parts, un bip bip régulier qui provenait d'une vieille machine prenant mon pouls, j'avais un masque à oxygène sur le visage, relié à une bonbonne et un cathéter au bras alimenté par une poche d'un liquide clair. Bizarre, puisque nous prenions désormais les constantes par des scanners. Peut-être que je ne méritais pas ce traitement de faveur. Enfin, faveur, c'était un bien grand mot, en définitive, parce que, bon sang, où étais-je encore ? Une nouvelle fois, une salve de questions m'assaillait. Déjà, qu'est-ce qu'il s'était passé ?

J'avais un vague souvenir d'une douleur à la tête. M'avait-on tiré dessus ? Non, peu probable, sinon je ne serais pas en vie. Et, en admettant que j'avais survécu par une magie mystérieuse, j'aurais encore la douleur, sauf si j'étais sous morphine ou un autre de ces calmants. Peut-être était-ce qu'on m'inoculait par voie artérielle ? Pourtant, je connaissais ces effets à cette p*tain de drogue maintenant. Après y avoir goûté de force pendant un de mes nombreux séjours dans les établissements de Dpékan, je pouvais affirmer que ce n'était pas ça qui pouvait couler dans mon sang.

Une autre drogue alors ? Peut-être un dérivé d'opiacé ? Toutefois, malgré le fait que je ne sentais rien de mon possible mal de crâne, je ne me sentais ni vaseuse, ni fatiguée. Une drogue stimulante ? Un psychotrope ? J'étais un peu perdue par rapport à ça... Je m'emballais peut-être un peu trop, non ? Ou alors c'était une nouvelle drogue, inventée spécialement pour moi...

Ça, ou j'avais inventé cette douleur ? Dans ce cas, je devais me souvenir ! Sur le pourquoi j'étais encore chez Dpékan, ça, c'était parce qu'il s'était donné comme mission de me faire souffrir. Ah ! La voilà la partie manquante de l'histoire. Ram était mort... par ma faute en plus ! Je n'avais pas obéi comme pour les autres. Bon, ce n'était pas entièrement ma faute puisque mon ami avait tenté de me tuer pour que je n'achève pas ma sale besogne, mais le fait était là. Je cherchais en moi assez d'énergie pour pleurer mon ami, mais l'insidieuse douleur de sa perte me bloquait totalement. Je ne pouvais que me rappeler des bribes de sons que j'avais perçus.

Pourquoi Dpékan avait changé de plan pour Ram ? Pourquoi n'avais-je pas lu ce foutu bouquin ? Avait-il une signification particulière ? C'était non négligeable, cet ami avait été précieux à mon cœur, mais de là à changer une procédure méthodique ? Il était vrai qu'il avait tenté de me tuer. Dpékan avait-il paniqué pour ordonner cet acte simple ? Je m'attendais à quelque chose de plus impressionnant de sa part. Avais-je trouvé une faille dans son système ?

Et si, pour m'enfuir de ce m*rdier, il suffisait de demander à mes amis d'essayer de me tuer ? Certes, Dpékan se chargerait d'en faire de même avec eux, mais je me retrouverais à nouveau ici et je pourrais tenter de m'enfuir. Je bougeai un peu, ne pouvant pas encore parler. La fille, habillée d'une blouse blanche sur un jean et un haut quelconque, se tourna vers moi quand elle entendit la chaise grincer.

« Pour la discrétion, tu repasseras Victoire ! » me fustigeai-je. Néanmoins, elle avait l'air très gentille, faisait-elle partie du bon côté ? Je l'espérais de tout cœur. Je la détaillai : elle était blonde aux yeux bleus et portait des lunettes rectangulaires. Elle me sourit. Déjà un bon point en sa faveur !

— Ah ! Tu es réveillée ! s'exclama-t-elle. Tu sais, on s'est fait vraiment du souci ! Ça faisait pratiquement quatre jours que tu ne réagissais plus aux stimuli que l'on t'envoyait. Il a dit qu'il ferait plus attention la prochaine fois : il ne veut pas que ça dégénère à nouveau et te perdre pour de bon.

Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant