Chapitre 6 (1/2)

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Il n'est point d'impasse là où on peut faire marche arrière.


Point de Vue Paul — 22 octobre 2077

Elle me repoussa vivement, ses yeux lançant presque des éclairs, visiblement encore remontée contre moi. C'était normal, après tout : elle devait me juger responsable de tout ce qui lui était arrivé. De notre rupture jusqu'à son enfermement. Mon geste avait été désespéré. Je lui proposai de s'asseoir sur les coussins qui jonchaient le sol, ce qu'elle fit bien volontiers. Jusque-là, je ne savais pas encore si je la reverrais un jour et, là, l'avoir face à moi avait fait remonter tout un flot d'émotions. Même si je m'étais excusé, je savais que ce serait long avant qu'elle aussi retrouve les sentiments qu'elle avait à mon égard. À part la colère, la haine et le dégoût, je ne pouvais déceler aucune émotion sur son visage.

Mais je comprenais qu'elle soit ainsi, il lui fallait un bouc émissaire. À cause de mon père, j'avais brisé notre couple ainsi que la confiance qu'elle avait placée en moi. Je me détestais pour cela et je le détestais. Depuis ces derniers temps, je ne le reconnaissais plus. Il avait des sautes d'humeur assez importantes, passant de la joie extrême à la colère la plus froide. Bon sang, parfois, il me faisait même peur.

Quand Dpékan avait été élu à l'unanimité par les Français, on avait fêté ça en grandes pompes, dans son entreprise même. Au début, je n'avais pas bien compris pourquoi il m'avait demandé de venir en stage chez lui, sachant qu'on ne devait pas en faire en seconde, mais il avait insisté, disant que cela me forgerait lorsque je reprendrai l'entreprise. Il savait pertinemment que je ne voulais pas le faire, mais je m'étais dit que d'ici que j'atteigne l'âge de le faire, il serait devenu sénile. Il m'avait eu très tard, vers la cinquantaine.

J'avais bien aimé le premier jour, Père m'avait vraiment montré comment son entreprise fonctionnait, mais ce n'était qu'une façade. En réalité, il blanchissait de l'argent. La révélation me fit un choc, mais ce n'était rien en comparaison de celles qui suivirent. La première, c'était de me séparer de Victoire par tous les moyens que j'avais. Ensuite, de signer un contrat qui stipulait que je ferai tout ce dont mon père avait besoin et, surtout, de rencontrer la fille de son patron. Sauf que je la connaissais déjà. J'avais déjà entendu un appel téléphonique de Père.

— Bien sûr, M. Dpékan, vous aurez les voix de mes concitoyens.

— ...

— Qu'est-ce donc ?

— ...

— Ce ne sera pas un problème, je crois qu'il connaît déjà Ilona. Il me semble qu'ils étaient ensemble en...

— ...

— Oui.

— ...

— Bien, monsieur.

— ...

— Au revoir.

J'avais appris que la fille du patron de mon père était Ilona et que ledit père était le dirigeant actuel de France. À cette période, je ne pensais pas que mon père puisse tremper dans des affaires sales. Pire, qu'il m'y inclurait. Parce qu'il a bien fallu que j'accepte. En même temps, je ne pouvais pas refuser le salaire qu'il me proposait. En effet, il avait retrouvé ma mère, après de longues années à vivre sans elle car elle était partie juste après ma naissance, me confiant à mon père sans donner de raison. Aujourd'hui, il voulait et pouvait enfin me dire où elle était, en contrepartie, je devais lui obéir. Si je refusais ou si je dérogeais à un de ses ordres, il me répudierait et m'empêcherait de recommencer à lui désobéir.

Victoire Ou Comment Survivre En Milieu Hostile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant